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Dua Lipa : Si j’avais été un homme, mes performances scéniques me vaudraient de bien meilleures critiques

Samedi 8 Février 2020

Dua Lipa : Si j’avais été un homme, mes performances scéniques me vaudraient de bien meilleures critiques
Dua elle-même, n’aurait pu prévoir cette trajectoire. Elle a fait son entrée,
discrète, mais affirmée, en 2015, avec New Love, son premier single. Après, tout va très vite à partir de 2018 : en 2019, elle devient l’artiste féminine la plus streamée sur Spotify. A lui seul, le morceau New Rules a été écouté plus d’un milliard de fois. Pour le clip d’Idgaf, c’est plus de 500 millions de vues sur YouTube. Toujours en 2018, elle remporte deux Brit Awards, avant d’en rafler un autre en 2019, et d’ajouter deux Grammy Awards à son palmarès. Evoquant son parcours et son avenir, Dua Lipa a répondu aux questions de Vogue.



Nous ne sommes qu’à quelques semaines de la sortie de votre prochain album. Comment vous sentez-vous ?
A la fois stressée et surexcitée (rires). Pour le premier album, il n’y avait pas vraiment d’attente, mais là, il y a beaucoup plus de pression. Tout le monde parle des difficultés du second album, mais en termes d’écriture, ça a été plus facile pour moi. J’ai l’impression de mieux me connaître, je sais sur quels sujets je veux écrire, je sais comment exprimer mes sentiments. Je sais comment parler de certains sujets tout en m’autorisant à être vulnérable.

Comment voyez-vous, votre premier album, quatre ans plus tard ?
Il a joué un rôle tellement important dans ma vie. Ce que j’aime dans cet album, c’est que ça reste un album de pop, mais très éclectique, avec des sons très différents. Mon nouvel album reste pop et amusant, mais il est plus conceptuel. J’avais déjà le titre de l’album et je suis partie de là. Après écoute, on dirait un peu de la musique d’un entraînement sportif pour une session de danse (rires). J’essaie de ne pas me prendre trop au sérieux, mais ce disque donne une impression de maturité plus forte. Je suis impatiente à l’idée que tout ça recommence.

Vous avez évoqué l’influence de Prince sur ce nouvel album.
Il y a des sentiments intéressants et nostalgiques. J’ai fini par écouter Prince, Outkast, les anciens titres de Gwen Stefani et No Doubt. C’est un mélange assez fou de styles, mais c’est comme ça que je fonctionne. La juxtaposition est présente dans tout ce que je fais. C’est tout à fait moi.

Lisez-vous les critiques ?
Oui, parfois et surtout pour les concerts, pour lesquels j’investis tellement de temps et d’énergie ! Par contre, certaines d’entre elles me font rire parce que j’y vois avant tout le reflet des inégalités liées au genre. J’ai assisté à des concerts de stars masculines (ne demandez pas de noms) où l’artiste vient chanter sa chanson, sans trop en faire, mais récolte tout de même ses cinq étoiles. En tant que femme, on est critiquée sur beaucoup d’aspects différents des concerts. Je me dis que si j’avais été un homme, mes performances scéniques me vaudraient de bien meilleures critiques. Mais en tant que femme, il nous faut travailler plus dur, et c’est quelque chose qui ne me fait pas peur. J’aime donner tort à ceux qui pensent qu’on ne peut pas y arriver. Il est très important pour moi de prendre la parole sur les injustices.

Vous êtes issue d’une famille contestataire. Votre grand-père, Seit Lipa, directeur de l’institut d’histoire du Kosovo, s’est battu pour que tous puissent raconter ce qui s’est passé.
C’est vrai, je viens d’une famille d’immigrés qui m’a toujours dit de me souvenir de mes racines et d’en être fière. Avec tout ce qui se passe dans le monde, il est très naturel pour moi de prendre la parole sur les injustices. Je suis très directe quand il s’agit de sujets qui sont importants pour moi.

Avec votre famille, vous investissez vraiment au Kosovo, avec le Sunny Hill Festival et l’académie du même nom qui soutient les nouveaux talents.
Dès le départ, nous voulions ouvrir une académie artistique au Kosovo, ce qu’on a pu faire après le festival de cette année. L’objectif est de fournir aux enfants de la rue un espace artistique sûr où ils peuvent librement enregistrer des démos et des podcasts. Pour cela, il fallait construire des studios de répétition ainsi qu’un studio d’enregistrement. Evidemment, ça a pris des années, on a négocié avec le maire de Pristina pour avoir un emplacement.
Par ailleurs, l’an dernier, l’argent gagné avec le festival a également servi à financer des ONG dont le travail nous tenait à coeur, à de nombreux festivals indépendants de musique, au chœur philharmonique du Kosovo et également à l’Association Down Syndrome Kosovo. Mais cette année, nous avons enfin pu créer cette académie qui ouvrira véritablement ses portes en 2020. La Quincy Jones Music Academy de Los Angeles a eu l’amabilité de nous offrir trois bourses d’études pour que trois enfants kosovares de Sunny Hill fassent une formation initiale à Los Angeles en écriture et en production musicale, ce qui devrait pouvoir se faire chaque année. Il y a tellement de talents au Kosovo, nous voulons nous assurer que ces enfants aient les bonnes opportunités.

