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Le nouveau président du Rassemblement national des indépendants (RNI) a été l'invité de marque de l'émission Hiwar dans la soirée du 2 février sur le plateau de la première chaine nationale. A la lumière de son élection, le samedi 23 janvier dernier, à la tête de l'un des partis les plus importants du pays, tout observateur peut remarquer que l'on va vite en besogne, que l'on assiste à une volonté confirmée de procéder à une rapide régularisation du champ politique, par la mise en place de ce leadership, probablement au détriment d'autres forces politiques. Et plusieurs acteurs, notamment, continuent à se demander si cette harmonisation soutenue à l'endroit d'une conjoncture houleuse et trouble après la phase dite de ''correction'' vécue par ce parti, ne correspond pas à un agenda dont les contours semblent déterminer les échéances 2012. C'est une question, mais rien n'est moins sûr.
Cette séquence mouvementée s'est achevée, comme chacun sait, par une adhésion symbolique du Souverain, à la suite de l'envoi, à l'un et à l'autre des compétiteurs, d'un télégramme de félicitations .Certains y ont cru voir l'envie , aux plus hauts lieux de l'Etat, de mettre un terme à une discorde porteuse de signes déstabilisateurs . Par exemple, ces révélations tapageuses d'un Mustapha Mansouri sur d'hypothétiques médiations qu'il avait lui-même entreprises auprès des agents de l'autorité publique pour faire admettre quelques-uns de ses poulains dans le secret et le prestige des élus. Venant de la part du président de la première Chambre, cette extravagance à vouloir vite cracher le morceau ne convient ni au profil de l'auteur de cette sortie ni à la circonstance. Le respect des convenances ne doit-il pas être l'apanage de ceux qui président au fonctionnement des instances stratégiques de l'Etat ?
Dans le sens de ces enjeux complexes , où les manipulations et les chantages ont eu leur lot de manifestation, la prestation télévisée de Hiwar peut donc se définir comme une occasion de restituer une cohérence aux débordements entretenus par des ambitions outre-mesure .Une sorte d'expression supplémentaire de crédibiliser une option partisane en difficulté en lui offrant le cadre et l'opportunité de se prononcer sur l'aboutissement de cette nouvelle perspective ; et ce par l'explicitation publique de son projet et de son système futur de gouvernance.
Or il est plausible de souligner, de suite, que Salaheddine Mezouar s'en est acquitté avec une adresse remarquable. Adresse sûre d'elle-même, qui sait où elle va, apparemment sereine et apaisée, bien qu'elle ait laissé planer sur le chapitre des alliances et sur le mode de gestion organisationnelle l'ombre d'une opacité problématique. Cette dernière se décline, on peut le vérifier, de profession de foi prématurée qui réfère à des profils de partenaires incertains ainsi que d'une conviction de terrain relative aux résistances qu'engendre tout discours de réaménagement structurel, tout projet de réforme institutionnelle. Il est temps d'aller dans le vif du débat.
Celui-ci, en effet, se déroule dans un circuit restreint : une disposition en cercle qui met, selon le mouvement de la caméra, Mustapha Alaoui au centre, Salaheddine Mezouar légèrement à gauche de l'animateur; Abdallah El Kouzi (journaliste), Youssef Hajili (journaliste) et Mohamed Ait Rkine (professeur universitaire à Settat) à droite. La prise de parole n'obéit pas à une distribution particulière mais se conçoit comme une fonction des décisions de l'animateur. Celui-ci ,malgré le cumul des expériences dans le genre, n'est pas encore parvenu à inscrire nettement la distance nécessaire entre son statut et le rôle imparti aux intervenants .En voulant assumer les deux à la fois , il crée parfois des situations conflictuelles où chacun s'estime un peu lésé ; injustement désavantagé par le partage du discours .Toutefois, il faut reconnaître que tout débat télévisé ne peut être confondu à un moule rigide et terne , que l'exigence de souplesse a son prix , que l'on doit faire avec. ''Ecart'' qui ne manque pas d'un certain charme qui double l'atmosphère du spectacle d'une hilarité récréative où chacun trouve son plaisir : acteurs et spectateurs, évidemment.
