Est-ce le début des actions de l’aile militaire du Mouvement jeunes pour le changement (MJPC) dans les camps de Tindouf? Dans la soirée du mercredi 11 juin, le siège de l’organisation de la jeunesse du Polisario qui se trouve dans le camp de «Smara» a été incendié. Très rapidement, la responsabilité du MJPC, mouvement opposé à la direction du Polisario, a été pointée du doigt. C’est du moins la version défendue par le secrétaire général de la jeunesse du Front.
Cependant, il faut prendre cette accusation avec précaution. D’autant plus que les relations entre Mohamed Abdelaziz et ses lieutenants avec les jeunes du Front ne cessent de se dégrader, ces derniers temps. Les jeunes mettent en cause l’autorité du dirigeant du Polisario. Ils critiquent les dérives mercantiles de son entourage, notamment l’épouse du chef, Khadija Hamdi, et le responsable de la «Défense», Mohamed Lamine Bouhali, tous deux étant des ressortissants algériens. Dans ce contexte, l’option d’un acte de représailles n’est pas à écarter. Bien entendu, l’agence de presse du Polisario a passé sous silence cet incident qui survient quelques jours seulement après l’annonce par des insurgés de la création du bataillon Hamadha Khattri Khandoud. Ce bataillon du nom d’un martyr assassiné par l’armée algérienne, aurait été créé, selon ces insurgés, pour défendre les jeunes du mouvement contre les représailles de la milice du Polisario et pour évincer Abdelaziz et ses lieutenants.
Par ailleurs et dans le même cadre, deux jours après cet acte qualifié de criminel, des informations en provenance des camps de Tindouf indiquent qu’une attaque attribuée au bras armé du MJPC aurait fait des dizaines de blessés dans les rangs de la milice du Polisario. L’attaque menée contre la 5ème région militaire, située dans la localité de Tersal, à la frontière avec la Mauritanie, aurait été lancée avant l’aube du 13 juin par des éléments masqués dont on ignore l’identité. Après avoir compté et évacué leurs blessés, les dirigeants de la caserne ont fait appel à l’un des trafiquants les plus connus de la région pour se lancer à la poursuite des assaillants. Sneiba est le nom dudit trafiquant qui est un connaisseur du grand désert et qui entretiendrait de bonnes relations avec certains dirigeants de la milice du Polisario. Ce qui lui a permis de mener son trafic, sans jamais être inquiété. La concomitance de ces deux opérations a été suivie par la diffusion d’une vidéo dans laquelle le MJPC dénonce toute sorte de violence, sans toutefois écarter la possibilité de recourir aux armes pour évincer Mohamed Abdelaziz et son équipe corrompue, à la tête du Front depuis plus de quarante ans, selon la déclaration rapportée par la vidéo. Pour les observateurs, l’exécution simultanée des deux opérations constitue une réelle remise en cause de la politique du tout sécuritaire imposée, depuis quelques mois, par les militaires algériens à la population des camps de Tindouf. Elle confirme, également la détermination du MJPC à en découdre avec l’actuelle direction du mouvement séparatiste.
Arrestation
Par ailleurs et suite à ses déclarations, le mois dernier en faveur de la proposition marocaine d’autonomie, l’acteur associatif, Maârouf Balkhir, a été mis aux arrêts par la milice du Polisario, sitôt arrivé à Tindouf, indique le journal en ligne, Dakhla 24. Rappelons que l’intéressé avait, lors d’une conférence de presse organisée à Dakhla, au cours du mois de mai dernier, appelé la communauté internationale à œuvrer à trouver une solution au problème du Sahara permettant aux Sahraouis des camps de Tindouf de jouir de toutes leurs libertés notamment celle de circuler et de s’exprimer librement. Après cette conférence organisée avec le concours de plusieurs associations actives à Dakhla, Maârouf s’est rendu à Tindouf où il a été arrêté par les miliciens du Polisario et conduit vers une destination inconnue.
De Tindouf à Bordeaux
A signaler également que des dizaines de Sahraouis ont fui ces derniers mois les camps de Tindouf, en Algérie pour se rendre en France, à Bordeaux précisément.
Ainsi, ces Sahraouis fuyant la misère et les violations des droits de l’Homme, vivent actuellement dans des wagons à bestiaux avec une dotation mensuelle de 300 euros que leur accordent les autorités françaises dans l’attente du traitement de leurs dossiers de demande d’asile politique. Ce phénomène qui semble s’amplifier, selon un responsable français, dénote des conditions inhumaines dont souffrent les Sahraouis des camps de Tindouf.
Le cas de ces Sahraouis fuyant les exactions du Polisario n’est certainement pas unique. Aussi des mesures permettant de les recenser et de leur donner la possibilité de rentrer chez eux doivent être initiées par la communauté internationale. C’était là, d’ailleurs, le sens du dernier appel lancé par les éléments du MJPC dans la vidéo diffusée, ce vendredi par la chaîne TV Laâyoune. Les jeunes demandent que des recensements soient effectués pour déterminer les Sahraouis provenant des régions objets du conflit et exclure les intrus provenant des pays voisins, nigériens, maliens mauritaniens ou algériens. Dans cette même vidéo, les jeunes déclarent être étonnés par le silence complice des ONG prétendant défendre les droits de l’Homme, devant les viols des femmes, l’embrigadement des enfants et les violations des droits de l’Homme les plus élémentaires qu’ils subissent depuis plus de quatre décennies.