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Déclarée «site fermé», la zone devient inaccessible aux civils et aux activités commerciales. L’objectif affiché : endiguer les risques sécuritaires et les activités illégales qui prolifèrent dans ce couloir poreux où s’entremêlent trafics de subsistance, contrebande et incursions terroristes. Mais au-delà du vernis diplomatique, ce qui se joue ici est bien plus profond qu’un simple renforcement sécuritaire : c’est un tournant géopolitique majeur, aux répercussions directes sur le Polisario, son faiseur algérien et l’ensemble de l’équation sahélienne.
Lebreika n’est pas une zone anodine. C’est un point névralgique — discret mais capital — pour les séparatistes du Polisario, qui l’utilisent depuis des années comme passage vers la Mauritanie, puis vers les zones tampons du Sahara marocain. C’est à travers cette brèche que s’opérait une bonne partie des tentatives d’infiltration menées par les groupes armés séparatistes, déguisés parfois en contrebandiers ou en nomades.
La fermeture de cette zone change la donne. Elle coupe la principale artère du mouvement clandestin entre les camps de Tindouf et la profondeur sahélienne. C’est une rupture d’oxygène pour le Polisario, un isolement soudain qui l’enferme dans sa propre impasse stratégique.
Cette route permettait aux séparatistes de s’approcher des lignes de défense marocaines pour tenter des attaques éclair qui échouaient systématiquement : l’armée marocaine, en état d’alerte permanente et dotée de moyens technologiques de pointe, intercepte et neutralise toute tentative hostile avant même qu’elle ne constitue un danger réel. Mais aujourd’hui, c’est le point de départ même de ces incursions qui est neutralisé. Il ne s’agit plus de contenir les menaces contre le Sahara marocain, mais d’observer celles-ci s’éteindre d’elles-mêmes faute de terrain et de relais.
La position mauritanienne mérite ici une lecture fine. Officiellement, Nouakchott n’a jamais voulu s’impliquer dans le conflit du Sahara, adoptant une neutralité prudente. Mais cette neutralité, depuis quelques années, a évolué vers une forme de neutralité active et pragmatique, guidée par des impératifs de sécurité intérieure et de stabilité régionale.
Le nord-est mauritanien est une zone sensible, où se croisent tribus, routes informelles, trafics divers et velléités d’expansion de groupes armés. En fermant Lebreika, Nouakchott ne se contente pas de contrôler un territoire : elle barricade une faille sécuritaire, ferme la porte aux infiltrations incontrôlées et envoie un signal fort à ses voisins.
En réalité, cette décision répond aussi à une logique de consolidation des relations bilatérales avec le Maroc, son partenaire stable, fiable, respectueux des équilibres régionaux, et acteur central de la lutte contre le terrorisme transfrontalier. Il ne faut pas s’y tromper : si la Mauritanie agit, c’est aussi parce qu’elle sait que la paix et le développement de la région passent par une convergence stratégique avec Rabat, et non par une connivence passive avec les agendas des galonnés algériens et leurs pantins polisariens.
L’Algérie, en parrain officiel du Polisario, voit l’un de ses derniers leviers d’influence régionale se désintégrer. Depuis plus de quatre décennies, Alger entretient — à coup de logistique, de propagande et d’alliances idéologiques — un conflit artificiel. Mais les temps ont changé. La communauté internationale évolue, les soutiens s’érodent, et les faits, sur le terrain, désavouent la fiction séparatiste.
Le Polisario, désormais confiné, sans légitimité populaire, sans perspectives politiques, s’effondre peu à peu sous le poids de son inutilité géopolitique et de son isolement stratégique. Il ne survit plus que par l’agitation, l’espoir illusoire de soutiens extérieurs et une victimisation constante, qui ne trompe plus personne.
Le Maroc, lui, apparaît comme le seul pôle de stabilité, de cohérence et de projection régionale. Son ancrage institutionnel, son appareil militaire redoutable, sa diplomatie agile et son offre économique le placent à l’avant-garde d’un nouveau Maghreb en construction.
