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Football brésilien : Entre caisses pleines et tragédies

Mercredi 20 Février 2019

Il y a huit jours, dix adolescents sont morts brûlés vifs dans le centre d'entraînement du Flamengo à Rio, la pire tragédie de son histoire pour le club de football aux revenus les plus importants du Brésil.
Aujourd'hui, le pays se demande quel est le prix à payer pour rester la principale pépinière de talents du football mondial.
Un incendie apparemment dû à un court-circuit dans la climatisation a embrasé le 8 février à l'aube les préfabriqués dans lesquels dormaient les espoirs, tuant dix jeunes de 14 à 16 ans et provoquant une vive émotion dans le pays.
Les jeunes sont morts dans l'un des centres d'entraînement les plus modernes du Brésil, près de là où s'étaient entraînées leurs idoles. Mais dans des lieux signalés comme étant un parking, où les pompiers n'avaient pas donné un certificat de sécurité et dont la mairie avait ordonné la fermeture en 2017. Le club avait déjà reçu 31 amendes pour cette raison.
"La situation est très dure parce qu'il s'agit d'une relation essentiellement mercantile. Les clubs veulent investir le minimum possible (en formation) et obtenir le maximum de bénéfices. Quant aux jeunes, ils ont une opportunité énorme de changer de vie", explique à l'AFP Erich Beting, expert en marketing sportif.
Le Brésil est le plus grand exportateur de footballeurs au monde. L'an dernier, plus de 1.750 joueurs brésiliens ont fait l'objet de transferts internationaux entre clubs, selon la FIFA, largement devant l'Argentine, avec 891 joueurs.
Sur les 93 fédérations mondiales, 78 ont au moins un Brésilien, la nationalité qui génère le plus de transactions financières sur la planète football.
Les seuls transferts des très jeunes Vinicius Junior au Real Madrid et Lucas Paquetá à l'AC Milan ont rapporté à Flamengo 85 millions d'euros. Tous deux avaient partagé jusqu'à ces derniers mois les mêmes installations du centre d'entraînement que celles où sont morts les espoirs du Flamengo.
"Il y a des milliers d'enfants et d'adolescents dans des clubs avec moins de ressources. Si ceci s'est passé dans un club comme Flamengo, que peut-il arriver dans le reste du Brésil?", s'interroge Ana Christina Brito Lopes, spécialiste en droit des jeunes, qui demande davantage d'inspections.
Très marqué par la tragédie dans ce qui a été "sa maison" pendant 13 ans, l'ex-portier Getulio Vargas, 36 ans, se pose la même question. Il a pris à témoin les réseaux sociaux.
Le joueur à la retraite, ex-membre du centre de formation du "Fla", a demandé à ses contacts de parler des installations dangereuses qu'ils auraient vues.
Il a reçu plus de 350 témoignages de joueurs et de mères d'espoirs -- auxquels il a garanti l'anonymat -- appuyés par des photos choquantes : matelas au sol, enchevêtrements de câbles électriques, cuisines ou salles de bain insalubres et mobilier cassé dans les différentes résidences des centres de formation.
"Je crois que le plus grand problème du football brésilien c'est la gestion des ressources. Il y a beaucoup de choses à améliorer", a dit Vargas, commentateur sportif.
La tragédie de Flamengo a représenté un coup de semonce pour les autorités, qui ont ordonné une série d'inspections ayant mis au jour une série de problèmes dans de nombreux clubs.
Certains, comme le riche club de Sao Paulo, ont devancé les inspections en faisant déménager leurs joueurs dans des installations déjà certifiées sûres.
Le club des Corinthians se dépêche de son côté de mettre aux normes les logements de ses espoirs dans les trois mois accordés par la mairie, tout comme celui du Cruzeiro de Belo Horizonte.
Lundi, un autre incendie dans les installations du modeste club de Bangu a conduit à l'hôpital deux joueurs du "sub-20" (espoirs), près de la tragédie du Flamengo.
A Rio, les autorités ont fermé le centre d'entraînement de Vasco da Gama et l'un des centres qui accueille les joueurs de Botafogo, en attendant qu'ils respectent les normes de sécurité.
Les hommages et cérémonies de recueillement passés, beaucoup attendent davantage.
"Il faut punir pénalement (les responsables). Si c'est le club qui se fait passer pour la victime de la situation, c'est de mauvais augure pour la suite", avertit Beting.
Quoi qu'il arrive, l'année 2019 a commencé sur une note bien sombre pour le football brésilien.


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