C' est la rentrée parlementaire ce vendredi 14 octobre. Il s’agit de la deuxième année législative du mandat actuel du gouvernement qui ne sera pas de tout repos pour la majorité gouvernementale. En effet, nombreux sont les projets de loi de grande importance sur les plans économique et social qui sont censés être débattus et votés, dans un contexte national et international marqué par la multiplication des crises et des défis à relever. A commencer par les textes portant essentiellement sur les domaines de l'amélioration du climat des affaires, de la justice et de la réhabilitation du système de santé, en passant par la loi de Finances et arrivant jusqu’à la réforme de la Modawana, la loi sur l’organisation de la grève et la loi relative aux syndicats. Ceci d’autant que l’actuelle rentrée sera fortement marquée par les effets néfastes des mutations politiques internationales et du changement climatique sur le niveau des prix des produits de première nécessité et des carburants. Pis, l’Exécutif entamera une nouvelle rentrée politique et sociale après une année d’échec gouvernemental, notamment au niveau de la prise de décision nécessaire pour protéger le pouvoir d’achat des citoyens. Le projet de la nouvelle charte d'investissement est l’un des projets très attendus vu que l’opérationnalisation de cette charte constitue un chantier important, en mesure d’assurer un bond qualitatif à l’économie nationale, de permettre aux entreprises de créer des emplois stables et de parvenir à une justice spatiale entre les différentes provinces et préfectures. En effet, les dispositions économiques et sociales introduites par la nouvelle charte d'investissement sont de nature à créer les conditions nécessaires pour garantir une croissance économique adéquate. A noter que ce projet constituera une locomotive pour le développement de l’investissement privé et contribuera à l’essor de la production économique du Royaume. L’opérationnalisation du chantier de la protection sociale, initié par S.M le Roi, sera l’un des sujets de débat lors de la prochaine rentrée. D’autant que ce dossier suscite encore des interrogations quant à ses capacités de financement puisqu’il nécessite un budget colossal. Plusieurs acteurs syndicaux ou politiques soutiennent que le financement de ce projet ne doit pas se faire uniquement par les actuels participants ni au détriment du pouvoir d'achat des citoyens fortement malmené par l’actuelle crise. La question de la gouvernance de cet atelier ainsi que celle relative aux infrastructures médicales posent également problème. En effet, tout le monde est d’accord sur le fait que la réussite d’un tel chantier est fortement liée à l’existence d’infrastructures performantes et gratuites, de bonne qualité assurant la dignité des citoyens. La question de la généralisation de la protection sociale renvoie à une autre, celle relative au Registre social unifié, qui peine à démarrer, alors que son déploiement ainsi que ses mécanismes de suivi constituent une étape importante dans le cadre de la mise en œuvre du chantier de la généralisation de la protection sociale et un des instruments les plus efficaces pour cibler les familles pauvres et vulnérables. En outre, ce déploiement constitue une étape pratique importante pour améliorer l’efficience des programmes sociaux et s’inscrit dans une perspective intégrée pour le renforcement des fondements de l’Etat social, incluant le parachèvement de la couverture maladie obligatoire à l’horizon 2022 et la généralisation des allocations familiales à fin 2023. Concernant la poursuite du dialogue social, le gouvernement est appelé à prendre des engagements financiers afin de mettre en œuvre les accords pris, notamment en ce qui concerne le nouveau statut de la fonction publique qui exige des engagements financiers de la part de l’exécutif par le biais d'une loi. Ce dernier est également appelé à prendre les mesures nécessaires pour la création et la préservation d'opportunités d'emploi, et ce afin de surmonter les répercussions de la crise liée au Covid-19 et aux effets de la sécheresse et ceux de la guerre en mer Noire. Parmi les grands dossiers à résoudre, il y a aussi celui de l'augmentation des salaires qui constitue l'une des priorités les plus importantes pour les syndicats ainsi que pour une grande majorité de citoyens, notamment après les hausses vertigineuses des prix de divers produits de base ainsi que ceux des carburants. Certains syndicalistes estiment que la résolution de ce point passe, soit par la réduction de l'impôt sur le revenu, soit par l'augmentation directe des salaires. A rappeler que l’exigence de réduire l’IR est l'une des questions les plus importantes ayant été reportées, dans le cadre du dialogue social, à la session de septembre. L’IR a, en effet, toujours été considéré comme significativement élevé et sa réduction a été l’une des promesses de la campagne électorale. Cette question se pose aujourd’hui avec acuité, notamment suite aux atteintes successives au pouvoir d'achat des citoyens, en particulier ceux à faible revenu. A souligner que l’actuelle équipe gouvernementale n'a pas bougé le petit doigt et n'a pris aucune initiative en faveur de la classe ouvrière. Idem pour la question des retraités et personnes âgées, notamment celles sans revenu ou à revenu limité qui n’a pas bougé d’un iota. En effet, Akhannouch a indiqué que son parti accorde une attention particulière à ces personnes en expliquant que le programme politique de son parti propose d’accorder une aide mensuelle pouvant atteindre 1.000 DH à l’horizon 2025, dans l’objectif de permettre à cette catégorie de mener une vie décente. Le gouvernement est également obligé de mettre en place les décisions liées à la retraite, prises dans le cadre de l’accord du 30 avril, notamment celles liées à la Caisse nationale de sécurité sociale, relatives à la réduction du nombre de jours de travail requis pour obtenir sa retraite. Pour le député Abderrahim Chahid, président du Groupe socialiste à la Chambre des représentants, la nouvelle rentrée exige une nouvelle approche de la part du gouvernement en mesure de répondre aux attentes des Marocains en matière de santé, d’éducation, d’emploi et de protection sociale. En effet, les partis de l'opposition critiquent l’hégémonie du gouvernement sur le Parlement et l'absence de l’esprit d’égal à égal lors des discussions de la législature. Les partis de l’opposition estiment également que sur le plan législatif et de contrôle parlementaire, la dernière session a été en dessous du niveau de leurs aspirations, tout en indiquant l'existence de nombreuses pratiques contraires à la Constitution qui ont commencé avec la formation du gouvernement sans parler de la forte présence d’un esprit d'hégémonie et de monopole.