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Réunis pour un congrès virtuel, les délégués de 145 fédérations membres devront désigner le candidat le plus apte à restaurer trésorerie et crédibilité, sur lesquelles l'instance joue sa survie. L'AIBA, qui chapeaute un sport très populaire et déjà olympique dans l'Antiquité, "a moins d'un million de francs suisses (930.000 euros) sur son compte", affirmait mercredi l'Azerbaïdjanais Suleyman Mikayilov, l'un des favoris.
Or "la majeure partie de cette somme sera bientôt dépensée pour apurer des dettes urgentes", rendant l'organisation incapable d'honorer un gros remboursement dès janvier, poursuit-il.
L'AIBA ne pourra pas compter sur la manne olympique pour se renflouer, estimée à 17,5 millions de dollars pour la boxe: en mai 2019, elle est devenue la première fédération internationale privée de l'organisation de son propre sport aux JO de Tokyo. Exaspéré par de multiples défaillances en matière de gestion, de finances et d'arbitrage, le Comité international olympique a "suspendu" l'instance, confiant le tournoi olympique de boxe à une cellule constituée par le président de la Fédération internationale de gymnastique.
Créée en 1946, l'AIBA n'en est certes pas à sa première polémique, tant les mises en cause de l'arbitrage et les soupçons de corruption ont émaillé nombre d'éditions des JO, dont celles d'Athènes, Pékin, Londres et Rio. Mais l'instance n'a cessé de s'enfoncer depuis le départ contraint en novembre 2017 du Taïwanais Ching-Kuo Wu, son président depuis 2006, auquel ses adversaires reprochaient sa mauvaise gestion financière.
L'AIBA a alors opté pour l'Ouzbek Gafur Rahimov, décrit depuis 2012 par le Trésor américain comme "l'un des leaders du crime organisé" local, "spécialisé dans la production de drogues en Asie centrale" et lié à deux mafias, les Brothers' Circle et les Voleurs dans la loi. Une commission d'enquête ordonnée en novembre 2018 et dirigée par le Serbe Nenad Lalovic s'inquiétait de "l'impact" de cette désignation sur la réputation du mouvement olympique, mais aussi sur les liens avec de potentiels sponsors américains. Car l'AIBA a creusé une dette "qui pourrait atteindre 29 millions de francs suisses (27 M EUR) d'ici le 30 juin 2021", selon le rapport Lalovic, compromettant l'avenir de la discipline. La "mise en retrait" de Gafur Rahimov en mars 2019 n'a pas redressé les comptes ni abouti aux réformes réclamées par le CIO - défis que les six candidats à la présidence prétendent désormais relever. Le plus offensif sur le plan financier est le Russe Umar Kremlev, qui promet d'apurer la dette en six mois et de lever 50 millions de dollars sur deux ans auprès de sponsors, qui permettront de créer des "académies" sur chaque continent.
"J'ai des discussions avec des entreprises internationales, mais il n'est pas opportun de les nommer avant l'élection", explique à l'AFP l'entrepreneur de 38 ans, qui a notamment dirigé une société de sécurité privée et appartenu aux "Loups de la Nuit", un groupe de motards pro-Kremlin.
Umar Kremlev mise également sur de nouvelles compétitions pour lever des droits TV, dont une Coupe du monde en Russie, malgré la mise au ban des tournois internationaux qui plane sur son pays. Face à lui, Suleyman Mikayilov, 58 ans, ancien boxeur soviétique devenu avocat, avance un accord d'effacement de 10 millions de dollars de dette décroché avec la compagnie azerbaïdjanaise Benkons, ainsi qu'un engagement de Nobel Oil Group, autre firme de Bakou, à sponsoriser l'AIBA.
Côté gouvernance, Mikayilov s'est associé à l'ancien ministre britannique des Sports Richard Caborn, proposant une batterie de mesures destinées à restaurer le statut de l'AIBA auprès du CIO. Plus flous dans leurs manifestes, quatre autres candidats sont en lice: le Marocain Mohamed Moustahsane, actuel président par intérim de l'AIBA, l'Emirati Anas Al Otaiba, le Néerlandais Boris Van der Vorst et l'Allemand Ramie Al-Masri.