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L'intégration des sciences sociales et humaines dans l'analyse du fait religieux étant à écarter et ne requérant pas l'adoption des adeptes de la pensée "excommunicatrice". La relecture du Coran à la lumière des nouvelles sciences humaines et sociales permet ainsi de se pencher sur le texte sacré sur les soubassements de la critique. Et ce n'est point là une manière de se positionner contre la religion, plutôt de la penser différemment. Après tout, tout le monde saura, un jour ou l'autre, que cette approche enrichissante ne méritait pas ce penchant blasphématoire, pour la simple raison que le texte subit, à son tour, l'effet de l'évolution, du changement, de transformation et de l'influence de l'entourage. Le texte coranique et le "fait islamique" sont des construits. Des "réalités" historiques qui ne peuvent aucunement être appréhendées dans un cadre synchronique.
D'où l'importance pour Arkoun d'une pensée herméneutique à même de retravailler le texte, en lui conférant des sémantismes ouverts et pluriels. L'Une et Unique vérité de l'Unique interprétation du texte entraînent certainement l'orthodoxie, voire la "barbarie" dont a horreur un certain Amin Maâlouf. Dans son "Sens du texte", feu Nasr Hamed Abou Zayd, estime d'ailleurs que le texte coranique doit rester ouvert de telle manière qu'aucune interprétation n'est à même de rendre définitif le sens à donner. Une manière d'offrir la vie éternelle à ce même texte. L'Unique et seul sens serait responsable d'une asphyxie intellectuelle. Une fixation qui ne reconnaîtrait aucunement l'effet du temps sur les créatures. Le penseur kabyle ne pouvait ainsi supporter une mort avérée de l'Idjtihad et prôna dès le départ une approche diachronique qu'il appliqua à tous les "épistémès". L'objectif étant d'écarter au maximum la pensée islamique de la constance, du dogmatisme et de l'enfermement. C'est l'image d'un Islam éclairé qu'il entend défendre et ce sont les valeurs d'ouverture, de dynamisme et de pluralité qu'il fait prévaloir. Le musulman moderne n'est plus cet être "prêt à croire et à obéir", mais bien celui qui rend ses droits à l'esprit.
Ceci dit, cet engagement allait toujours être contré par les actes de violence au nom de l'Islam. La pertinence d'esprit monte là aussi à la surface, puisque le professeur de la théologie comparative ne se contente pas de décrire l'acte terroriste, ni de le dénoncer, mais d'aller plus loin dans l'analyse des causes profondes qui lui ont donné naissance. La pauvreté, l'exclusion, la domination, l'oppression, la tyrannie… autant de facteurs qui sont aussi responsables de la violence et du terrorisme. La violence comme le terrorisme sont des faits sociaux et politiques complexes. Et tout comme le penseur libanais Hassan Hamdan, dit Mehdi Amel, Mohamed Arkoun est convaincu qu'à toute problématique complexe, des solutions et des analyses complexes.
Encadré
Intellectuel d'origine algérienne, né en Kabylie à Taourirt-Mimoun en 1928, Mohamed Arkoun, docteur ès-lettres, est professeur émérite d'histoire de la pensée islamique à la Sorbonne nouvelle (Paris-III). Il a développé une discipline, l'"islamologie appliquée", qu'il enseigne dans diverses universités en Europe et aux Etats-Unis (Princeton, Philadelphie). Il a publié plusieurs ouvrages dont "Lectures du Coran" (1982), "Pour une critique de la raison islamique" (1984) ou "L'islam : morale et politique" (1986), parus chez Maisonneuve-Larose.