Augmenter la taille du texte
Diminuer la taille du texte
Partager

L’AMA met en place une cellule d’écoute au profit des usagers de drogues et leurs proches

La ligne d’appel gratuite “06 60 63 58 16” est ouverte du lundi au vendredi


Chady Chaabi
Mardi 7 Avril 2020

L’AMA met en place une cellule d’écoute au profit des usagers de drogues et leurs proches
Si en temps normal, toutes les addictions ne se valent pas, actuellement avec les mesures de confinement, les personnes qui en souffrent sont toutes confrontées à une seule et même problématique. Une angoisse tenace. Tellement tenace qu’elle pourrait accentuer la dépendance de certains et faire rechuter d’autres alors qu’ils avaient arrêté le tabac ou l'alcool par exemple. Sans oublier ceux qui pourraient succomber à la tentation de se changer les idées en consommant pour la première fois un produit addictif et qui pourrait à terme transformer un naïf et unique usage en dépendance. La solution ? On doit vous avouer qu’il n’y en a pas des masses. Outre les groupes de soutien qui ont fait leur apparition sur les réseaux sociaux, l’Association marocaine d’addictologie répond à cette inextricable situation en décidant de maintenir le contact par le biais d’une cellule d’écoute au profit des usagers et de leurs proches joignable sur la ligne d’appel gratuite suivante : 06 60 63 58 16. « Des professionnels de santé spécialisés en addictologie et en psychiatrie » seront à l’autre bout du fil « pour soutenir et accompagner les personnes souffrant de troubles addictifs du lundi au vendredi, de midi à 14h », assure l’AMA dans un communiqué. L’initiative sera certainement vue d’un bon œil par toutes les personnes concernées. Elle arrive à point nommé dans un pays où la prévalence de l'usage des drogues au cours des douze derniers mois au sein de la population générale (15 ans et plus) a atteint les 4,1%. Autrement dit, 800.000 personnes touchées. Un usage dominé à hauteur de 3,93% par le cannabis. Puis s’en suivent les sédatifs (opiacés et autres) avec 0,18%. Et si l’on en croit le ministère de la Santé, la prévalence de l’usage de l’héroïne et de la cocaïne est de 0,02% et 0,05% respectivement. Mais si ces chiffres sont en dessous des seuils mondiaux qui sont de l’ordre de 0,35% pour la cocaïne et de 0,37% pour les opiacés, ils restent tout de même préoccupants, notamment à la lumière du dernier rapport publié par l’organe international de contrôle des stupéfiants (OICS), dont nous vous présentions une synthèse dans notre édition du 6 mars dernier. Dans ce document de plusieurs dizaines de pages, l’OICS présente l’Afrique comme étant une plaque tournante du trafic de drogue et une importante région de transit pour le trafic de drogue vers l’Europe. Le Maroc n’échappe évidemment pas à cet état de fait. D’ailleurs, pour argumenter ses conclusions, l’OICS met en avant les saisies record de cocaïne sur des navires en provenance d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud à destination de l’Afrique du Nord et de l’Europe dont celles réalisées en 2018 par le Royaume ( 1,7 tonne). Un pays où ont également été saisies près de 72 tonnes de résine et 252 tonnes de maâjoun, défini comme un produit composé essentiellement de cannabis mais qui peut également contenir d’autres drogues, ainsi que des graines de pavot et d’autres éléments comestibles. Rien que pour le mois de juin 2019, les autorités marocaines ont indiqué avoir saisi 12 tonnes de cannabis et 800 kg de résine. Deux semaines plus tard, une autre opération a permis de mettre la main sur 600 kg de cannabis découverts dans des canalisations à Taghbalt. Au Nord, l’héroïne est consommée comme nulle part ailleurs au Maroc, mais pas autant que dans les pays bordant l’océan Indien, explique l’OICS. En tout cas, Tanger tente de prendre le problème à bras-le-corps avec des fortunes diverses mais au moins elle dispose de l’un des premiers centres de traitement avec les produits de substitution, la méthadone. Un médicament analgésique de la famille des opioïdes, synthétisé en 1937. Il a été utilisé depuis les années 1960 pour le traitement de l'héroïnomanie, avant d’être disponible légalement depuis 1995 par le biais de centres spécialisés. Avec son mode d'action lent, il limite la montée présente avec d'autres voies d'administration tout en empêchant le syndrome de manque. Cette substitution, associée à un accompagnement psychologique, a pour objectif la diminution partielle, puis l'arrêt total des consommations. Par ailleurs, l’Organisation s’est dite inquiète du fait que les jeunes, en particulier ceux qui ont entre 18 et 25 ans, soient les plus concernés par l’usage de stupéfiants et par ses conséquences sanitaires. De toute évidence, la cellule d’écoute initiée par l’Association marocaine d’asddictologie aura du pain sur la planche mais les professionnels de santé spécialisés en addictologie et en psychiatrie qui la composent soulageront bien des souffrances. 