Le débat évolue à un rythme ternaire qui module l'interaction entièrement en faveur de l'invité de Hiwar. La chose peut paraître étonnante mais c'est un fait. La cause en est que Salaheddine Mezouar a su, un concours de circonstances verbales aidant, adroitement réduire ses trois interlocuteurs en une sorte de ''coalition argumentative'' qui trouve difficilement les moyens de se dégager d'une posture ''paresseuse'' et équivoque .Il s'agit d'une neutralisation du ''tonus offensif'' qui tranche sur l'orientation du débat. Celui-ci prend ainsi la forme de trois pôles distinctifs d'émission de parole : l'animateur, l'invité et les interlocuteurs désignés à tenir tête au nouveau président du RNI … qui ne renonce pas à son titre d'argentier du Royaume lorsqu'il s'agit de défendre les acquis du gouvernement Abbas El Fassi. Cette articulation à trois niveaux procède d'une erreur tactique survenue dans les plis de la première question-piège en rapport avec le chantier de la presse. Or, le discours sur la presse comporte des surprises, parfois des risques, tant qu'on n'est pas arrivé à le dépassionner, à le laver de la suspicion, de l'angoisse légitime qui le traverse. Ce soir, à notre avis, les deux journalistes, par manque de contrôle de leurs locutions, ont témoigné de leur déficit d'ouverture au débat sur une question qui les touche directement ; bizarre non ? Et plus grave, ils donnent l'impression qu'ils sont représentatifs de l'opinion d'un secteur stratégique dans l'encadrement des citoyens !
Bien sûr, il faut les comprendre, les écouter, partager la force de leur émotion. Mais la pratique de leur métier, à notre sens, relève du cadre politique et ne peut s'en départir ou en constituer une rupture désastreuse. Puisque dire, sans nuance, que les journalistes n'ont pas besoin de recevoir de leçons des politiques, se demander brutalement où étaient les parlementaires au moment où des journalistes ont été traduits devant la justice, ne résout pas les problèmes où patauge le journalisme marocain. Au contraire ! Même si cela était vrai, cette position envenimerait davantage les relations et répondrait à des attentes qui pourraient ne pas être du domaine du journalisme. Celui-ci a besoin, à notre sens, d'une action syndicale solidaire, mûre et performante pour se faire entendre, proposer une alternative au blocage actuel en vue d'élaborer une vision qui ne souffre point d'amalgame. Puis la justice n'est pas un juge ; ou des juges ! Car dire, aussi, et de manière crue et irréfléchie, devant l'opinion publique, que notre justice ''est pourrie et corrompue'' est lourd de signification, comme cela peut paraitre louche. Car quel est le journaliste, responsable et intelligent, qui drainerait d'un seul coup, à ses trousses, les pouvoirs législatif et judiciaire ? A qui profiterait cet égarement ?
L'assertion, on l'a vu à Hiwar n'a pas eu de suite ni de commentaire ! Sauf un appel discret à l'ordre par Salaheddine Mezouar. C'est cette hauteur de vue, acquise de par sa mission politique, jointe à la solidité de sa formation qui lui donne une totale maîtrise de cet échange public et lui permet de mettre, haut la main, l'interaction dans la poche. Toujours vis-à-vis de cette tournure malheureuse, M. Ait Rkine, qui mesure bien la portée politique des mots, n'en a rien dit alors que le silence, comme on dit chez nous, est signe de consentement. Quel embarras ! Il se replie alors dans une morosité inhabituelle qui l''implique'' dans le concert de cette ''rébellion tonitruante''. Mustapha Alaoui, n'a pas pipé mot. Mais, lui, il a son questionnaire pour se prémunir contre les aléas du discours !
