Comment pourrait-on se le permettre quand, tout un mandat durant, l’on s’est rendu coupable des attitudes les plus misogynes et des réflexions les plus machos?
Les Marocains ont pratiquement plébiscité la Constitution de 2011, l’article 19 y compris bien évidemment. « L’homme et la femme jouissent à égalité des droits et libertés à caractère civil, politique, économique, social, culturel et environnemental », stipule ledit article.
En préambule du texte suprême, il est dit : « Le Royaume du Maroc s’engage à combattre et à bannir toute discrimination à l’égard de quiconque en raison du sexe ». C’est on ne peut plus clair sauf dans l’esprit de Benkirane et de sa tribu.
Sinon comment s’expliquer les sorties incontrôlées sous la Coupole de celui qui se trouve (pour notre malheur) chef du gouvernement? Tout le monde se rappelle notamment cette réaction puisée dans un langage ordurier qu’il a infligée à une députée parlementaire. En aurait-il fait de même s’il avait à s’adresser à un député ? Rien n’est moins sûr.
Pour rappel, le même Benkirane s’est adressé trop maladroitement et en public à une animatrice en ces termes : «Je te connais pas, mais tu me plais». Une déclaration ou une boutade dont il était le seul à en rire, de ce rire hystérique qu’on lui connaît. La femme, pour lui, n’est pas plus qu’un objet. C’est tout au plus « un lustre » et sa place est forcément au foyer, suspenduE au plafond qui plus est.
« Les femmes qui travaillent ne trouvent plus le temps de se consacrer à leurs enfants et à leur famille … », avait-il osé.
Autre ineptie machiste du même personnage politique : « L’épouse est toujours frugale contrairement à la maîtresse qui revient plus cher » … Avec, bien entendu, l’homme toujours au centre, au centre du monde si l’en est. La première essaie de protéger l’argent de son mec, alors que la seconde n’en a cure. Quelle perspicacité ! Quelle platitude plutôt ! Quelle inconstance ! Et quelle stupidité !
Le plus grave dans tout cela, c’est que cela se traduit dans les prises de position et de décision d’un gouvernement qui, par la force des choses, ne peut pas ne pas être rétrograde.
L’égalité des genres? Il ne faut surtout pas en parler à ces gens-là. Les associations féminines ont beau revendiquer et le CNDH a beau recommander, quand on nourrit une phobie à l’égard de la femme, c’est inguérissable, quand on est misogyne, on est fatalement indécrottable.
Le souci de Benkirane et de ses ouailles est substantiellement électoraliste. Il cherche à ratisser large, il est habité par le désir de plaire à ces islamistes radicaux dont, d’ailleurs, il ne s’est jamais ouvertement départi. Au fait, y aurait-il quelque différence entre un islamiste extrémiste et un islamiste tout court ?
Il ne serait peut-être pas superflu de rappeler à Benkirane que c’est pas bien de dire aux Marocaines et aux Marocains que travailler en dehors du foyer conjugal, c’est «haram» mais permettre (voire intervenir selon quelques dires) que sa propre fille intègre la fonction publique et même le secrétariat général du gouvernement … c’est « halal » …
A propos, on n’a toujours pas oublié ses trop précieux conseils aux jeunes diplômés (autres que sa progéniture) de s’orienter vers le privé et d’oublier une bonne fois pour toutes le public.
Dernière minute : Abdelilah Benkirane vient de lancer à la face du monde qu’il « habite dans la maison de [son] épouse». Le veinard !
Dans ce cas, la respectable Madame Nabila Benkirane, que Dieu la lui garde, c’est plus qu’un lustre. C’est elle toute la maison.