​Les addictions qui vous guettent pendant le confinement

C’ est un secret de polichinelle, le confinement peut exacerber les consommations. Et c’est exactement ce qui mène à une addiction, définie comme un comportement de conduite compulsive qui finit par créer un manque. Généralement, l'addiction se forme à l’aide d’un tryptique composé d’une personne, d’un produit (un objet, la source de l'addiction) et d’un contexte. La donne la plus aléatoire des trois est le contexte. Aujourd'hui, le contexte existe. C'est le confinement. Du coup, à quoi pouvons-nous être dépendants ? D’abord, il y a la nourriture. Le risque réside dans la possibilité de développer une forme de boulimie. Quand on est plus oisif, on a tendance à se rabattre sur la nourriture. Le grignotage fait passer le temps. Par conséquent, il faudrait éviter les comportements compulsifs et surtout ne pas oublier de surveiller son poids sur la balance. Les télévisions, ordinateurs et autres tablettes ou téléphones peuvent également présenter un danger notamment en ne maîtrisant pas son temps d'écran. Un contrat moral avec les enfants et avec soi-même est une solution. Le sport est lui aussi source d’addiction. On appelle ça : la bigorexie. Logique car le sport rend plus heureux. Il développe certaines hormones comme l'endorphine, la dopamine ou l'adrénaline. Et très vite, on peut y devenir accroc. C’est la raison pour laquelle il ne faut pas trop en faire. D’autant que les cardiologues alertent sur les dangers d’une pratique sportive intense surtout en temps d’épidémie virale (voir notre édition du 31 mars).
C.C


Lu 938 fois

Nouveau commentaire :

Votre avis nous intéresse. Cependant, Libé refusera de diffuser toute forme de message haineux, diffamatoire, calomnieux ou attentatoire à l'honneur et à la vie privée.
Seront immédiatement exclus de notre site, tous propos racistes ou xénophobes, menaces, injures ou autres incitations à la violence.
En toutes circonstances, nous vous recommandons respect et courtoisie. Merci.

Dossiers du weekend | Actualité | Spécial élections | Les cancres de la campagne | Libé + Eté | Spécial Eté | Rétrospective 2010 | Monde | Société | Régions | Horizons | Economie | Culture | Sport | Ecume du jour | Entretien | Archives | Vidéo | Expresso | En toute Libé | USFP | People | Editorial | Post Scriptum | Billet | Rebonds | Vu d'ici | Scalpel | Chronique littéraire | Billet | Portrait | Au jour le jour | Edito | Sur le vif | RETROSPECTIVE 2020 | RETROSPECTIVE ECO 2020 | RETROSPECTIVE USFP 2020 | RETROSPECTIVE SPORT 2020 | RETROSPECTIVE CULTURE 2020 | RETROSPECTIVE SOCIETE 2020 | RETROSPECTIVE MONDE 2020 | Videos USFP | Economie_Zoom | Economie_Automobile | TVLibe









L M M J V S D
1 2 3 4 5 6 7
8 9 10 11 12 13 14
15 16 17 18 19 20 21
22 23 24 25 26 27 28
29 30          





Flux RSS
p