L’histoire récente de l’Algérie est-elle réductible à une simple chronique des assassinats politiques? Hormis la lutte de ce pays pour son indépendance, force est de constater que le pouvoir algérien n’a eu de cesse de tuer dans l’œuf toute possibilité de contestation de sa ligne de conduite, voire de passer par les armes tous ceux qui s’opposaient au caractère dictatorial des décisions prises par une technostructure où les militaires tiennent non seulement le haut du pavé, mais les véritables rênes du pouvoir.
L’un des premiers jalons de cette histoire macabre a eu lieu avec l’assassinat, le 11 avril 1963, de Mohamed Khemisti, ministre des Affaires étrangères de Ben Bella près du siège de l'Assemblée nationale par un homme traité de «malade mental». Ce «fou» sera «suicidé» quelque temps après dans sa cellule. Bouteflika, l'un des hommes clés de Boumediène prit, en l’occasion, le portefeuille des Affaires étrangères et le chemin vers la présidence de la république qu’il occupe actuellement.
Autres jalons de ce sinistre décompte : l’assassinat, le 4 janvier 1967 à Madrid de Mohamed Khider, membre fondateur du FLN, celui de Krim Belkacem, signataire des accords d’Evian, celui d’Abbane Ramdane qui fut un des dirigeants politiques de premier plan du FLN, celui de Kasdi Merbah, assassiné à Bordj-El-Bahri, non loin de l’ENITA, une école de l’armée, où fut scellée la décision de nommer Chadli Bendjedid comme successeur de Boumediène, celui d’Abdelhak Benhamouda, secrétaire général de l’UGTA, celui de Mohamed Boudiaf au moment où il prononçait un discours en qualité de président de la République et le reste à l’encan.
Le pouvoir algérien qui porte une responsabilité directe dans tout ce qui est advenu, n’a jamais voulu sérieusement mettre la lumière sur les vrais commanditaires et les véritables causes de ce chapelet de crimes abjects.
A titre de rappel, il fait encore la sourde oreille aux doléances de la famille de Khider, un militant au long cours qu’il a non seulement fait abattre parce qu’il avait osé dénoncer le coup d’Etat du 19 juin 1965 et le pouvoir autocratique de Boumediène, mais dont il a essayé par tous les moyens de salir la mémoire.
Quarante-sept ans après les faits, la Mouradia n’a jamais prêté la moindre oreille attentive aux doléances de la famille Khider qui essaie, tous les 4 janvier, de raviver la mémoire du défunt et de condamner le recours à l’élimination physique des opposants comme levier de pouvoir en Algérie.