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Ils aspiraient à l’Eldorado européen, ils ont eu affaire à l’enfer libyen : Le chemin de croix de milliers de Marocains


Hassan Bentaleb
Jeudi 18 Janvier 2018

Près de 500 jeunes Marocains candidats à l'immigration vers l’Europe ont été dernièrement rapatriés de Tripoli vers Casablanca. D’autres attendent encore leur tour. La majorité d’entre eux  est  originaire de Fqih Ben Salah et de Béni Mellal. Ils ont payé plus de 20.000 DH à des passeurs pour les faire débarquer en Italie. Mais leur projet a tourné court et ils sont tombés entre les mains des gardes-côtes libyens. Pourtant, ils ne seront ni les premiers ni les derniers à se rendre en Libye pour transiter vers l’Europe. Nombreux sont les jeunes Marocains qui sont prêts à payer le prix fort et à risquer leur vie dans un pays devenu une plaque tournante de la migration vers le Vieux Continent. Il faut traverser à peine 70 km pour quitter les eaux territoriales libyennes et débarquer à Lampedusa. Pourtant, l’aventure libyenne n’est pas une sinécure. Les candidats à l’immigration peuvent à tout moment être victimes d’arnaque, de maltraitance, d’homicide ou tout simplement de noyade.

Trafic humain à visage découvert

Le trafic des êtres humains est un phénomène qui touche l’ensemble du littoral libyen. Notamment les régions de Zouara, Sabrata, Zaouia et Misrata. Les passeurs chargés de transporter les candidats à l’immigration vers l’Europe sont connus et faciles à identifier. En fait, le trafic des migrants n’est pas un sujet tabou et ne pose aucun problème aux Libyens. La plupart des trafiquants sont nés dans les années 1990 et appartiennent à des familles connues de tous. Pour devenir passeur, il suffit d’acheter un bateau et de disposer d’un abri de fortune pour héberger les migrants. Ces passeurs sont souvent regroupés dans des réseaux armés et jouissent d’un grand pouvoir.  Leurs réseaux sont en concurrence directe et entrent souvent en conflit pour imposer leur hégémonie sur d’autres zones d’activité. Parfois, ces conflits prennent fin en pleine mer par l’enlèvement des migrants et la demande de rançon. Les Marocains, les Tunisiens et les Algériens sont les plus ciblés vu le prix jugé très élevé qu’ils peuvent rapporter.
Sur les côtes libyennes, il n’y a pas de passeurs étrangers. Les trafiquants de ce pays  ne supportent pas d’être commandés par des étrangers. Souvent, ils font appel aux services d’autres passeurs arabes engagés plutôt comme subordonnés.
Le trajet des côtes libyennes vers celles de l’Italie coûte en moyenne entre 1.000 et 1.500 dollars voire parfois 2.000. «C’est cher car les candidats à l’immigration bénéficient de voyages garantis, assurés par des bateaux sûrs et transportant entre 40 et 50 personnes souvent d’origine maghrébine ou syrienne. Les passeurs préfèrent ne pas mélanger ces nationalités avec les Subsahariens qui paient moins », nous a précisé Ahmed, un Marocain qui réside en Libye depuis 20 ans. Et de poursuivre : « Les Subsahariens arrivent en Libye dans conditions déplorables  et sont exploités par des Libyens dans l’attente de leur départ  vers l’Eldorado. En fait, ils enchaînent les boulots pénibles et mal payés afin de gagner de quoi payer le reste de leur voyage. Des centaines d’entre eux sont entassés dans des camps en attendant  leur tour pour partir. Certains chiffres non officiels évaluent  le nombre de Subsahariens candidats à l’immigration depuis le territoire libyen à 12.000 personnes ». Ces données sont invérifiables compte tenu de l’étendue des frontières et de l’absence de contrôle et d’enregistrement officiel des entrées et des sorties depuis la révolution.
La migration marocaine depuis la Libye vers l’Europe est purement masculine. Très peu de femmes tentent l’aventure. Les jeunes proviennent des villes intérieures. « Tous les Marocains ne se rendent pas en Libye dans le seul objectif d’émigrer en Europe. Certains d’entre eux le font dans l’espoir de pouvoir travailler en Libye pour subvenir aux besoins de leurs familles restées au Maroc. Beaucoup de Marocains gagnent bien leur vie dans ce pays où ils sont bien accueillis malgré la guerre, la hausse des prix et la détérioration du niveau de vie », nous a expliqué notre source. Et d’ajouter : « Les MRE de Libye ne sont pas tentés par l’aventure européenne puisque seulement 1% des 4.899 Marocains résidents le sont ».
Les jeunes Marocains sont peu nombreux à tenter leur chance comme ils le faisaient il y a quelques années. Ils passent via les frontières tunisiennes, et notamment  par Ras Ajdir mais ce point frontalier est actuellement sous haute surveillance. Les Marocains, les Egyptiens, les Bangladeshis, les Soudanais et les  Syriens sont déclarés persona non grata en Libye. Une décision des militaires libyens leur a interdit l’accès au territoire. « Pour partir vers la Libye, il faut un billet d’avion aller-retour Maroc-Tunisie et un autre de Tunisie vers la Libye ainsi qu’une autorisation d’entrée sur le territoire. Ce qui induit d’importantes charges pour les candidats à l’immigration. Quant aux montants qu’il faut verser aux trafiquants, ils ne sont payés qu’une fois sur place. Il y a peu de cas d’arnaque puisque les passeurs cherchent à préserver leur image de marque et leur crédibilité auprès de leurs clients futurs », nous a précisé Ahmed. Et de poursuivre : « Mais, l’aventure n’est pas totalement garantie puisque certains candidats à l’immigration ont réussi leur projet alors que d’autres ont été appréhendés et jetés dans de tristement célèbres geôles ou morts dans l’indifférence générale. Nombreux sont ceux qui ont été arrêtés dernièrement et incarcérés dans les locaux des milices de lutte contre la migration irrégulière. Chanceux sont ceux d’entre eux qui ont pu disposer d’un garant ou faire appel à un passeur pour échapper aux fourches caudines de ces dernières.  Auquel cas, ils sont refoulés manu militari vers le Maroc. Ces candidats à l’immigration sont souvent victimes de vols commis par des passeurs, par d’autres migrants ou par des miliciens». Ahmed fait allusion à ce propos aux nombreux groupes armés qui ont émergé dernièrement pour soi-disant lutter contre le départ d'embarcations de migrants depuis les côtes libyennes. Regroupant des civils, des policiers et des militaires, ces groupes effectuent, depuis des mois, des opérations coup de poing contre les passeurs et leurs embarcations en terre comme en  plage, une mission qui ne semble guère aisée puisque le pays est divisé et en proie à une grande instabilité depuis 2011.

