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Vol
«Il s’agit d’un phénomène récent qui a pris des proportions inquiétantes au cours de cette année. En effet, Al Hoceima a enregistré plus de 10 cas de vol concernant des navires de pêche artisanale et des chalutiers au niveau du port de la ville», nous a déclaré Khalid Z. journaliste natif de la région. Et d’expliquer : «Certaines rumeurs circulent concernant l’implication des mafias de la traite humaine
dans ces vols qui profitent de ces embarcations à même d’effectuer de longues traversées allant jusqu’à 40 mille marins. D’autant que ces bateaux n’attirent pas l’intention ou la méfiance des gardes-côtes».
Toutefois, notre interlocuteur estime que la situation est plus compliquée puisque des marins marocains seraient impliqués dans ces vols. «Certains pêcheurs ont pris ces embarcations pour leur propre compte afin de partir vers l’Espagne ou d’organiser des traversées en contrepartie de
sommes d’argent», nous a fait savoir notre source. Et de préciser : «Une grande partie de ces pêcheurs ont été contraints de s’impliquer dans ce genre d’activité vu la dégradation de leur situation économique à cause de la baisse du rendement due au manque de ressources et d’autres problèmes. Et c’est pourquoi certains d’entre eux se sont convertis à ce genre d’activité».
Une situation qui rappelle une autre. Celle de plusieurs patrons et pêcheurs opérant dans la pêche artisanale au sud du Maroc en 2021 qui ont largué irrégulièrement les amarres vers les Iles Canaries. Et pour cause : la situation économique dans la région du Sud. En effet, l’année 2020 a été catastrophique pour eux, notamment sur le plan économique marqué par le mauvais état de la mer qui a compliqué davantage cette situation et aggravé la vulnérabilité économique des pêcheurs.
Le changement climatique a également été incriminé puisque ce phénomène oblige les poissons à migrer des zones équatoriales vers des zones plus froides, et entraîne aussi une diminution de leur taille. Il agit également sur la quantité des réserves halieutiques, leurs flux migratoires et leur taux de mortalité.
A rappeler également que les pêcheurs du Sud comme ceux du Nord ont le sentiment d’être privés d'une partie importante des recettes du secteur de la pêche dans la région dont les débarquements en poissons atteignent des milliards de dirhams. La valeur ajoutée et les richesses créées sont accaparées
la plupart du temps par les investisseurs.
Inquiétude
Toujours selon notre interlocuteur, nous sommes face à une évolution des formes de passage irrégulier
vers l’autre rive de la Méditerranée. « Nous sommes passés de la migration irrégulière organisée par les mafias à celle dite solidaire puisque ce sont les candidats qui cotisent entre eux pour l’achat d’une barque et d’un moteur afin de naviguer vers les côtes espagnoles ou vers Mellilia. Aujourd’hui,
nous sommes face à l’exploitation des barques et navires de pêche qui rapportent des sommes importantes.
On estime à 50.000 DH le montant versé par chaque personne par traversée», a-t-il noté. Et de poursuivre : «Sachant que ces traversées concernent en grande partie les candidats à la migration issus de la région ou d’autres zones du pays. Les migrants subsahariens ne font pas partie de ces candidatas puisqu’ils sont plus faciles à identifier et donc à être arrêtés».
Khalid Z. nous a affirmé que les professionnels du secteur ont déjà alerté les autorités locales sur l’ampleur de ce phénomène puisqu’ils subissent de grandes pertes financières à cause de ces vols. Et même en cas de récupération des embarcations, les propriétaires sont obligés de payer certaines charges. D’autant que, estiment les professionnels, ces vols portent atteinte à l’image du Maroc et à la
confiance de nos partenaires européens.
« Il est vrai que les autorités ont répondu positivement en renforçant le contrôle. Il est vrai également que la marine Royale et la gendarmerie ont bien rempli leur mission, mais il semble que la situation devient de plus en plus compliquée puisqu’il est difficile de tout contrôler, notamment au niveau des entrées et sorties du port.
Dernièrement, quatre pêcheurs ont regagné l’Espagne à bord d’une embarcation. En même temps, deux personnes ont été arrêtées et mises en garde à vue en attendant d’être traduites devant la justice pour traite d’êtres humains ».
Reprise
Toutefois, ces tentatives de migration irrégulière vers l’Espagne à partir d’Al Hoceima ne sont pas les seules enregistrées dernièrement. En effet, malgré les derniers évènements dramatiques de Mellilia du 24 juin 2022 et le renforcement des contrôles concernant l’accès à Nador, les entrées des migrants irréguliers à partir de l’Algérie dans la ville d’Oujda se poursuivent avec le même rythme qu’auparavant, nous a indiqué Jamila Barkaoui, chercheuse et activiste dans le domaine de défense des migrants à
Oujda. « Les choses n’ont pas beaucoup changé au niveau de notre ville.
Mais nous avons constaté que l’axe Oujda-Nador a laissé place à celui de Casablanca-Tanger. Le port de cette dernière ville est devenu le choix de prédilection pour un bon nombre de candidats qui tentent individuellement d’accéder à l’autre rive. L’axe Oujda-Nador est devenu difficile à emprunter», nous a-t-elle fait savoir. Et de conclure : « Nous avons observé que les Soudanais sont les plus présents parmi les candidats. Ils se déplacent en groupe et évitent les moyens de transport public (autocars, trains, taxis ou autres). Ils préfèrent plutôt les moyens informels. Les derniers événements de Mellilia ne semblent pas entamer leur volonté et leur détermination à partir vers l’Espagne. Ils n’ont pas peur et rien ne semble les dissuader à atteindre leur objectif».
Hassan Bentaleb