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La Côte d’Ivoire veut transformer son or gris


Jeudi 7 Juin 2018

“L’or gris”, la noix de cajou ou anacarde, est désormais considéré comme “un produit stratégique” par la Côte d’Ivoire. Première productrice mondiale, elle ambitionne de transformer la moitié de sa production d’ici à 5 ans afin d’accroître ses revenus et offrir de l’emploi à ses jeunes.
“Nous avons démontré que nous savons produire, maintenant il reste à démontrer que nous savons vendre et que nous savons surtout transformer”, explique à l’AFP Adama Coulibaly, le directeur du Conseil coton-anacarde (CCA), qui gère la filière.
Le pays, également leader mondial du cacao, qui représente 50% de ses recettes d’exportation, a vu sa récolte de noix de cajou doubler en cinq ans, passant de 380.000 (2013) à 711.000 tonnes (2017), soit 22% de la production mondiale.
La campagne qui doit s’achever d’ici à fin juin prévoit une production de 750.000 tonnes, dont seulement 6% sont transformées localement.
Puissance agricole régionale, la Côte d’Ivoire veut inverser la tendance. “C’est dans la transformation que réside la vraie valeur ajoutée (...) qui peut générer les emplois. La Côte d’Ivoire ne peut pas se permettre d’être un pays exportateur (uniquement) de produits bruts”, a expliqué M. Coulibaly, qui a reçu l’aide de la Banque mondiale en mars.
L’institution a annoncé l’octroi d’un milliard de dollars de financements à la Côte d’Ivoire pour son développement, notamment pour l’agriculture dont 200 millions de dollars pour appuyer des projets de transformation de l’anacarde.
Fort de ces appuis financiers, le pays prévoit dans les cinq ans d’atteindre “50% de la transformation et 80% dans les dix prochaine années”.
Le gouvernement va créer quatre zones industrielles destinées à la transformation à Bouaké (centre), Korhogo (nord), Bondoukou (est) et Séguéla (nord-ouest).
“Il s’agit de zones industrielles, viabilisées, stabilisées. Des plateformes totalement aménagées disponibles dès 2019. L’industriel vient avec son plan et s’installe. Il n’aura pas de problèmes fonciers à régler, ni d’électricité ou d’eau”, a expliqué M. Coulibaly.
Cet ambitieux projet montre l’intérêt croissant pour la noix, qui était autrefois une culture marginale avant de devenir une filière soutenue par l’Etat.
De 80.000 t dans les années 1990, la production a été multipliée par dix, résultat d’une réforme gouvernementale intervenue en 2013, garantissant un prix d’achat aux cultivateurs de noix de cajou, à travers un système de “prix plancher”.
Kouadio Djédri, planteur à N’Zéré, près de Yamoussoukro (centre), est l’illustration de cette success-story.
“J’ai débuté la culture d’anacarde, il y a 20 ans, le produit s’achetait à 50 francs CFA (7 cents d’euros) le kilo. D’une récolte de 200 kg à mes débuts, j’ai réalisé cette année (2018) 13 tonnes pour un prix d’achat de 500 francs CFA (0,76 euro) le kg”, se réjouit le sexagénaire.
Egalement chef du village de N’Zré, M. Djédri, qui exploite une plantation de 11 hectares et va en lancer une autre de 13 ha, est persuadé du bel avenir de la filière.
“Je dis aux jeunes: faites la culture d’anacarde. C’est une culture rentable grâce à laquelle j’arrive à scolariser mes enfants” lance-t-il. “Au gouvernement, je demande de créer de petites unités de transformation à proximité des grandes zones de production afin de couper l’herbe sous le pieds des acheteurs véreux”.
La noix de cajou donne parfois lieu à de la spéculation avec de la contrebande vers les pays voisins ou des achats sous le prix fixé par l’Etat. Le pays a récemment renforcé son arsenal juridique pour lutter contre le phénomène qui touche aussi le cacao.
 “Nous estimons le manque à gagner entre 20 et 50.000 tonnes” par an, a reconnu M. Coulibaly, estimant que le cajou est “victime de son succès”.
Le secteur compte 250.000 producteurs regroupés dans une vingtaine de coopératives et emploie 1,5 million de personnes, directement ou indirectement.
“Aujourd’hui la culture de l’anacarde permet d’irriguer les régions Centre et Nord financièrement. Cela est extrêmement important pour le gouvernement dans sa lutte contre la pauvreté endémique dans ces zones” explique l’économiste ivoirien Yves Ouya.
Pour l’heure, le pays ne dispose que d’une dizaine d’unités de transformation.


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