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L'état d' urgence prorogé jusqu 'au 10 octobre

L'augmentation des cas Covid à Casablanca appelle celle de la capacité litière


Chady Chaabi
Mercredi 9 Septembre 2020

Une situation peut-elle être sous contrôle tout en étant inquiétante ?

L’ épicentre du séisme Covid-19 dans le pays se situe désormais à Casablanca. Ses secousses n’en finissent plus de bringuebaler la vie des habitants et de mettre à forte contribution les structures hospitalières de la capitale économique dont la capacité litière est passée de 1.200 places en mai dernier à 4.000 fin août. En comptant 42% des cas notifiés quotidiennement, 40% des formes graves et 38% du nombre de décès enregistrés à l'échelle nationale, toutes les attentions sont donc désormais tournées vers Casablanca. Outre l’état d’urgence qui a été prolongé dans tout le pays jusqu’au 10 octobre et annoncé via un…tweet du chef du gouvernement, en réponse à la recrudescence des cas et à la multiplication des foyers de contamination, le ministère de la Santé a décidé, encore une fois, de soutenir logistiquement la ville et ses structures hospitalières. «Casablanca, cœur battant du Maroc sur les plans économique, social et commercial, profitera d'un appui logistique important, de la mobilisation de ressources humaines et de l'augmentation de la capacité des services de réanimation », a indiqué le ministre Khalid Ait Taleb. Une décision prise à la suite d’une réunion conjointe entre le ministère de l'Industrie, du Commerce, et de l'Economie verte et numérique et le wali de la région Casablanca–Settat, gouverneur de la préfecture de Casablanca, Said Ahmidouch. Quand bien même le ministre de la Santé tente de rassurer en expliquant que la gestion « est proactive, elle va nous permettre éventuellement de faire face à une recrudescence de la situation épidémiologique », il serait de bon aloi que sa communication soit une bonne fois pour toutes unifiée. Il est inconcevable de commencer par évoquer une réunion d’urgence, puis quelques lignes plus tard, être fier d’une gestion proactive. Pour rappel, le terme proactif est un néologisme qui qualifie une action ou attitude dynamique, généralement réalisée avec anticipation. Soit à mille lieues de tout concept d’urgence. Or, comme le soleil se couche toujours à l’ouest pour se lever à l’est, il était également prévu que Casablanca devienne tôt ou tard l’épicentre de l’épidémie au Maroc. C’était évident. Aussi gros que le nez au milieu de la figure. Et pourtant, ledit soutien logistique n’intervient qu’après le nombre record de cas Covid+ recensés dimanche soir. Et les contradictions ne s’arrêtent pas là. Toujours lors de sa conférence de presse de mardi, Khalid Ait Taleb a d’abord rassuré : « La situation telle qu'elle est aujourd'hui reste maîtrisable et contrôlable, mais nous avons l'obligation et le devoir de mettre le dispositif nécessaire pour faire face à une telle recrudescence du nombre de cas graves » avant de confier tout le contraire : «Les indicateurs de la situation épidémiologique à Casablanca sont inquiétants ». Cette communication mal maîtrisée laisse pantois et songeur. A force, la crédibilité du ministère de la Santé sera forcément remise en question. On peut être certain d’une chose, les deux prochaines semaines seront décisives. Mais pour que la situation évolue positivement, il est temps pour le gouvernement de faire ce qu’il dit. Par exemple, Khalid Ait Taleb souligne des mesures drastiques en pensant notamment au couvre-feu et à la fermeture des écoles, mais encore à la mise sous cloche de Casablanca avec interdiction d’y entrer ou d’en sortir sans justificatif. Mais sur le terrain, c’est une tout autre histoire. Il y a quelques jours dans le tramway, nous avions assisté à une scène affligeante. Un policier demande à un voyageur de remettre son masque. Ce dernier s’exécute, mais le retire une fois le policier parti. Mais selon le ministère de l’Intérieur : « Le port des masques est obligatoire pour toute personne lors de son déplacement en dehors de son domicile. Quiconque enfreint cette disposition est passible des peines prévues dans l’article 4 du décret-loi N°2.20.292 qui prévoit une peine d’emprisonnement d’un à trois mois et une amende variant entre 300 et 1.300 dirhams, ou l’une des deux peines sans préjudice de la peine pénale la plus sévère». Dès lors, comment expliquer l’attitude des autorités, alors qu’en temps de pandémie, la mansuétude n’a pas sa place ? Le résultat est sans appel. Après des mois de laisseraller, Casablanca vit des heures sombres et cela n’est pas près de s’arrêter, tout comme le phénomène hautement nocif des vendeurs ambulants de fruits et légumes. Ils vont à la rencontre des citoyens, d’un quartier à l’autre, sans porter de masques ni respecter la distanciation physique. 


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