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Le secrétaire général de l’Istiqlal est réputé ne pas avoir la langue dans la poche. Il n’a pas non plus la plume complaisante. Dans ce mémorandum qu’il a remis jeudi 3 décembre au chef du gouvernement, il critique vertement le discours d’Abdelilah Benkirane himself et enjoint le chef de l’Exécutif à adopter « un langage politique responsable » et à « parler au nom de tous les partis de la coalition gouvernementale et non seulement en celui du PJD » dont il est le leader. Le mémorandum ne manque pas de le souligner : l’intérêt supérieur du pays doit prévaloir sur l’intérêt partisan. « En d’autres termes, M.Chabat reproche clairement à M.Benkirane son discours populiste. Et dans la foulée, il lui signifie qu’il réprouve sa façon d’agir en chef de parti et non pas en chef de gouvernement. En fait, Chabat dit tout haut ce que les autres composantes de la majorité pensent tout bas : les islamistes du PJD tentent de phagocyter l’action du gouvernement », commente cet ancien ministre socialiste.
Les décisions gouvernementales relatives aux grandes questions doivent être prises de manière collégiale et non plus de manière unilatérale. Dans leur mémorandum, les Istiqlaliens le font clairement savoir à Abdelilah Benkirane. Pas question pour Hamid Chabat que des dossiers tels que les réformes relatives à la Caisse de compensation ou à la Caisse des retraites –pour ne citer que ces exemples- se fassent dans les cénacles du PJD et sans, surtout, la collaboration et l’assentiment des formations politiques de la majorité. On l’a bien compris, le patron de l’Istiqlal refuse de faire assumer à son parti des décisions impopulaires et surtout celles « engageant le pouvoir d’achat des citoyens et en particulier des couches défavorisées et des couches moyennes ». Dès son élection à la tête du plus vieux parti marocain, le maire de Fès avait dit tout le mal qu’il pensait de la hausse des prix des carburants. Une décision prise par le chef du gouvernement et que l’Istiqlal a beaucoup de mal à assumer surtout lorsque le ministre de l’Energie est un istiqlalien. « L’Istiqlal n’acceptera plus que de telles décisions soient prises dans son dos. Nous refusons de payer le prix de choix que n’aurions pas faits. Nous sommes pour les réformes mais attention, des réformes que nous aurons validées ensemble dans le cadre de la majorité », soutient un parlementaire du parti de la Balance avant d’affirmer que désormais, l’Istiqlal entend imprimer sa marque dans l’exercice gouvernemental, histoire de pouvoir rendre ensuite des comptes à l’opinion publique et, surtout, à ses électeurs.
Fini le temps des
décisions unilatérales
La majorité gouvernementale n’est pas non plus épargnée par Hamid Chabat. Sa charte, signée en grande pompe par les quatre leaders du PJD, de l’Istiqlal, du PPS et du MP, a fait long feu et n’a pas dépassé le cadre de la photo souvenir immortalisée par des photographes croyant saisir un grand moment politique. Chabat réclame la révision de la Charte de la majorité dans le sens de la mise en place de véritables outils efficaces de cadrage des politiques gouvernementales et sectorielles. A l’évidence, le conseil que prévoit pourtant la Charte signée par MM. Benkirane, Abbas El Fassi, Mohand Laenser et Nabil Benabdallah n’a jamais fonctionné.
Chabat veut remettre le train gouvernemental sur les rails. Ce qui suppose, et c’est un allié de la majorité qui le reconnaît, qu’il ne l’est pas, ou ne l’est plus. L’homme qui promettait d’être le poil à gratter de Benkirane et de sa majorité n’a pas failli à sa promesse. Depuis jeudi 3 janvier, le secrétaire général de l’Istiqlal réclame très officiellement un remaniement du gouvernement avec à la clé une nouvelle architecture gouvernementale qui privilégierait la logique des grands pôles, une représentativité des femmes à hauteur de 20% et de celle des représentants des provinces du Sud et une répartition des portefeuilles ministériels sur la base du poids véritable des quatre composantes de la coalition. Non, assurent les proches du secrétaire général de l’Istiqlal, Chabat n’a aucun ministre istiqlalien de l’ancienne ère dans sa ligne de mire. « Il veut juste que soit redynamisée l’action du gouvernement», affirment-ils, main sur le cœur. Toujours est-il que certains locataires de départements détenus par l’Istiqlal doivent retenir leur souffle. Reste enfin la grande inconnue, la réaction du chef du gouvernement qui a jusque-là balayé d’un revers de la main toute perspective de remaniement.