Il est louable que Salaheddine Mezouar ait daigné traiter avec toute la franchise requise, de la question épineuse de la presse traçant pertinemment les espaces respectifs de la liberté et de la responsabilité. Et les lignes rouges ont été consciencieusement évoquées. Simplement, nous ne savons pas pourquoi, notre ministre, suffisamment informé sur la question n'a pas osé soulever la question de certaines lignes éditoriales nationales qui puisent, d'un ailleurs aux antipodes de notre projet de société, les produits d'un encadrement contre la vocation, l'esprit même de notre identité. A cet égard, nous ne voyons pas, au Maroc, l'utilité des écrits qui renseignent sur les détails des litiges organisationnels du mouvement international des Frères musulmans ni la nécessité de mettre en exergue des portraits des symboles du jihad afghan. Ce dosage méticuleux et quotidien d'un type d'information, répond à quel besoin ? Venir après nous dire qu'on boycotte l'initiative des groupes parlementaires risque, dans ce cas, de se retourner contre les instigateurs de ce nihilisme d'un autre âge. Une autre question, quel groupe parlementaire s'est-il opposé à ce que les séances du débat aient lieu dans la Chambre des plénières? Il y a là d'étranges recoupements qui trahissent des résistances politiques anormales comme si l'on était sur le point de mettre la main sur quelque chose d'alarmant. Simple velléité d'écriture !
Le reste du débat se focalise pour l'essentiel sur l'idéologie libérale, l'avenir organisationnel du RNI, les alliances .Pour ce dernier point et par rapport au Parti de la Justice et du Développement (PJD), on a souligné, à raison, qu'il n'était pas sage d'isoler ce parti et d'en faire une sorte d'instance indésirable. Mais le rappel de l'instrumentalisation de la religion pour reconquérir l'espace politique est judicieux .Il doit être sérieusement pris en considération- c'est nous qui soulignons- par le pouvoir politique. Car il est question ici d'un triste phénomène, d'une franche déviation politicienne qui fausse la compétition politique. Autrement dit, seul l'Etat doit conserver la latitude et l'appréciation de superviser les surenchères qui interviennent à ce sujet.
L'alliance avec l'USFP, à notre sens, n'est pas tributaire d'un choix à une seule dimension et c'est encore très tôt de soulever la question. Ce parti a une forte identité et c'est le connaître mal que de prétendre qu'une force politique partenaire serait capable de le vider de sa substance .Les décisions de ce niveau, ne se prennent pas de cette manière, c'est-à-dire qu'il ne suffit pas qu'une force politique le souhaite(RNI) pour qu'il en soit ainsi. Actuellement il y a au sein de l'USFP, une redynamisation qui ne se préoccupe pas de ces aspects de la politique nationale. D'ailleurs, même si le discours de Salaheddine Mezouar, à ce propos, cible la mise en confiance de ses militants , les questions à l'ordre du jour, les contraintes prioritaires, chez les Ittihadis , sont d'une autre nature . Cependant, c'est une réjouissance authentique et un vrai bonheur pour les socialistes que de se voir sollicités, courtisés par la plupart des acteurs politiques et c'est tout à leur honneur si les forces politiques nationales se définissent par rapport à leur projet politique. ..
A Hiwar, Salaheddine Mezouar a bien montré qu'il est un homme de débat. Toutefois, il faudrait attendre encore les mois qui viennent pour voir s'il est capable de mettre en œuvre ses idées généreuses .Car le RNI, on sait un peu comment ça marche, par la force de l'habitude : une sempiternelle léthargie et une machine électorale qui, une fois les échéances accomplies, on ferme la boutique et on attend les prochaines élections. Et dans les débats publics, malheureusement, c'est ce côté électoraliste et opportuniste qui a le dessus. Parler politique revient à toujours traiter des alliances à la commune, au Parlement, au gouvernement. L'action syndicale, la société civile, la culture, la place publique comme voix de l'Agora pour la noble confrontation des idées, le rapport à l'Autre, l'encadrement de la jeunesse, le sens du devoir, de la responsabilité, la poésie, l'amour des valeurs du pays, du terroir … ceci pour beaucoup n'est pas de la politique ! Et c'est ainsi qu'on est en train d'enterrer les principes fondateurs de cette philosophie sociale.
