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L’emploi et le chômage selon le HCP : La précarité devient la norme au Maroc


Hassan Bentaleb
Vendredi 13 Mai 2011

L’emploi et le chômage selon le HCP : La précarité devient la norme au Maroc
Le marché du travail au Maroc est en évolution constante. Son taux de croissance annuelle est estimé à 156.000 postes d’emplois en moyenne. Au cours de la dernière décennie, le volume de l’emploi est passé de 8,845 en 2000 à 10,405 millions en 2010.
Les bénéficiaires des nouvelles créations sont surtout des actifs de sexe masculin avec 118 mille emplois annuellement (75%) contre 38 mille pour les femmes (25%), âgés de 15 à 59 ans et concentrés dans le secteur des services, BTP, l’agriculture et l’industrie (y compris l’artisanat), a indiqué Ahmed Lahlimi Alami, Haut commissaire au plan, le 11 mai lors d’une conférence de presse organisée à Casablanca, sur la situation de l’emploi et du chômage au Maroc et ses déterminants structurels et politiques dans un contexte de transition.
Ces bénéficiaires sont dans leur majorité des citadins (69%) concentrés dans les régions à forte contribution dans la formation du PIB national  allant du Grand Casablanca, où cette contribution est de 21,3% et le nombre d’emplois nouveaux créés annuellement est de 28 mille postes, à Tadla-Azilal, où ces données sont respectivement de 2,6% et une perte annuelle moyenne de 1000 postes d’emploi, en passant par Marrakech-Tensift-Al Haouz avec respectivement 8,9% et 17 mille postes.
Pourtant, la situation n’est pas si rose car une grande majorité de ces postes créés sont peu conformes aux normes de l’emploi décent et les statistiques du HCP l’attestent. Ainsi, près de 2 salariés sur 3  travaillent sans contrat, notamment dans les secteurs de l’agriculture et du BTP où cette proportion dépasse 90% ; 23% de ces emplois au niveau national et 42% en milieu rural sont non rémunéré ; près de 8% du volume global de ces emplois est soit occasionnel ou saisonnier; moins de 20% de la population active occupée bénéficie de la couverture médicale (32% en milieu urbain et 4,5% en milieu rural) et enfin seul un actif  occupé sur 3 est diplômé.
Ces emplois sont considérés en grande partie par leurs occupants comme des formes de chômage déguisé ou une solution d’attente dans l’espoir d’emplois plus stables, mieux rémunérés et répondant à leur ambition professionnelle.
A ce propos, ils sont 16% des actifs occupés à exprimer le désir de changer d’emploi pour des raisons diverses, à savoir  la recherche d’une meilleure rémunération (72%),  l’inadéquation de l’emploi occupé au regard de leur  niveau de formation (10%) et  l’instabilité de l’emploi (9%).
La prédominance de l’emploi de faible qualification renvoie, selon le HCP, à la structure de l’économie nationale et au niveau de productivité de ses composantes sectorielles. L’amélioration de la croissance n’a pas été accompagnée d’un changement notable des structures économiques, en faveur des activités à haut contenu technologique.
 Les secteurs de l’agriculture, du bâtiment et travaux publics (BTP) et des services, qui participent pour 80% à la valeur ajoutée totale, continuent d’être les principaux moteurs de la croissance économique. Leurs croissances durant la décennie 2000 ont atteint respectivement 5,8%, 7,2% et 5%, alors que celle du secteur industriel n’a pas dépassé 3%. Ces secteurs se distinguent également par la faiblesse de leurs multiplicateurs d’emploi, et notamment d’emploi qualifié. Avec une création de 10 emplois directs, l’agriculture ne crée que 2 emplois indirects, le bâtiment et les travaux publics 2 et les services 3.
En moyenne, 65% de l’emploi cumulé créé par ces secteurs s’adresse à une main-d’œuvre sans qualification et pour 30% à des aides familiales.
Pourtant, c’est dans ces conditions que le taux de chômage a globalement baissé au cours de la décennie.  Le Haut commissaire au plan a souligné qu’il est passé de 13,4% à 9,1% au niveau national, de 21,4% à 13,7% en milieu urbain  et de 5% à 3,9% en milieu rural, en ajoutant qu’il est plus élevé que la moyenne nationale dans des régions  comme l’Oriental (de 19,6% à 18,0%), Rabat-Salé-Zemmour-Zaër (de 20,6% à 12,2%) et les trois régions du Sud (de 25,1% à 11,4%) ainsi que chez les jeunes de 15 à 24 ans, avec 17,6% au niveau national et 31,3% en milieu urbain.    
A noter que ce taux reste également élevé parmi les détenteurs de diplômes de niveau supérieur (18,1%), les diplômés de niveau moyen (16%)  et les promotions de la formation professionnelle (technicien supérieur, technicien, qualification  et spécialisation) (19,7%).
Toutefois, le HCP a révélé que la catégorie qui souffre le plus du chômage reste, en premier lieu, celle des primo-demandeurs d’emploi qui, en 2010, représentaient 50% du volume du chômage.
Cette catégorie risque d’endurer encore ce fléau du fait que d’ici 2030, la population en âge d’activité de 15-59 ans est appelée à s’accroitre de 190 mille personnes par an d’ici 2030, passant de 20,4 millions en 2010 à 21,7 millions en 2015, à 22,7 millions en 2020 pour atteindre 24,2 millions à l’horizon 2030.
Quant à la population active de 15 ans et plus, sous l’hypothèse du maintien du taux d’activité à son niveau de 2010, elle devrait atteindre 14,9 millions en 2030, enregistrant une augmentation moyenne annuelle de 173 mille actifs entre 2010 et 2030. Sous une autre hypothèse où le taux d’activité renoue avec son niveau de 1999 (pour atteindre 54,5% en 2020), cette augmentation serait de 248 mille actifs par an. Une telle évolution aura certainement un impact sur le niveau de croissance économique requis pour y faire face.
Ainsi, le Maroc devrait, pour maintenir le volume du chômage à son niveau actuel, augmenter l’emploi qu’il crée de 17 mille postes par an dans la première hypothèse et de 92 mille dans la deuxième.
Dans le premier cas, du fait que le taux d’activité reste constant, le maintien du taux de croissance économique actuel de 4,8% par an pourrait résorber la demande additionnelle de l’emploi d’ici 2030 et le taux de chômage serait de 7,1% en conséquence. Dans le deuxième cas, en revanche, le taux de croissance économique devrait se situer à près de 6,5%, avec un taux de chômage de l’ordre de 6,7%. 


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