Quels sont les nouveaux noms qui vous enthousiasment dans la musique ?
J’adore Rosalía, Lizzo, Billie Eilish, Barny Fletcher, qui a 20 ans et que je trouve incroyable, Tierra Whack, Loyle Carner, le nouvel album de J Cole Revenge of The Dreamers III est absolument incroyable, j’en suis complètement folle. Le groupe Brockhampton a sorti de très bons morceaux. Megan Thee Stallion est très puissante ! Et les nouveaux morceaux de Bon Iver sont très bons, comme ceux de Jai Paul. Comme vous pouvez voir, c’est un vrai mix, il y a de tout. J’adore la musique et je m’inspire de sons très différents et tout ce qui sort. DaBaby est un nouveau rappeur que je ne connaissais pas vraiment, je viens de m’y mettre, et il est très drôle. Le nouvel album de Skepta est génial. L’album de Dave est génial…

Vous avez collaboré avec une flopée d’artistes très différents : Blackpink, Wizkid, Diplo…Avec qui avez-vous préféré travailler et de qui avez-vous le plus appris ?
Difficile à dire, parce que j’ai fini par devenir amie avec toutes les personnes avec qui j’ai collaboré.

Même Sean Paul ?
Il m’envoie des petits messages parfois, oui… On est potes, il est très sympa. C’est marrant parce que je me souviens que j’écoutais Baby Boy en CE2 et maintenant, on est potes. J’adore travailler avec Calvin [Harris], c’est quelqu’un que je fréquente au quotidien. Je vais au studio et je lui fais écouter mes derniers morceaux, parce que j’aime avoir ses retours. Il y a quelque chose d’assez magique dans le monde de la musique en ce moment, on a l’impression que les artistes se soutiennent vraiment les uns les autres. Il n’y a pas tant de compétition, parce que chacun est unique et creuse son propre sillon. C’est une très bonne énergie.

Vous faites partie des femmes les plus streamées au monde.
C’est effrayant !

Vos chansons ont généré plus de 5 milliards de streams. Comment cela vous fait-il considérer votre succès ?
Je suis juste reconnaissante que les gens aient envie d’écouter mes chansons, de les mettre à des fêtes, ou pour se réveiller. Les chiffres sont complètement fous, et pendant le procédé d’écriture je n’y ai pas vraiment pensé…ça donne le tournis. Ça me pousse à travailler plus dur. Je veux revenir et que les gens soient fiers de moi. Mon dernier concert remonte à décembre, cela fait donc neuf mois que je ne fais qu’écrire dans mon trou, dans ma cave.

Est-ce que cela représente une pression en plus pour la composition d’un nouvel album ?
Bien sûr, mais en même temps, je ne peux en faire qu’une partie. Quand je fais la musique, je l’écoute en boucle, et quand je fais les clips, je les regarde en boucle. Mais une fois que c’est sorti, ça ne m’appartient plus. C’est comme ça que je vois les choses. J’aime l’idée que les gens puissent s’approprier mes morceaux et qu’ils leur donnent leur signification à eux. La musique doit vivre par elle-même. Je n’aime pas trop expliquer ce que signifient les chansons pour moi justement pour que mon histoire n’influence pas cette appropriation.

Quelle est votre chanson de rupture préférée ?
Retrograde de James Blake. C’est une chanson vers laquelle je reviens sans cesse. Elle convient à tous les moments de la vie, c’est un morceau très spécial, il va avec tout.

Côté style, sur les photos, on vous voit dans tous types de tenues, d’un bob de chez Cross Colours jusqu’à de la haute couture Valentino. Comment décririez-vous votre style ?
Messy ? (rires) Tout ce qui n’a pas été froissé dans ma valise le jour où on me prend en photo ? Honnêtement, je porte des habits dans lesquels je me sens bien. Quand je suis en tournée, j’aime soutenir les jeunes stylistes quand je peux. Quand il s’agit d’un gala, comme celui de l’Amfar (fondation pour la recherche sur le SIDA), j’aime porter cette grande robe Valentino. J’aime m’amuser, je n’ai pas de définition de mon style qui tienne en un mot. C’est juste comme ça. Un jour j’ai envie de porter une jolie petite robe et le lendemain je serai en survêt’ de la tête aux pieds.

Une pièce fétiche ?
Un bon jean. C’est difficile d’en trouver un qui convient vraiment à votre corps. Quand vous trouvez ce jean fiable qui passe avec tout, il ne faut plus le lâcher.


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