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Lors de cette intervention, Ahmed Zaidi a tenu à rappeler que le gouvernement actuel est l’aboutissement d’un processus de réformes amorcé depuis bien longtemps et dans lequel l’USFP a joué un rôle prépondérant avant et lors du gouvernement d’alternance. Zaidi a précisé également que le parti de Ben Barka sera un acteur principal dans la continuité du processus des réformes et veillera à l’opérationnalisation de la nouvelle Constitution en tant que parti d’opposition cette fois.
Après avoir expliqué les raisons de ce passage à l’opposition, le président du Groupe socialiste a relevé plusieurs remarques sur la déclaration gouvernementale. Il a d’abord indiqué que cette dernière reste loin des attentes des électeurs et que le programme présenté par Benkirane ne répond pas à l’esprit du changement tant souhaité par la société. Ce programme ne contient aucun diagnostic explicitant les tares et les défaillances sur le plan politique, social et économique.Un programme qui ne prend pas en compte la conjoncture et les mutations à l’échelle internationale, tout comme il n’a pas communiqué quant à sa décision de relancer les chantiers engagés par les équipes précédentes. Et Ahmed Zaidi de préciser que le programme présenté par le gouvernement ne comporte pas de précisions ni de statistiques, encore moins un agenda pour la réalisation de ses différentes phases. Il omet également de signaler les moyens humains et financiers à mettre en œuvre, mais se contente d’une simple déclaration d’intention. Le président du Groupe socialiste à la chambre des représentants a particulièrement mis l’accent sur les grands dossiers de la prévarication et la perversion de la vie publique. La corruption, le manque de transparence lors des transactions publiques et l’impunité, l’économie de rente, les agréments de toute nature, sont des questions sur lesquelles la déclaration gouvernementale reste floue et n’apporte aucune précision sur les mesures à prendre pour combattre ces fléaux. Ahmed Zaidi a par ailleurs affirmé que le Groupe socialiste ne pratiquera pas une opposition gratuite et n’a pas de réserves sur les objectifs ni sur les bonnes intentions de la déclaration, mais s’attèlera à une étude approfondie du texte. Il sera procédé à l’examen de tous les engagements et leur applicabilité sur le terrain, a-t-il ajouté, estimant qu’il «est prématuré d’émettre un jugement sur ce programme».
Cependant, Ahmed Zaidi a insisté sur les attentes et les enjeux auxquelles est confronté ce gouvernement et qui nécessitent un courage politique et des décisions fermes pour réhabiliter les institutions et s’attaquer aux problèmes du chômage, du logement, de la santé ou encore de l’éducation.
KAMAL MOUNTASSIR
Dans notre édition de demain : Une synthèse de l’intervention de Zoubida Bouayad, au nom du Groupe socialiste à la Chambre des conseillers
Alors que l'UAF appelle à un front pour l'égalité et les libertés : «Le cabinet Benkirane privilégie l'axe identitaire sur la crise sociale»
L'Usfpéiste et activiste féministe Latifa Jbabdi ne cache pas sa perplexité. Cette ancienne députée ne s'en cache pas : elle est pour le moins mal à l'aise devant le programme du gouvernement conduit par le leader islamiste du PJD, plus particulièrement dans son volet identitaire. «Et il y a bien des raisons de s'en inquiéter. Le chef de gouvernement a commencé sa déclaration par l'axe de l'identité. Cela montre bien que cet Exécutif a érigé en première priorité l'identité nationale. Il faut savoir que la Constitution a déjà tranché cette question de manière claire et nette. De la même manière que le recours au référentiel religieux comme source législative a été tranché par le Code de la famille. Aujourd'hui, il faut le rappeler avec force : le Maroc a souscrit à l'universalisme en adhérant au régime des conventions internationales».
Dans les rangs de l'Union socialiste des forces populaires, l'opposition et la résistance s'organisent. Doucement et sûrement. «Nous rejetons cette perception conservatrice de l'identité nationale telle que mise en avant dans la déclaration gouvernementale. Parce que nous sommes convaincus que l'identité marocaine est dynamique, évolutive avec le temps et qu'elle se nourrit d'ouverture, de liberté et de valeurs universelles», explique Latifa Jbabdi. Pour cette ancienne détenue politique qui a traversé les années de plomb au nom de la liberté et de la démocratie, le rappel identitaire du programme du gouvernement Benkirane est «une menace faite aux libertés individuelles et publiques mais aussi aux acquis des femmes de ce pays». «C'est clairement un message négatif qui appelle à une veille des partis de gauche, de la société civile et de tous les défenseurs de la modernité, de l'égalité et de la démocratie», ajoute celle qui est présidente de l'Union de l'action féminine. Cette association de défense des droits des femmes vient d'ailleurs de lancer un appel à la constitution d'un front pour l'égalité et les libertés. Trois grands champs dits «à risque» sont ici ciblés et feront l'objet d'une veille organisée: les droits des femmes, les libertés et la culture, la question culturelle englobant l'enseignement, les médias et les arts.
Le savoir renforce l'identité
Ce sont les mêmes inquiétudes que l'on retrouve chez la nouvelle secrétaire générale du PSU, Nabila Mounib. Cette femme de gauche et fière de l'être le dit sans ambages : c'est dans le savoir que se renforce l'identité. Pas question, affirme-t-elle, de mettre la charrue avant les bœufs. «Pourquoi ce gouvernement a-t-il érigé la question de l'identité nationale en priorité des priorités alors que des questions graves et urgentes se posent à ce pays et que les citoyens attendent des réponses concrètes et efficaces pour améliorer leurs conditions de vie? Le Maroc est en train de vivre une crise sociale sévère. Au lieu d'apporter des réponses en termes de paix sociale et de cohésion, ce gouvernement se focalise sur l'identité marocaine comme s'il voulait imprégner de son sceau la société. Où veut-on nous mener? Veut-on contrôler l'avenir de cette société?», s'interroge avec véhémence Nabila Mounib.
Dans les travées de l'opposition, des craintes de plus en plus grandes se font jour. Le conservatisme de l'Exécutif est fustigé. «Que le PJD et l'Istiqlal se retrouvent sur la même ligne d'une identité nationale avec le danger qu'elle soit exclusive est plutôt compréhensible. Mais ce qui l'est nettement moins, c'est bien le silence du PPS, ce parti de gauche partenaire de la majorité gouvernementale et qui est bien complaisant sur la question de l'identité. N'oublions pas que le PPS avait vendu sa participation à un gouvernement conservateur en arguant qu'il allait se faire gardien des acquis et des valeurs de démocratie et de modernité. Sauf que, et tout le monde l'a remarqué, pas une seule fois le chef de gouvernement n'a prononcé le mot modernité dans sa déclaration faite devant le Parlement pour obtenir le vote d'investiture», conclut amer cette militante de gauche.
Narjis Rerhaye