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Si la nomination de Driss El Yazami, déjà membre du Conseil consultatif des droits de l’Homme et cheville ouvrière de la Commission vérité et justice marocaine, n’est pas vraiment une surprise, le choix de l’activiste et avocat Mohamed Sabbar, désormais SG du nouveau Conseil national des droits de l’Homme, fait figure de nouvelle percée dans le mouvement d’ouverture du pouvoir. L’homme qui a purgé une peine de six mois à la prison Laalou de Rabat, après les événements de 1981, est réputé pour sa virulence et ses sorties sans concessions. Le 28 février dernier, le Forum vérité et justice auquel il appartient adressait une lettre ouverte au ministre de l’Intérieur pour dénoncer les violences contre les défenseurs des droits de l’Homme lors des manifestations des 20 et 26 février. « C’est aussi un homme de consensus et d’écoute. Sabbar est en contact permanent avec les victimes des années de plomb et le mouvement des droits de l’Homme. Sa nomination est un gain pour les droits de l’Homme », déclare Abdennaceur Bnouhachem, l’ancien disparu, rescapé des bagnes d’Agdz et de Kelaat Mgouna.
Des changements profonds
préparés dans la discrétion
Au CCDH, c’est la surprise. « On savait que de grands changements se préparaient pour le conseil. Mais on ne pensait pas que l’équipe présidant aux destinées du CCDH allait radicalement changer », confie un membre du Conseil consultatif des droits de l’Homme. En fait, tout s’est préparé dans la plus grande des discrétions. Et seuls quelques « happy few » étaient au parfum des transformations qu’allait connaître cette institution jusque-là seulement consultative. Pour le défenseur des droits humains Mostafa Miftah, c’est justement là tout le problème. « Tout s’est fait dans le secret avec la promulgation d’un dahir dont personne ou presque n’était au courant. C’est cette opacité qui dérange. Il y a aujourd’hui un problème de contexte. Chez nous, c’est celui du 20 février qu’on veut visiblement ignorer. On a le sentiment que le pouvoir politique suit son propre agenda en ignorant les 20 et 26 février », soutient avec force cet ancien détenu politique.
Du côté du mouvement des droits humains, l’heure est au sourire. En tout cas, dans les rangs de l’Organisation marocaine des droits humains, OMDH, on ne cache pas sa satisfaction au lendemain de la nomination de Driss El Yazami et Mohamed Sabbar à la présidence et au secrétariat général du nouveau Conseil national des droits de l’Homme. «Ce sont deux personnes proches du mouvement des droits de l’Homme. Ils ont les tous deux, d’une manière ou d’une autre, participé à la lecture des pages des violations des droits humains au Maroc. Ils ont tous les deux initié des processus de protection des droits de l’Homme. En fait, aussi bien Driss El Yazami que Mohamed Sabbar ont en main ce que j’appelle le thermomètre dans le processus de consolidation des droits de l’Homme dans notre pays », déclare sourire aux lèvres Amina Bouayach, la présidente de l’OMDH.
Un nouveau dahir vient donc d’instituer le Conseil national des droits de l’Homme. Et en attendant sa publication pour en savoir plus, un communiqué du cabinet royal indique que « le CNDH se distingue notamment par les mécanismes régionaux de défense et de protection des droits de l’Homme qu’il adopte tant dans son organisation que dans l’exercice de ses compétences ». « Il est important de souligner que le Conseil national des droits de l’Homme est désormais une institution nationale qui jouit de l’autonomie et répond aux normes internationales. Ses prérogatives ont été élargies en matière de protection et de promotion des droits de l’Homme. Ma première réaction est de dire que l’installation du CNDH exprime la volonté politique d’aller de l’avant sur le chemin des droits humains », fait valoir la présidente de l’Organisation marocaine des droits humains.
Driss El Yazami et Mohamed Sabbar ont été chargés par le chef de l’Etat d’œuvrer à la nouvelle composition de cette instance nationale. Le défenseur des droits humains qu’est Abdenaceur Bnouhachem veut croire, lui, à « une nouvelle expérience qui pourra accompagner le mouvement actuel qui secoue le monde arabe, la région, peut-être le Maroc ». « Driss El Yazami, Mohamed Sabbar et le nouveau Conseil doivent gagner le pari de résoudre les problèmes du passé des violations des droits de l’Homme. Il faut que nous puissions tourner la page en la lisant. Il faut que la vérité soit dite. Il faut que les Marocains sachent ce qui s’est passé. Dans le même temps, il est urgent que le CNDH résolve les problèmes sociaux des victimes des années de plomb. Les archives doivent être ouvertes et la mémoire préservée parce qu’il est temps de passer à autre chose ».