L’enfer libyen

Adil, 26 ans, originaire de Safi, en sait quelque chose. Après avoir tout tenté  pour avoir un emploi stable et un revenu décent, il a décidé de partir sous d’autres cieux en quête d’opportunités nouvelles. « J’ai pensé partir vers l’Europe mais comme je n’ai pas les moyens pour avoir un visa Schengen, j’ai donc décidé de rejoindre le Vieux Continent via la Libye. Pour y arriver, je suis passé d’abord par l’Algérie via les frontières terrestres en faisant appel aux services d’un trafiquant. Une fois sur place,  j’ai enchainé les petits boulots pour gagner de quoi pouvoir poursuivre ma traversée », nous a-t-il indiqué. Et de poursuivre : « Un mois plus tard, j’ai pris contact en compagnie d’un ami, avec un trafiquant libyen afin de pouvoir me rendre en Libye. Ce dernier nous a recommandé un trafiquant algérien qu’il a dit être à même de nous faire parvenir vers notre destination. Le voyage a duré deux jours et nous avons ainsi pu débarquer chez un autre trafiquant de l’autre côté des frontières qui nous a offert le gîte dans  sa maison durant 15 jours ».
Les jours ayant égrené leurs heures avec une lenteur atroce, Adil et son ami ont commencé à s’ennuyer à mort. Ils passèrent leurs journées à manger, à regarder la télévision et à dormir. Puis, un jour, deux hommes se sont pointés devant la maison. Ils sont venus les chercher pour les amener au  trafiquant  censé leur faire traverser la Méditerranée à destination de l’Europe. Ils voyagèrent à pied  à travers le Sahara pour échapper à la surveillance des militaires.  Leurs pérégrinations durèrent deux jours dans des conditions lamentables.  Ils ont notamment souffert de la canicule et de la difficulté de marcher sur du sable chaud. Une fois arrivés, ils ont été  confinés dans la maison du trafiquant à Sabrata 30 jours durant.
« Ce trafiquant avait été victime dans le passé d’une arnaque commise par le passeur algérien qui nous a remis à lui. Il nous a demandé de l’appeler. Ce dernier a refusé de nous répondre. En colère, le trafiquant libyen a menacé de nous tuer. Une promesse qui était loin de ressembler à de  vains mots puisqu’il nous a fait sortir dans la rue et a ordonné à ses sbires de nous tirer dessus. Tremblant de peur, nous avons cru que notre dernière heure avait sonné. Mais avant de donner l’ordre de tirer, il a passé  un dernier coup de fil et il est tombé sur le frère du trafiquant algérien. Les deux hommes sont arrivés à un accord qui nous a sauvé la vie », se souvient-il.
Mais malgré ce fâcheux incident, Adil et son ami ont décidé de rester en Libye. Quelques jours plus tard, ils ont été appelés à se préparer à une éventuelle traversée dans la soirée. « On était fous de joie parce qu’on allait enfin quitter l’enfer libyen où nous avons été maltraités et où nous avions enduré la faim, la soif et les conflits entres trafiquants de tous ordres», raconte Adil. Le soir, les deux jeunes hommes ont été emmenés en compagnie d’autres personnes vers la plage.
Cette dernière était noire de monde et de petites embarcations pouvant transporter entre 100 et 200 personnes y tanguaient au gré des vagues. « Nous avons été embarqués sur un bateau à deux ponts qui n’a levé l’ancre qu’après avoir fait le plein de migrants. La traversée a duré six heures par une mer moyennement agitée. L’ensemble des voyageurs étaient épuisés. Ils parlaient  peu et fixaient un  horizon qu’ils rêvaient d’atteindre», témoigne-t-il.
La délivrance ne va pas trader à pointer le bout du nez mais de manière inattendue et tragique. En effet, leur embarcation a coulé comme par inadvertance au large des côtes libyennes. «Notre chalutier a été détecté par la Marine italienne qui a d’abord procédé au sauvetage des femmes et des enfants et les a acheminés vers les côtes italiennes.  
Leur retour sur place a créé un mouvement de foule sur le pont de notre embarcation qui l’a fait chavirer. La plupart des passagers se sont jetés à l’eau sauf ceux qui étaient enfermés en cale.  Ils seraient tous morts », témoigne Adil. Une tragédie qui a été suivie par des millions de personnes en direct grâce à la caméra de la Marine italienne.  Les passagers  étaient  1.100 environ dont une grande majorité était composée de Marocains. Le nombre exact des victimes demeure inconnu  mais on parle de près de 500 morts et d’une centaine de portés disparus.

