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L’accès à l’enseignement supérieur, une épreuve désespérément rude pour les réfugiés


Hassan Bentaleb
Lundi 25 Octobre 2021

Trop petite initiative signée de l’UpM

L’accès à l’enseignement supérieur, une épreuve désespérément rude pour les réfugiés
«3 00 réfugiés et étudiants bénéficieront d’un accès rapide à des établissements d’éducation supérieure dans les trois prochaines années », telle est l’initiative régionale prise dernièrement par les hauts fonctionnaires des ministères des Affaires étrangères des Etats membres de l'Union pour la Méditerranée (UpM) en réponse à l'urgence mondiale occasionnée par la pandémie de Covid-19.

L’idée est d’aider les populations réfugiées et déplacées à accéder aux établissements d'enseignement supérieur, en capitalisant sur les capacités d’accueil d’étudiants étrangers de ces derniers.

Le projet, d'une durée de 36 mois, vise à mettre en œuvre un programme de bourses d'urgence de deux ans dans 10 pays (Egypte, France, Italie, Jordanie, Liban, Maroc, Pologne, Portugal, Espagne, Turquie).

Les 300 bénéficiaires, dont une grande partie seront des réfugiés syriens mais pas uniquement, profiteront d’un soutien non académique avec des programmes de mentorat, de formation aux compétences personnelles (soft skills) et de développement de carrière.

En outre, il vise à mettre en place un dispositif pleinement opérationnel fournissant à la communauté internationale un cadre pour répondre à leurs besoins en termes d'éducation en temps de crise. Le programme des bourses d'études privilégiera l’autonomisation des jeunes femmes et les programmes d’étude répondant aux besoins de la nouvelle ère numérique. Helena Barroco, responsable du projet, estime que l’accès à l’enseignement supérieur donne aux jeunes hommes et femmes des pays déchirés parla guerre, les possibilités d'éducation et de croire en un avenir meilleur.

« L'enseignement supérieur, dans les situations de crise, est souvent mis de côté. Pourtant, c'est un refuge pour les 18-28 ans. Il assure une protection, contribue à leur autonomie et est un catalyseur au redressement. Faire plus, mieux et plus vite n'est pas une option mais une nécessité qui profite à tous: à l'humanité, à la société et à la communauté universitaire» a-t-elle déclaré dans un communiqué.

En effet, l’accès à l'enseignement supérieur demeure une rude épreuve pour les réfugiés. Selon des chiffres de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés, seulement 3% des réfugiés ont accès à l’enseignement supérieur, contre un taux d’inscription global de 37%. Le HCR et ses partenaires se sont même engagés en faveur de l’objectif «15by30» qui vise à s’assurer que 15% des jeunes réfugiés, femmes et hommes, soit quelque 500.000 étudiants au total, puissent accéder à l’enseignement supérieur d’ici 2030. En 2018, la communauté internationale a approuvé le Pacte mondial sur les réfugiés en tant que cadre destiné à aider les gouvernements, les organisations internationales et d'autres parties prenantes à s'assurer que les communautés d'accueil obtiennent le soutien nécessaire et que les réfugiés puissent mener des existences productives.

Le Pacte mondial sur les réfugiés dispose comme suit: «Conformément aux lois, politiques et plans nationaux en matière d’éducation, les Etats et les parties prenantes concernées contribueront, à l’appui des pays d’accueil, aux ressources et à l’expertise pour élargir les systèmes nationaux d’éducation et améliorer leur qualité et leur caractère inclusif afin de faciliter l’accès des enfants(garçons et filles), des adolescents et jeunes réfugiés et membres des communautés d’accueil aux études primaires, secondaires et supérieures».

Au Maroc, si l’accès à l’éduction pour les enfants réfugiés est aujourd’hui indiscutable, ce n’est pas le cas pour l’accès à l’enseignement supérieur qui pose certains problèmes pour les réfugiés, notamment ceux qui ne disposent pas d’un baccalauréat marocain et qui doivent passer impérativement par l'Agence marocaine de coopération internationale (AMCI) et avoir l’accord de leur ambassade.

Ces étudiants sont également confrontés au problème de la langue puisqu’ils ne parlent pas les deux langues (arabe et français) de l’enseignement dans les établissements supérieur. D’autant plus que certains d’entre eux ont perdu trois années scolaires ou plus sur la route de l’exil. Cette situation crée des frustrations chez ces étudiants et rend leur intégration dans le système universitaire des plus compliquées.

Selon des statistiques du HCR Maroc datant de 2019, 757 étudiants réfugiés inscrits ont été recensés dans le supérieur(baccalauréat+2, baccalauréat+3, master et doctorat). Une grande partie de ces étudiants, notamment des Yéménites sont en cycle doctoral. Ces étudiants réfugiés reçoivent un kit universitaire en début d’année universitaire comme c’est le cas pour les enfants réfugiés en plus d’une bourse mensuelle de 300 ou 600 DH selon la situation financière et sociale de chaque bénéficiaire.

Ces étudiants peuvent bénéficier également de la bourse d’excellence DAFI (Initiative académique allemande Albert Einstein pour les réfugiés) financée par le gouvernement allemand. A noter que l’enseignement supérieur ne fait pas partie des objectifs primordiaux du HCR Maroc qui donne plutôt la priorité au primaire et au secondaire. 


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