C'est pour quand la rupture avec ce modèle ?!
Cette séquence mouvementée s'est achevée, comme chacun sait, par une adhésion symbolique du Souverain, à la suite de l'envoi, à l'un et à l'autre des compétiteurs, d'un télégramme de félicitations .Certains y ont cru voir l'envie , aux plus hauts lieux de l'Etat, de mettre un terme à une discorde porteuse de signes déstabilisateurs . Par exemple, ces révélations tapageuses d'un Mustapha Mansouri sur d'hypothétiques médiations qu'il avait lui-même entreprises auprès des agents de l'autorité publique pour faire admettre quelques-uns de ses poulains dans le secret et le prestige des élus. Venant de la part du président de la première Chambre, cette extravagance à vouloir vite cracher le morceau ne convient ni au profil de l'auteur de cette sortie ni à la circonstance. Le respect des convenances ne doit-il pas être l'apanage de ceux qui président au fonctionnement des instances stratégiques de l'Etat ?
Dans le sens de ces enjeux complexes , où les manipulations et les chantages ont eu leur lot de manifestation, la prestation télévisée de Hiwar peut donc se définir comme une occasion de restituer une cohérence aux débordements entretenus par des ambitions outre-mesure .Une sorte d'expression supplémentaire de crédibiliser une option partisane en difficulté en lui offrant le cadre et l'opportunité de se prononcer sur l'aboutissement de cette nouvelle perspective ; et ce par l'explicitation publique de son projet et de son système futur de gouvernance.
Or il est plausible de souligner, de suite, que Salaheddine Mezouar s'en est acquitté avec une adresse remarquable. Adresse sûre d'elle-même, qui sait où elle va, apparemment sereine et apaisée, bien qu'elle ait laissé planer sur le chapitre des alliances et sur le mode de gestion organisationnelle l'ombre d'une opacité problématique. Cette dernière se décline, on peut le vérifier, de profession de foi prématurée qui réfère à des profils de partenaires incertains ainsi que d'une conviction de terrain relative aux résistances qu'engendre tout discours de réaménagement structurel, tout projet de réforme institutionnelle. Il est temps d'aller dans le vif du débat.
Celui-ci, en effet, se déroule dans un circuit restreint : une disposition en cercle qui met, selon le mouvement de la caméra, Mustapha Alaoui au centre, Salaheddine Mezouar légèrement à gauche de l'animateur; Abdallah El Kouzi (journaliste), Youssef Hajili (journaliste) et Mohamed Ait Rkine (professeur universitaire à Settat) à droite. La prise de parole n'obéit pas à une distribution particulière mais se conçoit comme une fonction des décisions de l'animateur. Celui-ci ,malgré le cumul des expériences dans le genre, n'est pas encore parvenu à inscrire nettement la distance nécessaire entre son statut et le rôle imparti aux intervenants .En voulant assumer les deux à la fois , il crée parfois des situations conflictuelles où chacun s'estime un peu lésé ; injustement désavantagé par le partage du discours .Toutefois, il faut reconnaître que tout débat télévisé ne peut être confondu à un moule rigide et terne , que l'exigence de souplesse a son prix , que l'on doit faire avec. ''Ecart'' qui ne manque pas d'un certain charme qui double l'atmosphère du spectacle d'une hilarité récréative où chacun trouve son plaisir : acteurs et spectateurs, évidemment.
