Driss Lachguar : Les jeunes parlementaires sont appelés à hisser haut le flambeau de la liberté, de la dignité et de la solidarité dans un monde secoué par des crises emmêlées

D’imposantes délégations venant des quatre coins du monde présentes au Forum des jeunes parlementaires socialistes et sociaux-démocrates organisé par l’USFP


Mourad Tabet
Dimanche 4 Mai 2025

La ville ocre s’est transformée vendredi 2 mai courant en carrefour du dialogue politique progressiste, en accueillant la troisième édition du Forum international des jeunes parlementaires socialistes et sociaux-démocrates considéré comme étant une véritable plateforme de réflexion et de coopération entre les jeunes parlementaires issus des quatre coins du globe.

La séance d’ouverture, présidée par le Premier secrétaire du parti de la Rose, Driss Lachguar, a été marquée par une forte présence de dirigeants politiques et parlementaires d’Amérique latine, d’Afrique et d’Asie. Parmi eux figuraient le président du Parlement andin, les vice-présidents des Parlements de la République démocratique du Congo et du Pérou, la secrétaire d’Etat de l’Equateur, ainsi que des représentants du Parlement turc et d’organisations internationales de renom, reflétant ainsi l’importance stratégique de ce forum dans l’agenda politique de l’USFP et son rôle dans la redéfinition de l’engagement parlementaire des jeunes générations.

Dans son allocution d’ouverture, Driss Lachguar a mis l’accent sur la nécessité de repenser le modèle mondial actuel, fondé sur la vérité, la justice, la solidarité et les droits humains.
Abderrahim Chahid
Ce forum constitue une opportunité précieuse pour renforcer les liens entre les jeunes socialistes et promouvoir des valeurs humaines
universelles fondées sur la justice et la solidarité
Il a souligné que le Forum est un espace de « débat libre et responsable et une tribune pour forger de nouvelles visions ancrées dans nos réalités et répondant à nos aspirations collectives », affirmant que la nouvelle génération de jeunes parlementaires doit porter le flambeau de la liberté, de la dignité et de la solidarité dans un monde tourmenté par des crises complexes.

Evoquant le contexte international, Driss Lachguar a exprimé son inquiétude face à l’incertitude croissante que traverse l’humanité, marquée par l’escalade des guerres, des conflits et des crimes de masse. Il a mis en garde contre la complicité de la communauté internationale avec les forces de destruction en assurant : «Les guerres dévastatrices se multiplient, ne laissant pas uniquement des ruines mais atteignant parfois le génocide, au milieu de campagnes de désinformation et du silence complice des décideurs internationaux ».

Le dirigeant ittihadi a également alerté sur la remise en cause du modèle démocratique fondé sur l’Etat de droit, la liberté, l’égalité et la solidarité, face à la montée des visions autoritaires qui gagnent en attrait dans un contexte de perte de confiance. Il s’est aussi arrêté sur le danger que représentent les systèmes technologiques modernes, qui, selon lui, menacent la liberté humaine et produisent une conscience artificielle, appelant à un repositionnement des forces progressistes pour faire face à cette transformation.

Driss Lachguar a appelé à dépasser les slogans en faveur d’une action collective organisée en vue d’un véritable changement, à travers la construction d’un nouveau modèle économique équitable plaçant l’humain et l’environnement au centre des préoccupations.
«La justice spatiale, la justice intergénérationnelle, la redistribution, la justice fiscale, la régulation des monopoles et le renforcement de la souveraineté économique doivent être les axes d’un projet alternatif», a-t-il fait savoir.

Dans ce cadre, le dirigeant socialiste a présenté des priorités claires : un pacte vert mondial pour une justice environnementale globale, une égalité inclusive à travers des politiques intégrant les femmes et les minorités, une démocratie solide protégeant les institutions et luttant contre la désinformation numérique, et une paix humaine durable fondée sur le respect de la souveraineté des Etats et une justice transitionnelle authentique.

Par ailleurs, Driss Lachguar n’a pas mâché ses mots quand il a évoqué sans détour les injustices historiques subies par les peuples du Sud, qui se renouvellent sous de nouvelles formes d’hégémonie.

