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Jamal Rhmani à La Haye : “Mobilisation en faveur d'un Maroc digne de ses enfants”


Libé
Mercredi 12 Mai 2010

Jamal Rhmani à La Haye  : “Mobilisation en faveur d'un Maroc digne de ses enfants”
Le ministre de l'Emploi et de la Formation
professionnelle, Jamal Rhmani, a mis en exergue, hier à La Haye, l'expérience du Maroc en matière de lutte contre le travail des enfants grâce notamment à la
mobilisation de tous les acteurs en faveur d'un « Maroc digne de ses enfants ».
« Nous devons notre œuvre dans le domaine de la protection de
l'enfance en général et de lutte contre le travail des enfants en particulier à la Haute volonté de SM le Roi Mohammed VI qui place cette question parmi les priorités du projet d'édification d'un Maroc moderne, démocratique et qui aspire au développement», a
affirmé M. Rhmani devant la Conférence mondiale sur le
travail des enfants.
Voici, par ailleurs, le texte intégral de son allocution :


Madame la Présidente
Mesdames et Messieurs les ministres,
Mesdames et Messieurs les représentants du BIT, UNICEF et Organismes des Nations Unies
Mesdames et Messieurs
Je voudrais d’abord joindre ma parole à celles des honorables orateurs qui m’ont précédé, pour féliciter Monsieur Piet Hein Donner, ministre des Affaires sociales et de l’Emploi du Royaume des Pays-Bas ainsi que le Bureau international du travail, notamment le Programme IPEC pour l’excellente initiative d’organiser cette grande conférence international, qui coïncide avec le 10ème anniversaire de l’entrée en vigueur de la convention n° 182 de l’OIT sur les pires formes du travail des enfants.
Je salue particulièrement les efforts louables déployés par Monsieur le ministre et son staff pour assurer toutes les conditions de réussite à cette rencontre décisive dans notre projet commun de mettre fin au fléau du travail des enfants.
Elle est décisive car, à travers la feuille de route qui sera adoptée cet après-midi, nous aurons désormais une nette visibilité de notre objectif à l’horizon 2016 : l’élimination effective des pires formes du travail des enfants.
Il est évident que l’atteinte de cet objectif ne sera pas une tâche facile car, faut-il le souligner, le défi est de taille et ne dépend pas seulement de la volonté politique des gouvernements mais aussi d’un engagement ferme de tous les autres acteurs tant nationaux qu’internationaux.
C’est cet engagement collectif en faveur de mesures concrètes, bien ciblées et que notre feuille de route saura traduire avec la pertinence requise  qui donne toute sa singularité à notre conférence.
La session de cette matinée focalisée sur l’Afrique, constitue aussi l’un des moments forts de notre conférence.
Elle nous offre l’avantage de faire d’abord le point sur le fléau dans notre continent et de partager ensuite nos expériences et les bonnes pratiques mises en chantier dans nos pays pour le combattre.
Permettez-moi donc, Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs de vous présenter, très succinctement, l’expérience de mon pays en la matière, en exprimant d’ores et déjà notre volonté de la partager avec tous les pays ici présents.
Qu’il me soit permis de préciser, d’emblée, que nous devons notre œuvre dans le domaine de la protection de l’enfance en général et de lutte contre le travail des enfants en particulier à la haute volonté de Sa Majesté le Roi qui place cette question parmi les priorités du projet d’édification d’un Maroc moderne, démocratique et qui aspire au développement.
Cette volonté s’est  traduite par une mobilisation de tous les acteurs : le gouvernement, les syndicats, la société civile, le secteur privé, les agences de développement, les médiats et les enfants eux-mêmes en faveur d’un « Maroc digne de ses enfants » à l’horizon 2015.
L’objectif commun de tous est : l’enfant comme sujet de droit. Notre vision dans ce domaine s’intègre dans une approche favorisant les droits humains et dans le processus de démocratisation, de modernisation et de développement engagé par notre pays durant la dernière décennie.
A la faveur de la mobilisation collective de tous les acteurs, nous avons pu franchir, en effet, des pas décisifs dans notre lutte contre le travail des enfants.
Au plan institutionnel d’abord, des acquis importants ont été réalisés en matière d’harmonisation de notre législation nationale avec les conventions des Nations Unies et celles de l’OIT toutes ratifiées par le Maroc.
Ainsi le nouveau Code de la famille consacre des droits importants ayant des effets directs et indirects sur le travail des enfants et sur l’abandon scolaire. Parmi ces droits, l’égalité effective des droits entre l’homme et la femme au niveau de la responsabilité familiale, l’élévation de l’âge du mariage à 18 ans, la protection du droit de l’enfant né hors du mariage à la reconnaissance de paternité et le droit à la pension alimentaire.
Il en est de même du Code du travail entré en vigueur en 2004, qui a élevé l’âge d’admission à l’emploi à 15 ans et interdit l’emploi des jeunes de moins de 18 ans dans les travaux dangereux.
La réglementation en matière de protection de la maternité prolonge de 12 à 14 semaines le congé de maternité rémunéré par les prestations de sécurité sociale.
Par ailleurs, un plan d’action national pour l’enfance 2006-2015 « Maroc digne de ses enfants » a été également adopté en 2006 dans le cadre d’une approche participative impliquant tous les acteurs.
Ce plan vise dix objectifs fondamentaux pour promouvoir la situation des enfants au Maroc. Il s’agit entre autres de favoriser le droit des enfants à une vie saine, au développement, à la santé, à la protection contre l’exploitation et la violence et à un enseignement de qualité.
Ce plan d’action s’intègre parfaitement dans le cadre de la mise en œuvre des engagements du Maroc découlant de son adhésion aux conventions universelles des Nations Unies et de l’OIT.
Au niveau institutionnel, un Observatoire national de l’enfance (O.N.D.E) a été créé. Sa présidence est confiée à Son Altesse Royale la Princesse Lalla Meriem. Il a reçu pour mission d’analyser la situation des enfants, de sensibiliser les acteurs concernés, d’engager des actions promotionnelles et de coordonner les initiatives intersectorielles en faveur de la protection des droits des enfants.
Un Comité directeur national de lutte contre le travail des enfants a été également mis en place. Il est appuyé par un bureau central créé au niveau du ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle,  et par des points focaux nommés au sein des 43 délégations provinciales du ministère. Et dernièrement une conférence nationale a adopté un projet visant la révision, en vue de son extension de 10 à 30, la liste nationale des travaux dangereux interdits aux enfants de moins de 18 ans.
Aussi, en 2009 et 2010, une ligne spéciale a été consacrée, dans le budget du ministère de l’Emploi, au financement des programmes des associations œuvrant dans le domaine  de lutte contre le travail des enfants.
Les activités prévues dans le cadre de ce programme portent sur l’appui aux ONG, la formation des acteurs, le renforcement des compétences en la matière et la communication afin de prévenir le phénomène du travail des enfants.  
Des conventions dans ce sens ont été signées avec sept ONG au titre de 2009, d’autres conventions avec une dizaine d’autres associations sont prévues pour cette année 2010.
Dans le cadre de la coopération avec le programme IPEC, un programme visant l’abolition du travail des enfants a été mis en œuvre dès l’année 2001.
Il a pour objectif de prévenir la mise au travail précoce des enfants, d’abolir le travail des enfants dans les activités les plus dangereuses, d’enrichir les connaissances sur le phénomène, de sensibiliser les acteurs clés et de renforcer leurs capacités d’intervention.
A l’actif de ce programme 32.560 enfants dont 14.835 filles ont été retirés du travail soit directement, soit préventivement et tout le corps d’inspection du travail a été formé  sur les bonnes pratiques de prévention et de contrôle du travail des enfants
Je tiens à remercier ici les institutions internationales et les gouvernements des pays qui ont voulu nous accompagner dans le cadre de ces programmes.