Arnaque, violence
et peur au ventre

 
Saïd, 23 ans, originaire de Béni Mellal a fait également l’expérience des affres libyennes. Il se souvient encore d’un voyage long, pénible et mortel qui a été entamé un certain jour de mars 2015. « J’ai pris contact avec un trafiquant libyen installé à Zouara, via watsapp. Il m’a été recommandé par plusieurs amis dont l’un réside aujourd’hui en Suède, se souvient-il. On s’est mis d’accord sur tous les détails du voyage ainsi que sur le prix de 1.700 dollars par personne ».
Son voyage a commencé sous de mauvais auspices. Le passeur tunisien venu le chercher lui et son ami à l’aéroport de Carthage, leur a demandé  800 dollars pour le transport et l’hébergement durant une nuit. Une conduite qui n’a pas été bien appréciée par le trafiquant libyen. Les deux hommes ont pris contact. La conversation a été houleuse et s’est vite transformée en échange d’injures. Nous ne savions pas quoi faire et nous avions paniqué; d’autant que le trafiquant tunisien a voulu nous arracher nos passeports des mains.  Mais nous avons refusé de les lui remettre et nous avons saisi la première occasion pour prendre nos jambes à notre cou. Nous avons alors appelé le trafiquant libyen qui nous a demandé de prendre un taxi jusqu’à la ville frontalière d’Ajdir. Nous sommes arrivés vers  deux heures du matin et nous avons dû attendre trois heures avant qu’une voiture ne vienne nous chercher pour nous emmener en Libye. Le voyage a duré plus de cinq heures », confie-t-il.
Pourtant, une fois arrivés près de la frontière, Adil et son ami ont eu droit à une autre surprise. A quelques kilomètres du poste de douane, les deux hommes envoyés par le trafiquant libyen  ont sorti leurs révolvers et ordonné aux deux jeunes Marocains de leur remettre tout l’argent qu’ils avaient sur eux. « On était morts de peur et on avait sorti les 3.500 dollars dont nous disposions pour la traversée. Les deux hommes ont pris l’argent et continué leur route vers l’intérieur de la Libye», se souvient-il. Quelques heures plus tard, les deux jeunes hommes ont été interceptés par des militaires tunisiens. «Ces derniers nous ont confisqué nos passeports et  nous ont embarqués de force dans leur véhicule. Ils ont été violents, vulgaires et abjects. On a eu droit à des moqueries, des injures, des gifles et des coups de pied. « Les militaires ont trouvé un malin plaisir à nous maltraiter.  Ils nous ont fait faire le tour de tous les postes frontaliers tout en nous privant de manger ou de boire. Et chaque fois, on a eu droit au même interrogatoire : pourquoi êtes-vous ici ? Notre calvaire s’est poursuivi jusqu’à Tunis où nous avons été transférés vers l’aéroport et refoulés via le premier  vol à destination du Maroc », se souvient-il avec amertume. « Il s’agit donc de dix jours les plus horribles de ma vie ».