Le Royaume ne cherche pas la confrontation, mais l’intégration. Il ne prône pas l’agitation, mais la coopération. Et surtout, il n’impose pas de solutions idéologiques : il propose des partenariats concrets, fondés sur la sécurité, l’interconnexion économique et la confiance mutuelle.
La reconnaissance internationale de plus en plus marquée de la marocanité du Sahara, les ouvertures de consulats étrangers à Laâyoune et Dakhla, le développement spectaculaire des provinces du Sud, illustrent une vérité simple : le Maroc ne défend pas une position, il incarne une réalité.
En somme, ce que la Mauritanie a fait en fermant la zone frontalière de Lebreika, ce n’est pas seulement bloquer un passage : c’est tourner une page. C’est accepter que la stabilité du Maghreb passe par la reconnaissance des équilibres réels, par l’éradication des groupes terroristes et par la fin de l’instrumentalisation politique des conflits artificiels.
La guerre des positions cède peu à peu la place à la diplomatie des faits. Et dans cette réalité nouvelle, le Sahara marocain est plus que jamais un pivot, non un enjeu. Le Maroc a su s’adapter à cette nouvelle donne. L’Algérie et le Polisario, eux, restent figés dans un passé révolu. Et comme souvent dans l’Histoire, ce sont ceux qui refusent de changer qui finissent balayés.
Mehdi Ouassat
Alors que le soutien régional des séparatistes du Polisario s’effrite, une autre bataille, tout aussi décisive, se joue désormais sur le front diplomatique et sécuritaire international : la désignation du Polisario comme organisation terroriste.
Un tournant majeur s’annonce, porté notamment par une prise de conscience grandissante aux Etats-Unis. Dans un article publié par The Daily Signal, Robert Greenway, ancien haut conseiller à la sécurité nationale, et Amine Ghoulidi, spécialiste des dynamiques sahéliennes, lancent un appel direct à Washington : il est temps de cesser de fermer les yeux sur la nature réelle du Polisario. Intitulée « Pourquoi les Etats-Unis doivent affronter le proxy terroriste qu’est le Front Polisario», leur tribune dresse un réquisitoire implacable.
Les auteurs évoquent une menace hybride qui dépasse largement les revendications indépendantistes. Le Polisario, selon eux, s’est métamorphosé en acteur d’une économie de guerre, mêlant trafics transfrontaliers, coopération avec des groupes jihadistes et usage d’armement de pointe, dont des drones iraniens. Les couloirs logistiques qu’il contrôle croisent désormais ceux de groupes affiliés à AQMI ou à l’Etat islamique au Sahel.
Le point de bascule ? Le retrait unilatéral du Polisario de l’accord de cessez-le-feu en novembre 2020, suivi d’une reprise des hostilités contre le Maroc, couplée à des menaces explicites contre des intérêts étrangers. Une escalade orchestrée depuis les camps de Tindouf, en territoire algérien, transformés en véritable sanctuaire militarisé, financé et protégé par Alger.
Les auteurs rappellent également des précédents graves : en 1988, deux avions de l’USAID ont été abattus par des missiles polisariens, tuant cinq Américains. Aucune sanction n’avait suivi à l’époque. Aujourd’hui, une proposition de loi introduite par le membre de la Chambre des représentants des Etats-Unis, Joe Wilson, pourrait changer cela en classant officiellement le Polisario parmi les organisations terroristes étrangères. Ce serait un signal fort, mettant fin à des décennies de complaisance stratégique.
Le risque, avertissent Greenway et Ghoulidi, est clair : à la confluence du Maghreb et du Sahel, aux portes du détroit de Gibraltar, se développe un écosystème criminel qui alimente les insurrections armées et mine la stabilité d’une région cruciale pour la sécurité de l’Europe et de l’OTAN.
A l’heure où la Mauritanie verrouille ses frontières et où le Maroc neutralise militairement les menaces, le moment est venu pour la communauté internationale, et les Etats-Unis en tête, de reconnaître ce que les faits démontrent : le Polisario n’est pas un acteur politique, c’est une organisation armée enracinée dans le terrorisme régional.