« La véritable réforme ne réside pas uniquement dans l’octroi de sièges aux pays du Sud au sein des instances décisionnelles, mais dans la reconnaissance des injustices historiques engendrées par le colonialisme, l’exploitation des ressources, les dettes abusives et la délocalisation des industries polluantes», a-t-il martelé, insistant sur le fait que la reconquête de la souveraineté totale -culturelle, scientifique, économique et politique- par les peuples du Sud constitue la condition essentielle à l’émergence d’un véritable multilatéralisme démocratique garantissant coopération, dignité et développement, au lieu de domination et d’exploitation. Il a condamné toutes les pratiques visant à imposer des modèles économiques destructeurs ou à monopoliser le savoir.

Le dirigeant de l’USFP a réaffirmé l’attachement de son parti à la cause palestinienne, en indiquant que «défendre la cause palestinienne n’est pas un choix politique passager, mais un engagement de principe fondé sur notre croyance en la justice des droits humains».
Il a appelé à un cessez-le-feu, à l’ouverture de points de passage pour l’acheminement de l’aide, et estimé qu’aucune paix durable et juste ne peut être envisagée sans mettre fin à l’occupation, cesser la colonisation et permettre au peuple palestinien de fonder son Etat indépendant avec Al Qods-est pour capitale.

Driss Lachguar a également insisté sur le respect de la souveraineté des Etats et de l’unité de leurs territoires, dénonçant les tentatives d’alimenter les séparatismes ou d’imposer de nouvelles tutelles aux Etats-nations.

«L’intégrité territoriale est un fondement sacré, non négociable », a-t-il tonné.
S’agissant de la question migratoire, Driss Lachguar a rejeté les approches sécuritaires réductrices, tout en considérant que «la migration est un phénomène humain qui reflète un déséquilibre profond dans le développement mondial».

Il a plaidé pour le respect des droits des migrants, la lutte contre les réseaux de traite humaine, et le traitement des causes structurelles de la migration, notant que l’USFP appelle à aborder la question migratoire en soutenant le droit au développement des pays d’origine et en respectant les droits humains des migrants.

D’un autre côté, Driss Lachguar a affirmé que le changement climatique constitue aujourd’hui la menace la plus grave pour la vie, en particulier dans les pays du Sud, historiquement non responsables de la pollution industrielle mais qui en subissent les conséquences.

Il faut «revoir les mécanismes de financement international, renforcer le soutien aux pays en développement pour leur permettre de s’adapter et de réussir une transition énergétique équitable », a-t-il ajouté.
Il a aussi insisté sur la nécessité de lier justice climatique, justice économique et justice sociale, dans le cadre d’un nouveau pacte mondial plus équitable.
Youssef Aidi
L’importance du forum en tant qu’espace vital pour un dialogue constructif, un échange d’expériences et un établissement de cadres communs pour consolider la démocratie, la justice sociale et l’égalité
Driss Lachguar a également mis en lumière l’importance de la diplomatie parlementaire comme outil de renforcement de la coopération entre les pays du Sud, et de construction d’alliances stratégiques pour défendre la souveraineté nationale et le droit au développement.

«La diplomatie parlementaire est un levier vital de dialogue entre le Nord et le Sud, notamment entre les acteurs politiques et les jeunes parlementaires progressistes, dans un esprit de coopération et de respect mutuel», a-t-il mis en exergue, insistant sur la nécessité de faire entendre la voix du Sud comme partenaire à part entière, et non comme subordonné. Il a conclu son intervention en s’adressant aux jeunes parlementaires :
«Vous avez une immense responsabilité en cette époque troublée: incarner la génération qui hisse haut le flambeau de la liberté, de la dignité et de la solidarité, dans un monde secoué par des crises emmêlées».

Pour sa part, Abderrahim Chahid, président du Groupe socialiste-Opposition ittihadie à la Chambre des représentants, a souligné l’urgence pour les socialistes du monde entier de renforcer leur action commune face aux défis géopolitiques, économiques et environnementaux. Il a appelé à une mobilisation collective pour lutter contre les inégalités internationales qui affectent directement les intérêts des peuples, tout en plaidant pour la consolidation de la paix, de la solidarité et de la justice sociale à l’échelle mondiale.