Des zones de non-droit

Zakaria, 24 ans résidant à Casablanca, se souvient encore de son voyage cauchemardesque. L’idée de partir lui a été insufflée par une voisine installée en Libye. Elle lui a promis ainsi qu’à un ami à lui un contrat de travail et une carte de résidence contre un somme de 30.000 DH par personne. Pour entrer en Libye, Zakaria et son ami ont dû passer par la Tunisie et faire appel aux services d’un policier tunisien à Ras Ajdir contre 200 dinars par tête avant d’être accueillis par un autre policier à la frontière libyenne. Ce dernier a été chargé de leur assurer un toit pour dormir et manger en attendant de commencer à travailler. Zakaria et son ami seront embauchés comme serveurs chargés de préparer des sandwiches et  de les vendre aux clients qui traversent la frontière. Mais ce boulot n’a pas plu aux deux jeunes Marocains. L’ennui, les moustiques, la chaleur et les trafiquants les ont fait fuir vers Tripoli où ils ont été recrutés par un imprimeur marocain.  Ce dernier leur a accordé un salaire mensuel de 400 dinars chacun. Une somme qu’ils n’auront jamais l’heur de mettre en poche puisque leur nouveau patron en défalquait leurs frais de nourriture et de logement. Le reste sera également gardé par lui au titre des frais qu’il devrait payer pour leur obtenir une carte de résidence.  Mais il a suffi d’une dizaine de journées pour que les deux jeunes se révoltent contre cette situation et demandent à leur voisine installée en Libye d’œuvrer pour les rapatrier au Maroc. Celle-ci a fait appel, une nouvelle fois, au service du policier libyen pour leur faire passer les frontières. « Ce dernier nous a demandé de prendre un taxi et de le rejoindre au point frontalier de Ras Ajdir. Le chauffeur de taxi a demandé 400 dinars pour la traversée avant de changer d’opinion à mi-chemin, et d’exiger 1.000 dinars vu qu’il se devait de contourner les barrages des milices et militaires établis tout au long de la route», raconte Zakaria. Pourtant, cet incident n’a été qu’un avant-goût de ce qui les attendait. En fait, une fois arrivés aux frontières libyo-tunisiennes, les deux jeunes hommes se sont trouvés bloqués entre les policiers des frontières de deux pays qui n’ont pas hésité à sortir les armes et de menacer de tirer à bout portant.
Un accrochage entre des migrants tunisiens et un policier libyen a exacerbé la colère de la maréchaussée tunisienne qui a répliqué par la fermeture du point de passage entre les deux pays. Une situation qui n’a pas été acceptée par les Libyens qui n’ont pas hésité à sortir leurs révolvers. «Ce fut inimaginable. Nous avions des sueurs froides parce que nous étions dans les viseurs des deux parties et il suffisait que l’un d’entre eux tire pour que l’on soit touchés les premiers», confie Zakaria qui a été témoin également ce jour-là de plusieurs scènes de corruption et d’abus de pouvoir des policiers tant libyens que tunisiens. Selon lui, ces derniers entretiennent des réseaux de trafic en tout genre qui génèrent des sommes pouvant se monter à  5.000 dinars par jour et ils se permettent tout sans être inquiétés le moins du monde.
Zakaria et son ami ont été épargnés mais leur calvaire s’est poursuivi de plus belle. Ils ont été obligés de payer 300 dinars chacun au policier libyen et 500 au policier tunisien qui les a transportés jusqu’à Tunis. « Une fois la frontière passée, ce dernier a exigé 1000 dinars pour nous deux alors qu’il ne nous en avait réclamé que 500 dinars. Pis, il nous a  menacés de nous laisser sur place si nous ne les lui remettions pas. Malgré nos larmes et nos supplications, notre homme n’a rien voulu entendre. Pour lui, nous ne sommes que des fieffés menteurs. Il ira  même jusqu’à nous déposer près d’un barrage de militaires pour que l’on y subisse une fouille corporelle. On a eu droit à tous les genres d’insultes depuis notre départ jusqu’à notre arrivée en Tunisie».
Exténués, affamés et sans le sou, les deux jeunes hommes ont dû attendre plus de 14 heures avant de prendre l’avion vers la mère patrie. A l’aéroport de Mohammed V, ils subiront un interrogatoire de quelques minutes avant d’être autorisés à rejoindre leurs familles.   


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