Madame la Présidente
Mesdames et Messieurs
Mais force est de reconnaître qu’en dépit de ces avancées, le Maroc fait encore face à des défis majeurs : la réalisation effective de l’obligation scolaire et la capacité d’offrir des alternatives acceptables au travail des enfants.
Pour relever le premier défi, un plan d’urgence a été lancé par le gouvernement. Il se focalise sur plusieurs principaux objectifs dont notamment :
La garantie effective de la loi sur l’obligation scolaire jusqu’à 15 ans.
L’incitation à l’esprit d’initiative autour de l’école par la mise à disposition des moyens de réussite pour une école de qualité;
Pour concrétiser ces objectifs, une batterie de mesures ont été prises  par le gouvernement :
La garantie gracieusement par l’Etat de fournitures scolaires, c’est plus d’un million de cartables fournis aux enfants scolarisés au primaire chaque année.
Le nouveau programme Tissir  pour lutter contre l’abandon scolaire et encourager les familles vulnérables, notamment dans le monde rural, à scolariser leurs enfants.
Ce programme récemment mis en place fournit une aide financière mensuelle directe aux familles, cette aide conditionnée par le maintien à l’école des enfants en âge de scolarité, la première année du lancement de l’expérience en 2009, a vu bénéficier 87 mille enfants avec un effet positif notable sur le taux de scolarité des enfants comme le démontrent si clairement les indicateurs  suivants :  
L’accroissement de 25,8% du taux d’inscription des élèves en première année du primaire ;
La diminution de 58,2% du taux d’absence des écoles ;
La réduction de 71,4% de l’abandon scolaire.
Fort de cette première expérience et de ces résultats positifs, le gouvernement du Royaume du Maroc compte la poursuivre et l’élargir pour porter le nombre de bénéficiaires à 277.000 élèves  au cours de  cette année 2010.
Le deuxième défi fait l’objet d’autres initiatives soit dans le cadre de l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH) et les programmes de l’éducation informelle, soit dans le cadre des programmes de formation professionnelle  par apprentissage qui viennent d’être renforcés depuis 2008 en visant 50.000 apprentis par an.

Madame la Présidente
Mesdames et Messieurs
Le plus grand défi  sans doute se rapporte au financement des politiques nationales de lutte contre le travail des enfants, de lutte contre la pauvreté, sans oublier la mise en place de la gouvernance de ces politiques.  
J’ose espérer que nos échanges de ce matin puissent proposer des pistes d’action efficaces pour faire face à ce défi et je reste convaincu que la coopération internationale devrait se renforcer davantage pour qu’ensemble nous puissions relever le défi de l’abolition des pires formes du travail des enfants à l’horizon 2016.
  Plus de 215 millions d’enfants au travail aujourd’hui dans le monde, ces enfants ne vont pas à l’école, ce n’est pas le monde auquel nous espérons et que nous voulons tous bâtir dans un élan de solidarité et de responsabilité. Nous devons agir pour empêcher que cela continue. On ne peut aspirer au développement et à l’équité que si nous assurons aux  nouvelles générations le droit de s’instruire et de se développer décemment.
Pour cela nous disons que l’abolition du travail des enfants est à notre portée, nous y croyons fort au Maroc et nous sommes convaincus, les résultats de nos efforts le démontre, et nous sommes disposés, dans le cadre d’une coopération triangulaire, à partager notre expérience avec tous les pays de notre cher continent africain, et comme contributions pour assurer le suivi de la feuille de route de La Haye, le Royaume du Maroc est disposé et sera honoré d’abriter une conférence régionale de suivi.
Je vous remercie pour votre attention et souhaite plein succès à notre conférence.


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