Le débat évolue à un rythme ternaire qui module l'interaction entièrement en faveur de l'invité de Hiwar. La chose peut paraître étonnante mais c'est un fait. La cause en est que Salaheddine Mezouar a su, un concours de circonstances verbales aidant, adroitement réduire ses trois interlocuteurs en une sorte de ''coalition argumentative'' qui trouve difficilement les moyens de se dégager d'une posture ''paresseuse'' et équivoque .Il s'agit d'une neutralisation du ''tonus offensif'' qui tranche sur l'orientation du débat. Celui-ci prend ainsi la forme de trois pôles distinctifs d'émission de parole : l'animateur, l'invité et les interlocuteurs désignés à tenir tête au nouveau président du RNI … qui ne renonce pas à son titre d'argentier du Royaume lorsqu'il s'agit de défendre les acquis du gouvernement Abbas El Fassi. Cette articulation à trois niveaux procède d'une erreur tactique survenue dans les plis de la première question-piège en rapport avec le chantier de la presse. Or, le discours sur la presse comporte des surprises, parfois des risques, tant qu'on n'est pas arrivé à le dépassionner, à le laver de la suspicion, de l'angoisse légitime qui le traverse. Ce soir, à notre avis, les deux journalistes, par manque de contrôle de leurs locutions, ont témoigné de leur déficit d'ouverture au débat sur une question qui les touche directement ; bizarre non ? Et plus grave, ils donnent l'impression qu'ils sont représentatifs de l'opinion d'un secteur stratégique dans l'encadrement des citoyens !
Bien sûr, il faut les comprendre, les écouter, partager la force de leur émotion. Mais la pratique de leur métier, à notre sens, relève du cadre politique et ne peut s'en départir ou en constituer une rupture désastreuse. Puisque dire, sans nuance, que les journalistes n'ont pas besoin de recevoir de leçons des politiques, se demander brutalement où étaient les parlementaires au moment où des journalistes ont été traduits devant la justice, ne résout pas les problèmes où patauge le journalisme marocain. Au contraire ! Même si cela était vrai, cette position envenimerait davantage les relations et répondrait à des attentes qui pourraient ne pas être du domaine du journalisme. Celui-ci a besoin, à notre sens, d'une action syndicale solidaire, mûre et performante pour se faire entendre, proposer une alternative au blocage actuel en vue d'élaborer une vision qui ne souffre point d'amalgame. Puis la justice n'est pas un juge ; ou des juges ! Car dire, aussi, et de manière crue et irréfléchie, devant l'opinion publique, que notre justice ''est pourrie et corrompue'' est lourd de signification, comme cela peut paraitre louche. Car quel est le journaliste, responsable et intelligent, qui drainerait d'un seul coup, à ses trousses, les pouvoirs législatif et judiciaire ? A qui profiterait cet égarement ?
L'assertion, on l'a vu à Hiwar n'a pas eu de suite ni de commentaire ! Sauf un appel discret à l'ordre par Salaheddine Mezouar. C'est cette hauteur de vue, acquise de par sa mission politique, jointe à la solidité de sa formation qui lui donne une totale maîtrise de cet échange public et lui permet de mettre, haut la main, l'interaction dans la poche. Toujours vis-à-vis de cette tournure malheureuse, M. Ait Rkine, qui mesure bien la portée politique des mots, n'en a rien dit alors que le silence, comme on dit chez nous, est signe de consentement. Quel embarras ! Il se replie alors dans une morosité inhabituelle qui l''implique'' dans le concert de cette ''rébellion tonitruante''. Mustapha Alaoui, n'a pas pipé mot. Mais, lui, il a son questionnaire pour se prémunir contre les aléas du discours !
