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Il est grand temps de penser le Maroc d'après

Moins inégalitaire, plus solidaire, créateur de valeurs et d'emploi


Ahmed Saaidi
Mercredi 27 Mai 2020

 Il est grand temps de penser le Maroc d'après                
Moins inégalitaire, solidaire, moderne, démocratique, créateur de valeurs et d'emploi, inclusif, redistributif de ses richesses et disposant de services publics et d'un système d'enseignement performants et au dipason des besoins
 
A deux semaines de la fin de la troisième phase de confinement, le constat s’impose avec acuité et urgence : nous vivons un moment exceptionnel, tant les crises combinées qui nous ont si violemment frappés ont mis à nu nos nombreuses fragilités et failles et tant, aussi, les lendemains sont si incertains que personne n’ose s’y aventurer autrement qu’en conjectures. Si la pandémie de Covid-19 a fait naître mille solidarités, la période qui lui fera suite sera propice au catastrophisme, aux fuites en avant, aux populismes démagogiques et à la répétition aggravée des mêmes recettes qui avaient le vent en poupe durant la phase qui l’a précédée. Mais elle rend aussi et plus que jamais visible l’urgence d’une alternative radicale et globale à la politique de démantèlement des services publics entamée depuis fort longtemps, mais renforcée depuis notre sortie de la tristement célèbre politique d’ajustement structurel, dont l’actuelle crise a démontré la dangerosité, le dogmatisme, l’inefficience et le caractère borné. Il faut néanmoins se réjouir de voir se poser, de nouveau, la sempiternelle question du changement de paradigmes et de notre manière de redistribuer le produit de notre richesse commune. Et surtout de nous dire que nous avons trop perdu de temps au regard du Rapport du centenaire que nous avons mis dans les tiroirs juste après sa publication il y a quinze ans sans prendre ni le temps de le discuter, ni celui d’en méditer les solutions qu’il nous proposait pour sortir de nos ornières en 2025.
Il aura fallu le Printemps arabe, un changement de Constitution et de nombreux soulèvements populaires dont certains organisateurs paient encore le lourd tribut de la privation de liberté, l’échec officiellement acté de notre plan de développement et l’actuelle crise sanitaire pour que nombre de voix jadis inaudibles se fassent entendre.
Il aura également fallu que S.M le Roi intervienne en personne pour que les lourdeurs administratives et leurs entraves multiformes cèdent le pas à la célérité, à la mobilisation et à la créativité et que les hérauts de l’économie de la rente, les lobbys et autres intérêts catégoriels rentrent la tête pour se mettre dans les rangs en attendant, peut-être, de la ressortir au moment opportun afin que leur « business as usuel » puisse continuer à faire florès et entraîner dans son sillage les ambitions d’une jeunesse désabusée et l’avenir d’un pays dont l’ancrage historique, le régime politique, les valeurs et les solidarités ont toujours été les véritables ciments fédérateurs.
En sera-t-il toujours ainsi ? Les projections établies par les rédacteurs dudit Rapport l’espéraient raisonnablement et à force d’arguments qu’il serait opportun de rappeler.
Pour eux, le Maroc souhaitable se doit d’être un Maroc moderne, démocratique, offrant des chances égales d’accès au développement à tous ses citoyens, capable d’exploiter au mieux ses richesses et d’optimiser ses potentiels de développement, de créer des emplois suffisants et de répondre aux besoins essentiels de ses citoyens. Il devra aussi être fort de sa diversité, moins inégalitaire, plus solidaire, capable d’assumer les vertus de la modernité, de la responsabilité, du travail bien fait, du patriotisme, de la citoyenneté et des valeurs universelles. Bref, un Maroc ouvert sur les valeurs universelles mais soucieux de préserver son authenticité culturelle et attaché aux valeurs citoyennes, solidaire et où règnent la démocratie, la liberté d’expression et le partage équitable des richesses.
Un Maroc dont les citoyens disposent d’une base minimum d’éducation et de droits, d’un tissu social moins éclaté et plus solidaire et où les taux de pauvreté, de chômage et d’analphabétisme sont réduits et contrôlables.
Un Maroc dont l’économie est compétitive, où les écarts de revenus sont réduits et où il existe des filets sociaux à même de permettre la protection des catégories les plus vulnérables.
Un Maroc où la culture prospère et où la population dispose d’une couverture universelle efficiente, d’un accès aux soins bien régulé et planifié en fonction des besoins et dont les services publics sont modernes, efficaces et performants.
Un Maroc où il n’y a pas de bidonvilles et qui dispose d’une éducation de qualité pour tous et d’une formation en adéquation avec les besoins du marché du travail.
Les lenteurs du temps politique nous ont certes fait perdre 15 ans depuis la publication de ce Rapport dont les préconisations stratégiques devraient au moins transparaître à travers les recommandations que la Commission spéciale du nouveau plan de développement fera prochainement, mais il est encore temps de prendre le taureau par les cornes et de mettre à équidistance les valeurs capital et travail.
Plus que jamais, la tâche de penser le Maroc d’après doit, à cet effet, être collective et tellement déterminée à remettre en marche l’économie nationale et à en destiner une part importante des bénéfices  pour combler cette irréfragable aspiration majoritaire à l’équité sociale pour que les decisions qui seront prises pour répondre aux dommages de la crise de Covid-19 ne soient pas une version dramatiquement aggravée et accélérée des logiques éculées qui ont conduit à l’accroissement des inégalités et des injustices.
Pour cela, nous avons besoin de fédérer nos forces, en partant des organisations politiques, syndicales, associatives existantes, mais aussi au-delà d’elles, afin que le Maroc auquel nous aspirons puisse être réellement nouveau et qu’il ait la meilleure chance possible de tenir le cap face à cette mer démontée dont la crise économique qui se profile à l’horizon ne fera que gonfler les dangereuses vagues. 


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