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Etre tout ouïe, oui Mais à volume réduit

D'ici 2050, une personne sur quatre souffrira de troubles auditifs de par le monde


Libé
Jeudi 11 Mars 2021

Etre tout ouïe, oui Mais à volume réduit
Attention, vous avez une chance sur quatre d’être atteint d’une déficience auditive d’ici 2050. En effet, près de 2,5 milliards de personnes dans le monde, soit une personne sur quatre, souffriront de déficience auditive à des degrés divers d’ici-là , selon le premier rapport mondial sur l’audition de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Autrement dit, au moins 700 millions de ces personnes auront besoin de soins auriculaires et auditifs et d’autres services de réadaptation, si rien n’est fait. L’OMS estime que pour 1 dollar américain investi, les gouvernements peuvent escompter un gain de près de 16 dollars.


Toujours selon le même document, le manque d’informations exactes et la stigmatisation des maladies de l’oreille et de la déficience auditive limitent fréquemment l’accès aux soins. « Souvent, même le personnel soignant manque de connaissances en matière de prévention, de dépistage précoce et de prise en charge de la perte d’audition et des maladies de l’oreille, et n’est donc pas en mesure de dispenser les soins nécessaires », précise le rapport. Et d’ajouter : « Dans la plupart des pays, les soins auriculaires et auditifs ne sont pas encore intégrés au système de santé national et les personnes souffrant de maladies de l’oreille ou de déficience auditive ont difficilement accès aux soins. En outre, l’accès à ces soins n’est guère mesuré et étudié, et le système d’information sanitaire est dépourvu d’indicateurs sur ce problème ».

Mais c’est dans le domaine des ressources humaines que le manque de moyens du système de santé est le plus flagrant, souligne l’OMS. Dans environ 78% des pays à faible revenu, il y a moins d’un spécialiste ORL pour un million d’habitants; 93% de ces pays ont moins d’un audiologiste pour un million d’habitants; seulement 17% ont au moins un orthophoniste pour un million d’habitants; et 50% ont au moins un enseignant pour malentendants pour un million d’habitants.« Même dans les pays où la proportion de professionnels des soins auriculaires et auditifs est relativement élevée, les spécialistes sont inégalement répartis. Ces disparités créent non seulement des difficultés pour les personnes qui ont besoin de se faire soigner, mais imposent aussi une charge excessive aux catégories de personnel assurant ces services », note le rapport

Qu’en est-il de la situation au Maroc ? Selon plusieurs experts, des chiffres précis et exhaustifs sur le nombre de personnes qui souffrent de déficience auditive n’existent pas. Idem pour les études épidémiologiques. Lesseuls chiffres qui existent datent de 2004. Ils proviennent des résultats de l’enquête nationale sur le handicap de 2004 réalisée par le Secrétariat de l’Etat chargé de la Famille, de l’Enfance et des Personnes handicapées. D’après cette enquête, le handicap auditif représente 4,14% de l'ensemble des situations de handicap au Maroc, soit un total de 63.400 cas auxquels s'ajoutent, annuellement, environ 630 nouveaunés avec une surdité congénitale grave. Des chiffres en constante augmentation, selon certains experts, du fait de l’allongement de la durée de vie des Marocains qui est passée à 75 ans pour les femmes et à 73 pour les hommes. Pourtant, depuis 2015, il y a eu l’élaboration par le ministère de la Santé d’un protocole d’enquête sur la prévalence et les causes des déficiences auditives au Maroc selon la méthodologie OMS et en concertation avec des experts nationaux. L’objectif a été de déterminer la prévalence de la surdité au niveau national et ses différentes causes au Maroc en vue de développer un programme national de lutte contre cette maladie. Mais rien n’a été fait jusqu’à présent. « Souvent, on utilise des projections statistiques élaborées à partir d’enquêtes et de publications étrangères particulièrement occidentales tout en prenant compte des spécificités nationales », nous a indiqué A.Z, un spécialiste casablancais. Et d’ajouter : « Ce manque de statistiques au niveau du Maroc n’est pas un cas exceptionnel puisqu’il est observé dans plusieurs pays du monde. Le seul chiffre dont nous disposons au Maroc est celui relatif au nombre d’enfants atteints d’une surdité congénitale qui concerne les enfants sourds ou souffrant d'une perte auditive à leur naissance et qui évoluera par la suite avec le temps. On recense au Maroc près de 500 cas par an ».

Concernant la prise en charge, plusieurs spécialistes nous affirment que l’accès aux soins reste limité vu le coût élevé de celle-ci. « Le ministère de la Santé a effectivement déployé des efforts importants en matière de dépistage et de prise en charge de la déficience auditive comme c'est le cas pour l'acquisition de prothèses auditives au profit de personnes démunies souffrant de déficiences auditives et l’organisation de campagnes annuelles de dépistage et de prise en charge », nous a indiqué notre interlocuteur. Et de préciser :« Cependant, cette prise en charge demeure insuffisante vu que l’obstacle financier entrave l’accès aux soins de plusieurs personnes notamment celles qui sont démunies économiquement. Même avec les efforts déployés au niveau des mutuelles et du RAMED, beaucoup reste encore à faire pour faciliter cet accès. Les technologies telles que les aides auditives et les implants cochléaires ainsi que les services de soutien appropriés et une réadaptation demeurent encore chers».

«Pour que les avantages de ces progrès et solutions technologiques soient équitablement accessibles à tous, les pays doivent adopter une approche intégrée et centrée sur la personne », a déclaré la Dre Bente Mikkelsen, directrice du Département des maladies non transmissibles à l’OMS. « Il est essentiel d’intégrer lessoins auriculaires et auditifs dans les plans de santé nationaux et de les dispenser dans des systèmes de santé renforcés, au titre de la couverture sanitaire universelle, pour répondre aux besoins des personnes à risque ou atteintes d’une déficience auditive. ».

Hassan Bentaleb


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