Il est louable que Salaheddine Mezouar ait daigné traiter avec toute la franchise requise, de la question épineuse de la presse traçant pertinemment les espaces respectifs de la liberté et de la responsabilité. Et les lignes rouges ont été consciencieusement évoquées. Simplement, nous ne savons pas pourquoi, notre ministre, suffisamment informé sur la question n'a pas osé soulever la question de certaines lignes éditoriales nationales qui puisent, d'un ailleurs aux antipodes de notre projet de société, les produits d'un encadrement contre la vocation, l'esprit même de notre identité. A cet égard, nous ne voyons pas, au Maroc, l'utilité des écrits qui renseignent sur les détails des litiges organisationnels du mouvement international des Frères musulmans ni la nécessité de mettre en exergue des portraits des symboles du jihad afghan. Ce dosage méticuleux et quotidien d'un type d'information, répond à quel besoin ? Venir après nous dire qu'on boycotte l'initiative des groupes parlementaires risque, dans ce cas, de se retourner contre les instigateurs de ce nihilisme d'un autre âge. Une autre question, quel groupe parlementaire s'est-il opposé à ce que les séances du débat aient lieu dans la Chambre des plénières? Il y a là d'étranges recoupements qui trahissent des résistances politiques anormales comme si l'on était sur le point de mettre la main sur quelque chose d'alarmant. Simple velléité d'écriture !
Le reste du débat se focalise pour l'essentiel sur l'idéologie libérale, l'avenir organisationnel du RNI, les alliances .Pour ce dernier point et par rapport au Parti de la Justice et du Développement (PJD), on a souligné, à raison, qu'il n'était pas sage d'isoler ce parti et d'en faire une sorte d'instance indésirable. Mais le rappel de l'instrumentalisation de la religion pour reconquérir l'espace politique est judicieux .Il doit être sérieusement pris en considération- c'est nous qui soulignons- par le pouvoir politique. Car il est question ici d'un triste phénomène, d'une franche déviation politicienne qui fausse la compétition politique. Autrement dit, seul l'Etat doit conserver la latitude et l'appréciation de superviser les surenchères qui interviennent à ce sujet.
L'alliance avec l'USFP, à notre sens, n'est pas tributaire d'un choix à une seule dimension et c'est encore très tôt de soulever la question. Ce parti a une forte identité et c'est le connaître mal que de prétendre qu'une force politique partenaire serait capable de le vider de sa substance .Les décisions de ce niveau, ne se prennent pas de cette manière, c'est-à-dire qu'il ne suffit pas qu'une force politique le souhaite(RNI) pour qu'il en soit ainsi. Actuellement il y a au sein de l'USFP, une redynamisation qui ne se préoccupe pas de ces aspects de la politique nationale. D'ailleurs, même si le discours de Salaheddine Mezouar, à ce propos, cible la mise en confiance de ses militants , les questions à l'ordre du jour, les contraintes prioritaires, chez les Ittihadis , sont d'une autre nature . Cependant, c'est une réjouissance authentique et un vrai bonheur pour les socialistes que de se voir sollicités, courtisés par la plupart des acteurs politiques et c'est tout à leur honneur si les forces politiques nationales se définissent par rapport à leur projet politique. ..
A Hiwar, Salaheddine Mezouar a bien montré qu'il est un homme de débat. Toutefois, il faudrait attendre encore les mois qui viennent pour voir s'il est capable de mettre en œuvre ses idées généreuses .Car le RNI, on sait un peu comment ça marche, par la force de l'habitude : une sempiternelle léthargie et une machine électorale qui, une fois les échéances accomplies, on ferme la boutique et on attend les prochaines élections. Et dans les débats publics, malheureusement, c'est ce côté électoraliste et opportuniste qui a le dessus. Parler politique revient à toujours traiter des alliances à la commune, au Parlement, au gouvernement. L'action syndicale, la société civile, la culture, la place publique comme voix de l'Agora pour la noble confrontation des idées, le rapport à l'Autre, l'encadrement de la jeunesse, le sens du devoir, de la responsabilité, la poésie, l'amour des valeurs du pays, du terroir … ceci pour beaucoup n'est pas de la politique ! Et c'est ainsi qu'on est en train d'enterrer les principes fondateurs de cette philosophie sociale.
C'est pour quand la rupture avec ce modèle ?!