Deux familles syriennes sont bloquées à la frontière maroco-algérienne. Elles ont été forcées de camper dans un no man’s land près du poste-frontalier de Zouj-Bghal et ce, depuis 18 jours. En effet, elles se sont vu interdire l’entrée sur le territoire aussi bien marocain qu’algérien. Les huit personnes qui composent ces deux familles se trouvent aujourd’hui dans une situation désespérée, acculées à survivre sans nourriture ni abri et dans des conditions sanitaires déplorables.
« Nous vivons dans des conditions dégradantes et inhumaines et ce calvaire perdure depuis 18 jours sans que les autorités marocaines ou algériennes ne prennent en considération notre situation », nous a déclaré d’emblée Sobhi, chef de l’une de deux familles bloquées avant de poursuivre : « Imaginez deux couples et leurs six enfants obligés de squatter un véhicule calciné pour s’en servir « comme abri », et de survivre grâce aux dons de soldats».
Mais il n’y a pas que les parents qui souffrent, les enfants eux non plus ne sont pas des mieux lotis. « Nos enfants sont les premières victimes de cette situation. Ils souffrent aujourd’hui d’affections dermiques dues au manque d’hygiène», s’est plaint Sobhi qui n’arrive pas à se faire à cette situation qu’il a qualifiée d’absurde : « Nous avons fui la guerre et nous cherchons un refuge. Nous ne sommes point des criminels ». Un état de fait qui a été également critiqué par la section locale de l’AMDH à Oujda qui qualifie de « déplorable » la condition de ces deux familles. « Elles n’ont pas où loger, manquent cruellement de vivres et leur moral est au plus bas », déplore un communiqué de l’ONG qui estime que ce drame s’ajoute à des dizaines d’autres dont les victimes se trouvent, à leur corps défendant, prises entre le marteau et l’enclume.
Une situation des plus aberrantes que ni les autorités marocaines ni celles d’Alger ne justifient. « Nous avons le sentiment d’être ballottés entre les deux pays puisque leurs pouvoirs publics ne veulent pas assumer leurs responsabilités », nous a-t-il confié. Mais qu’en est-il des informations selon lesquelles le refus opposé par les autorités locales marocaines serait justifié par la non-possession par les familles en question de visas d’entrée au Royaume? «Faux », nous a répondu Sobhi. « Nous sommes installés au Maroc depuis plus de huit mois. Nous avons été contraints d’aller en Algérie pour renouveler nos passeports arrivés à expiration puisqu’il n’y a pas d’ambassade syrienne dans le Royaume », a-t-il précisé avant d’ajouter : « Supposons que cette version soit vraie, pourquoi ces mêmes autorités ont-elles autorisé à d’autres familles qui ne disposent pas de visas d’accéder au territoire national ?», s’est-il interrogé. En attendant une réponse à cette question, les membres des deux familles continuent de souffrir le martyre dans l’attente d’une intervention qu’ils souhaitent urgente.