Ce forum, a-t-il ajouté, constitue une opportunité précieuse pour renforcer les liens entre les jeunes socialistes et promouvoir des valeurs humaines universelles fondées sur la justice et la solidarité.

Abderrahim Chahid a également rappelé que la ville de Marrakech, berceau de la civilisation et joyau de l’histoire marocaine, accueille cette édition avec l’ambition de raviver l’espoir d’un monde fondé sur la liberté et l’égalité des chances. Il a affirmé que le projet socialiste démocratique demeure l’alternative la plus pertinente pour faire face aux crises actuelles et améliorer les conditions de vie des citoyens.

Dans son analyse du contexte international, le président du Groupe socialiste a mis en lumière les bouleversements géostratégiques rapides qui marquent notre époque, en évoquant notamment la pandémie de Covid-19, qui a contraint les Etats à revoir leurs politiques publiques et à renforcer leur souveraineté économique, ainsi que la montée des conflits armés, en particulier la guerre en Ukraine et l’agression barbare menée par Israël contre le peuple palestinien depuis octobre 2023, qu’il a dénoncée comme étant une menace majeure pour la stabilité de l’ensemble du Moyen-Orient.

Face à ces tensions, Chahid a appelé les parlementaires et responsables politiques socialistes à élever la voix pour la paix, à s’en tenir à des solutions politiques pacifiques aux conflits, et à œuvrer pour un ordre mondial juste et équitable, fondé sur la coopération entre les nations, au service d’un développement commun et humain.

Il a également insisté sur la nécessité de lutter contre l’exploitation injuste des ressources naturelles et de mettre en place des politiques publiques écologiques, soucieuses de l’équilibre environnemental et de la répartition équitable des richesses.

Intervenant lors de cette séance d'ouverture, Youssef Aidi, président du Groupe socialiste-Opposition ittihadie à la Chambre des conseillers, a souligné que cette rencontre représente une opportunité stratégique pour renforcer la solidarité et la coordination entre les parlementaires progressistes, dans un contexte mondial marqué par l'incertitude, la montée du populisme et l'aggravation des crises internationales. Il a mis l’accent sur  l’importance du forum en tant qu’espace vital pour un dialogue constructif, l’échange d’expériences et l’établissement de cadres communs pour consolider la démocratie, la justice sociale et l’égalité.

Il a expliqué que ce forum intervient à un moment critique qui nécessite une réflexion stratégique commune, notamment avec la multiplication des guerres et des conflits, l’aggravation du changement climatique et l’augmentation des taux de déplacement. Il a noté qu’une action coordonnée des Parlements progressistes est devenue une nécessité, tant au niveau national qu’international.

A rappeler que la tenue de la troisième édition du Forum international des jeunes parlementaires socialistes et sociaux-démocrates s’inscrit dans un contexte mondial particulièrement complexe, marqué par la montée des tensions géopolitiques, l’accélération du changement climatique, la persistance des inégalités et le recul des valeurs démocratiques dans plusieurs régions du monde. Face à ces défis globaux, ce forum se veut un espace de dialogue et de coopération entre les jeunes parlementaires progressistes issus d’Afrique, d’Amérique latine, d’Asie et d’Europe, réunis autour d’idéaux communs de justice sociale, de solidarité et de paix.

Sept panels rythment cette rencontre importante abordant les thèmes suivants :  la paix et la sécurité mondiales et les nouveaux défis géopolitiques, l’immigration et la criminalité, le changement climatique et la crise de l’eau, la diplomatie parlementaire et la coopération Sud-Sud, les luttes de pouvoir et l’équilibre au Moyen-Orient, les crises politiques et la santé mondiale, ainsi que les valeurs et les droits humains : libertés collectives et individuelles.
Etant donné l’importance des débats autour de ces problématiques, nous y reviendrons dans nos prochaines éditions.

Mourad Tabet


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