Entretien avec l'écrivain Faquihi Sahraoui : “Chez nous, les écrivains sont oubliés”


PROPOS RECUEILLIS PAR ALAIN BOUITHY.
Lundi 16 Mars 2009

Entretien avec l'écrivain Faquihi Sahraoui  : “Chez nous, les écrivains sont oubliés”
« Non, il n'est pas mort » est l'intitulé
du nouveau roman
de l'écrivain Faquihi Sahraoui paru
récemment aux Editions Somagram.
Dans son nouvel ouvrage,
l'auteur de « L'Impasse »
et "Le tableau noir"
relate l'histoire de Raad, conteur qui,
voyant son auditoire
se réduire en peau
de chagrin, décide
de livrer son identité,
son histoire, celle
du père qu’il n’a pas connu. 

Libé : Que peut-on savoir sur votre nouveau livre, « Non, il n'est pas mort »?

Faquihi Sahraoui: La trame narrative se situe deux ans avant l'Indépendance et deux ans après. Le livre évoque l'histoire d'un homme à qui l'on a dit que son père était mort alors que, d'après ses souvenirs, il ne se souvient pas l'avoir perdu.
Les seuls souvenirs sont ceux de deux personnes venues à la maison pour prendre son père et qui ont prétendu le ramener plus tard. Mais il n'est plus revenu.
Symboliquement, c'est la perte du père qui est évoquée dans ce livre. Mais pour ce personnage, il n'est pas mort.

Quel message entendez-vous véhiculer à travers cette disparition au centre de votre livre?

Le message principal est qu'il y a toujours de l'espoir. Tant qu'il y a la vie et malgré tout ce que l'on peut faire ou dire à ce sujet.

Avez-vous choisi une écriture plus accessible pour raconter cette histoire, vous qui êtes aussi poète?

Par moments, je me dis que c'est un chant parce que c'est le chant de l'enfant du personnage principal qui est le père.
C'est en même temps un récit et un chant. Des fois il y a des retours en arrière.  De toutes les façons, il y a des capsules à l'intérieur. C'est au lecteur de restructurer ou de trouver l’unité profonde du livre.

Quelle suite comptez-vous donner à votre livre ? Prévoyez-vous des séances de présentation et de signatures ?

C'est prévu. Seulement, je constate que cela manque dans notre pays. En plus, il n'y a pas de critiques au Maroc ni de suivi de livres qui paraissent et disparaissent sans que personne ne s'en rende compte.
Ce n'est pas à l'écrivain d'organiser des séances de signature, plutôt aux maisons d'éditions. Sauf que ces dernières ne le font pas.
C'est pareil pour les maisons de distribution, tout en sachant que l'écrivain ne peut tout faire seul.

A vous entendre le livre serait complètement délaissé…

J'aimerais qu'on s'occupe un peu de la lecture au niveau de l'Etat, que soient mis en place des programmes consacrés principalement à la lecture, qui permettent de faire connaître des écrivains et contribuer à promouvoir le livre. Car, il y a encore beaucoup à faire à ce niveau du fait qu'on oublie souvent la lecture.
On ne forme pas les gens à ce niveau tout comme on n'essaie pas de trouver des moyens qui peuvent inciter les gens à lire.

Aurait-on consciemment oublié le livre?

Je crois que oui, parce qu'on fait beaucoup de choses dans d'autres domaines, pour le football et le cinéma, par exemple. Mais, rien n'est fait pour promouvoir la lecture : on ne pousse pas les gens à s'y intéresser. En plus, les écrivains chez nous sont complètement oubliés.

Faut-il croire qu'un bon écrivain serait celui qui a un pouvoir réduit ?

Je crois que l'écriture, c'est un pouvoir comme la presse. Dès lors qu'on sait exactement ce que vous allez faire d'un sabre, on n'ose pas vous le donner. Parce que ce serait vous donner un pouvoir.



Extrait du livre

«La débâcle a commencé au sein de ma famille cette nuit où des étrangers (mais des nôtres cette fois-ci) entrèrent pour te ligoter toi, mon père, comme on ligoterait les poules destinées à la vente, la veille des jours de souk.
De peur ou de naïveté, tu refusas la violence pour te défendre.
Tu psalmodiais deux sourates après une courte prière. Les deux étrangers répétèrent à ma grand-mère que tu étais leur frère, et qu'ils te ramèneraient quand ils auraient fini avec toi. Elle flaira le malheur quand même… » (Page 15)
Sahraoui Faquihi, Éd. Somagram. 155 pages.



Lu 1881 fois


1.Posté par YASMINE le 14/08/2011 02:08
J'aIME BIEN VOTRE ROMAN.

2.Posté par abdelmjajid le 17/11/2012 13:25
c'est un roman que j'ai bien apprécié, il est instructif et raconte une partie de notre histoire, celle de la résistance et des prétendus wataniya (nationalistes) qui ont profité de la naiveté de leur entourage pour abuser de leur confiance et bafouer leur dignité.
le style est accessible à toutes les pensées.

Nouveau commentaire :

Votre avis nous intéresse. Cependant, Libé refusera de diffuser toute forme de message haineux, diffamatoire, calomnieux ou attentatoire à l'honneur et à la vie privée.
Seront immédiatement exclus de notre site, tous propos racistes ou xénophobes, menaces, injures ou autres incitations à la violence.
En toutes circonstances, nous vous recommandons respect et courtoisie. Merci.







L M M J V S D
1 2 3 4 5 6 7
8 9 10 11 12 13 14
15 16 17 18 19 20 21
22 23 24 25 26 27 28
29 30          


Inscription à la newsletter



services