Normal ? Est-ce une fatalité que de crever pour une misérable poignée de denrées alimentaires dans « le plus beau pays du monde » ?
Nous sommes tellement nuls, tellement pitoyables et affreusement ridicules que si nous daignons, cette fois, descendre de notre tour d’ivoire, c’est parce que, tout bêtement, il y a eu des morts, alors que l’horrible crime est prémédité, et cyniquement préparé tous les jours que le bon Dieu fait. Il n’y a pas que dans cette bourgade devenue subitement, et tout aussi tristement célèbre, que cette insoutenable ignominie est perpétrée.
La mort est cette fois physique. Et c’est justement ce qui nous fait sortir enfin de nos gonds, juste le temps d’oublier pour passer à autre chose de plus sympa en attendant une autre tragédie. Mais on ne bouge pas le petit doigt, alors que la dignité n’en finit pas à longueur d’année d’être bafouée et d’encaisser des coups fatals.
Ce n’est pas pour rien que des milliers de misérables se sont amassés et entassés, au risque de leur vie, pour un panier de misère.
Certes, il y a la pauvreté, il y a besoin et nécessité, mais il y a aussi la dignité. Or, quand on a œuvré à ériger carrément le misérabilisme en culture, il ne faut pas s’étonner si la dignité fout le camp.
Il faut faire gaffe cependant. Entre les autorités qui ont laissé faire comme cela c’est le cas dans ce patelin depuis cinq longues années, comme cela se fait partout ailleurs et l’Intérieur qui évoque effrontément «un incident» au lieu de reconnaître que c’est d’un drame insoutenable et d’une tragédie insupportable qu’il s’agit ou ce « mécène » trop désintéressé, à ce qu’il paraît, bien que dans une barbe et gandoura à l’air innocents, il cherche plutôt à se faire une place de choix ici-bas et dans l’au-delà…, on n’a que l’embarras du choix pour définir les responsabilités.
Devrait-on rappeler à ce bonhomme dévot que de par les valeurs humaines et le référentiel auquel il s’identifie, la discrétion est fort recommandée en de telles situations.
Sans oublier tous les autres. Nous autres qui nous nous complaisons tellement dans un confort pseudo-réel ou supposé, nous détournant des malheurs et de la misère d’autrui. Ceux de tout un pays.
Basta ! De cet égoïsme débordant. De ce laisser-aller dégoûtant. De ces responsables irresponsables. De cette impunité répugnante.
Franchement! Mais c’est tous les jours qu’il doit y avoir des séismes, et au plus haut degré qui soit, dans le plus beau pays du monde.