Dominic Cummings, l’ ex-conseiller qui torpille Boris Johnson

Sorti par la célèbre porte noire frappée du N°10, son carton d’affaires sur les bras, Dominic Cummings a emporté avec lui de nombreux secrets


Libé
Jeudi 27 Mai 2021

Dominic Cummings, l’ ex-conseiller qui torpille Boris Johnson
Cerveau de la campagne pour le Brexit introduit par Boris Johnson au coeur du pouvoir, son ex-conseiller aux méthodes redoutées Dominic Cummings décoche désormais méticuleusement ses flèches empoisonnées contre le Premier ministre britannique. Six mois après son départ de Downing Street sur fond de luttes intestines, son audition mercredi par les députés sur la gestion de la crise sanitaire est très attendue au RoyaumeUni, où le coronavirus a fait près de 128.000 morts.

Sorti par la célèbre porte noire frappée du N°10, son carton d’affaires sur les bras, Dominic Cummings a emporté avec lui de nombreux secrets. De quoi faire trembler le pouvoir au vu de son tempérament et de sa réputation de ne reculer devant rien pour arriver à ses fins. Il a récemment menacé de produire un document “crucial” pour mettre au jour les lourdes erreurs qu’il impute au gouvernement dans la gestion de l’épidémie, que le succès de la campagne de vaccination a réussi, au moins en partie, à estomper dans l’opinion. Depuis qu’il a été désigné par l’entourage de Boris Johnson comme la source de fuites qui empoisonnent le chef du gouvernement conservateur, ce stratège politique de 49 ans au large front dégarni a multiplié les interventions qui sonnent comme l’annonce d’une revanche. Dans un long billet publié il y a un mois sur son blog, Dominic Cummings a étrillé son ancien patron, jugeant “triste de voir le Premier ministre et son bureau tomber si loin du niveau de compétence et d’intégrité que le pays mérite”.

Choisi par Boris Johnson comme conseiller spécial lors de son arrivée au pouvoir en juillet 2019, Dominic Cummings avait jusqu’à sa chute pris un poids considérable et s’est trouvé au coeur de nombreuses polémiques, qui lui ont fait s’attirer de nombreux ennemis, y compris au sein du Parti conservateur, dont il n’a jamais été membre. Il est, entre autres, soupçonné d’avoir été à l’origine d’une série de licenciements brutaux d’assistants ministériels accusés de ne pas défendre avec assez de vigueur la cause du Brexit, et même d’avoir causé le départ en février 2020 du ministre des Finances Sajid Javid, qui a refusé de se séparer de tous ses conseillers au profit de ceux de Downing Street. A couteaux tirés avec les fonctionnaires, en raison de son désir de refaçonner l’administration, il avait voulu diversifier ses profils y compris, selon ses termes, en lançant un appel aux “tordus” et “marginaux” à le rejoindre.

Celui qui raillait l’élitisme a été accusé il y a un an d’avoir enfreint le confinement et de traiter par le mépris les règles qui s’appliquent à tous, puis de sous-estimer la colère provoquée par son comportement. Dans un téléfilm, “Brexit: The Uncivil War” (Brexit, la guerre incivile), Dominic Cummings, interprété par Benedict Cumberbatch, est dépeint en agitateur déployant des tactiques tirées de “L’Art de la guerre” du maître chinois Sun Tzu. Qualifié de “psychopathe patenté” par l’ancien Premier ministre conservateur David Cameron, cet adepte des bonnets de laine, T-Shirt informes et vestes polaires a été couronné fin 2019 homme le plus mal habillé du monde, par le magazine masculin GQ. Né à Durham (Nord de l’Angleterre), d’un père gestionnaire d’un projet de plateforme pétrolière et d’une mère institutrice, il a fréquenté une école privée, puis la prestigieuse université d’Oxford. Russophile, passionné par l’écrivain Dostoïevski, Dominic Cummings a vécu en Russie après ses études, où il a contribué, dans les années 1990, au lancement d’une compagnie aérienne, qui n’a finalement pas décollé.

De retour au Royaume-Uni, il a fait ses armes en politique en menant plusieurs campagnes, notamment contre l’adoption de l’euro. En 2002, il est nommé directeur de la stratégie du Parti conservateur mais part huit mois plus tard, jugeant “incompétent” le chef des Tories de l’époque, Iain Duncan Smith. Il est ensuite devenu conseiller spécial du ministre de l’Education, Michael Gove, aujourd’hui ministre d’Etat dans le gouvernement Johnson. Directeur de la campagne proBrexit “Vote Leave”, il a joué un rôle décisif en menant une offensive basée sur les réseaux sociaux et la collecte de données personnelles. Des méthodes depuis largement dénoncées, entre publicités ciblées et slogans trompeurs.


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