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Deschamps-Saint-André, destins croisés en bleu

Mercredi 31 Octobre 2012

Deschamps-Saint-André, destins croisés en bleu
Didier Deschamps et Philippe Saint-André, les sélectionneurs des équipes de France de football et de rugby, ont partagé la "fierté" et "l'honneur" d'avoir porté le maillot bleu, mais aussi la passion de leur sport et de leur métier, lors d'un entretien organisé par l'AFP.
Le but recherché était simple: établir un dialogue entre deux anciens champions, passés tout récemment de l'autre côté de la barrière: juillet 2012 pour Deschamps, décembre 2011 pour Saint-André.
Quelles valeurs prôner à l'heure de l'argent-roi ? Quelle place accorder à l'équipe nationale ? Comment faire respecter un cadre de vie collectif à des joueurs devenus des individualistes forcenés ? "DD" et "PSA" ont échangé durant plus d'une heure sur ces thèmes, essentiels dans leurs missions respectives, dans un restaurant du XIVe arrondissement de Paris.
Le courant est d'emblée passé entre Deschamps, fils d'un ancien trois-quarts du Biarritz Olympique et qui a fait ses armes à l'Aviron Bayonnais --"C'est un peu la bataille à la maison: ma maman est Aviron et papa BO !"-- et Saint-André, issu d'une terre de rugby (Romans dans la Drôme) mais ouvert aux autres sports --"mon père footballeur, ma mère prof de tennis".

Un maillot bleu comme fil rouge
Sourires complices, accolades: pas besoin de présentations, les deux hommes s'étant déjà côtoyés en tant que consultant pour une radio, puis croisés brièvement en tant qu'entraîneurs respectifs de l'Olympique de Marseille et du RC Toulon.
Après un court aparté concernant l'épineux sujet de la mise à disposition des internationaux, la discussion, à bâtons rompus, a rapidement tourné autour de l'importance du maillot national.
"Fierté", "honneur": Deschamps et Saint-André ont voulu faire partager leur attachement "viscéral" au maillot bleu, qui aura été le fil rouge de leur immense carrière. Une manière surtout de pointer le décalage entre leur génération et la nouvelle, qu'ils ont découverte depuis leur nomination au poste de sélectionneur.
Mais si Deschamps s'est lamenté devant le manque de considération des joueurs pour la sélection -"le centre d'intérêt des joueurs est basé sur l'aspect économique"-, Saint-André peut encore miser sur "la plus-value exceptionnelle" que peut apporter une cape dans le XV de France: "C'est au-dessus de tout", clame-t-il.
Les fameuses "valeurs du rugby" sont-elles pour autant une protection durable contre un changement de mentalité chez des joueurs qui ont totalement basculé dans l'ère du professionnalisme ?
"On commence à connaître des problèmes que le football connaît depuis très longtemps: quand la masse financière est telle, le référent n'est plus l'entraîneur ni les parents, mais l'agent, reconnaît Saint-André. Ce qui nous sauve, c'est qu'on est un sport où on est rien sans les quatorze autres. On a besoin de champions mais la star, c'est l'équipe. Au foot, même si tu subis, si tu as un génie, il s'en sort."
La prudence est de mise, cependant. "On arrive sur la première génération qui sort des centres de formation et qui n'a connu que le rugby professionnel", selon Saint-André.

Entre "passion" et "métier"
"C'est leur métier. Avant, c'était une passion, il y en a beaucoup qui travaillaient. Maintenant, tu es dans le professionnalisme. Il y a beaucoup d'argent, la famille, les agents. Ils ont un entourage démentiel qui ne fait pas toujours l'intérêt du joueur, qui lui pardonne tout. Ils font vivre quinze à vingt personnes", abonde Deschamps.
Arrivé à la tête des Bleus deux ans après le fiasco de Knysna au Mondial 2010 en Afrique du Sud et quelques jours après un Euro-2012 marqué par plusieurs dérapages, Deschamps a tout de suite instauré des règles de vie pour se prémunir contre d'éventuels écarts de conduite. Mais la fameuse virée nocturne des Espoirs, à trois jours d'un match décisif pour accéder à l'Euro-2013, a peut-être montré que le mal était profond.
"Des sorties, il y en a eu à notre époque, a déclaré Deschamps. Mais faire une sortie entre deux matches (...) alors que tu es au Havre, à deux heures de Paris pour aller et deux heures de retour... C'est hallucinant. Nous, on nous disait en rigolant: +Pas vu, pas pris+. Aujourd'hui, je leur dis que +pas vu+ n'existe plus. Le message doit passer mais ne peut pas venir que de l'entraîneur. Les contrats, ils ne les ont pas avec nous, mais avec les clubs."
Et DD de conclure en stigmatisant la "génération Why", celle pour qui les exigences collectives ne vont pas de soi et à qui il faut tout expliquer. Une belle formule pour résumer les nouvelles contraintes du métier de sélectionneur.

Libé

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