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France: les enfants, souffre-douleur de la politique anti-immigrés


Richard Moyon (RESF)
Mardi 24 Février 2009

France: les enfants, souffre-douleur de la politique anti-immigrés
Coup de téléphone ce samedi matin vers 9h30. Une voix qui m’annonce que mon numéro de téléphone lui a été donné par un frère zairois qui lui assuré qu’il fallait me prévenir au plus vite de ce qui se passe à Roissy… C’est bon pour l’ego au réveil : mon numéro de téléphone circule dans l’immigration comme SOS enfants aux mains de la police aux frontières. La suite est banale, mais toujours pas drôle.
C’est l’histoire d’un petit garçon de 8 ans, Congolais (Brazzaville) . Il est fils d’un père français mais vit avec sa maman à Pointe-Noire au Congo. Il est malade. Aussi son père a-t-il décidé de le faire venir en Europe pour qu’il subisse les examens nécessaires. Il a envoyé de l’argent au Congo pour que l’enfant ait un visa.
Or, ce matin, à l’arrivée de l’avion de Gabon Air Lines en provenance de Pointe-Noire via Cotonou, la police a constaté que le visa de l’enfant était faux. Conformément aux dispositions légales (et scandaleuses) en vigueur, l’enfant a été interpellé.
J’appelle la PAF de Roissy : accueil variable mais toujours poli. RESF, on connait et les policiers ont encore en mémoire les aventures de Djessy (12 ans) et Judelcia (5 ans) arrachés à la ZAPI il y a deux semaines. Après 30 coups de fil, on finit par me dire qu’on ne peut rien me dire mais que néanmoins, il y a bien un mineur au poste de police du Terminal 1 et qu’il va bien et sera probablement envoyé en Zone d’attente (ZAPI, une sorte de prison pour étrangers qu’on souhaite empêcher d’entrer en France). Je répercute au père.
Que des vérifications soient faites à la fois sur l’identité de l’enfant et celle des adultes qui l’accueillent est indispensable. Pour autant, la place d’un mineur qui n’a commis aucun délit n’est certainement pas au poste de police puis en zone d’attente. Il doit être admis sur le territoire et confié le temps de l’enquête aux services compétents de l’aide à l’enfance sous l’autorité d’un juge des enfants. C’est la seule solution humainement acceptable et conforme aux conventions internationales des droits de l’enfant.
Il est évidemment hors de question que Chiden-Salamandre soit renvoyé vers sa destination de provenance (Cotonou au Bénin) où personne ne l’attendrait (sa mère est au Congo).
Il doit être remis sans délai à son père puisque son identité est établie (son passeport est authentique) ainsi que celle de son père (qui a une carte d’identité française en cours de validité).  Or, il est arrivé que des mineurs soient réexpédiés sans qu’on se soucie trop des conditions dans lesquels ils seront accueillis ni de qui les attendra. C’est ce qu’il faut empêcher.
Rédaction en urgence d’un communiqué envoyé à de nombreux journalistes dans lequel, élargissant la question, on rappelle que «la persécution des enfants est une constante de la politique anti-immigrés de M. Sarkozy. Elle lui avait valu le titre de Ministre de la Chasse à l’enfant quand il avait fixé au 30 juin 2006 l’ouverture de la chasse aux familles. M. Hortefeux avait largement gagné son titre de Ministre de la Rafle et du drapeau. M. Besson semble suivre la même voie (entre autres en laissant la police organiser des rafles à proximité du consulat du Mali, rue Pelleport dans le XXe arrondissement parisien comme ce fut encore le cas le 19 février».
Mais «outre Chiden-Salamandre en prison à Roissy», le ministre fait d’autres victimes, entre autres (liste hélas loin d’être exhaustive) :
•  Oumaïma (10 ans), Ayoub (7 ans) et Amine (3 ans), enfants de M. Barkous qui se cache depuis que la gendarmerie a tenté de l’arrêter à son domicile à Privas (07).
• Juliana (3 ans) qui pleure son papa, Shixiong Lin (27 ans) réexpédié hier en Chine sans sa fille et sa femme. Le cabinet du ministre était au courant.
• Davidson (3 ans) et sa demi-sœur Roseline (4 ans) pleurent aussi leur père, Pierre Lapointe, renvoyé avant-hier en Haïti, pays qu’il avait fui il y a 9 ans. Le cabinet du ministre était au courant.
• Elodie, 13 ans est, elle aussi quasi-orpheline depuis hier, mais de mère : Marie-Noelle M’BANI a été expulsée au Cameroun, laissant ici sa fille et son père français. Le cabinet du ministre était au courant.
• Maria (3 ans) et Amina (7 mois) attendent leur père Ammar Amedjar, emprisonné à Angers pour avoir refusé d’embarquer pour le Maroc en abandonnant sa femme et ses filles. Il risque d’être mis directement dans l’avion à sa sortie de prison, probablement la semaine prochaine. Le cabinet du ministre est au courant.
• Naphtali (15 mois) risque de perdre son père Ogima TSASA NDUKA dans les tout prochains jours. Condamné à de la prison il y a 10 ans, Ogima qui a purgé sa peine, avait été frappé d’une interdiction du territoire (on croyait que la double peine n’existait plus ?) Il est en rétention et risque d’être renvoyé très vite  vers le Congo (RDC), faisant de Naphtali un quasi-orphelin de père et peut-être un orphelin tout court car Ogima est classé comme opposant en RDC. Le cabinet du ministre est au courant.
• Sofiane (4 mois) a, lui, sauvé son père, Rachid Mameri qui était présenté au JLD après 48 heures de rétention. Sofiane était dans la salle d’audience, dans les bras de sa jeune maman française, sous chimiothérapie. Scandalisé, le juge l’a libéré contre l’avis du Parquet (aux ordres de Madame Dati) qui a fait appel. La Cour d’Appel décidait le lendemain de remettre Rachid en rétention. A cette nouvelle, la mère de Sofiane faisait un malaise et devait être évacuée. Le bébé était placé dans les bras de son père qui lui donnait le biberon devant un rang de gendarmes honteux du travail qu’on leur fait faire. Finalement, la préfecture de police a renoncé à demander aux gendarmes d’arracher l’enfant des bras de son père pour le confier à l’ASE comme le demandaient les services de Mme Dati. Rachid a été libéré et son arrêté d’expulsion abrogé.
Vive la République, vive la France !


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