C’est demain mardi 31 décembre que les députés accueillent Abdelilah Benkirane pour la traditionnelle séance mensuelle consacrée à la politique générale du gouvernement.
Pas de trêve des confiseurs. En ce dernier jour de l’année 2013, les partis de l’opposition vont ensemble interpeller le chef du gouvernement sur le dialogue social empêtré dans un blocage sans précédent. «Faut-il encore parler de dialogue social ? La machine est en panne depuis de longs mois. Le dialogue entre gouvernement, partenaires sociaux et patronat avait été institutionnalisé. Aujourd’hui, grâce au gouvernement Benkirane, le dialogue social est mort. La question que nous posons est de savoir s’il faut l’enterrer définitivement», fait valoir ce député appartenant à l’opposition.
Sous la Coupole, Abdelilah Benkirane est sommé de s’expliquer sur le devenir du dialogue social. Rien ne justifie, expliquent les parlementaires battant pavillon opposition, l’arrêt d’un tel dialogue, «quelle que soit la situation économique et sociale du pays». «Cherche-t-on le pourrissement de la situation? Veut-on l’explosion sociale ? Le chef du gouvernement doit nous expliquer la politique que suit son gouvernement en la matière», soutient ce ténor de l’Union socialiste des forces populaires.
Dans les travées de l’opposition, le constat est dressé. L’échec du dialogue social est une lapalissade. Et l’Exécutif conduit par l’islamiste Benkirane doit avoir le courage de le reconnaître.
Autre question sur laquelle le chef du gouvernement sera interpellé, la lutte contre la corruption au Maroc. Les députés de l’Union socialiste des forces populaires ont choisi d’interpeller directement M. Benkirane sur ce sujet brûlant d’actualité. «Le Maroc a reculé de quatre places au classement mondial relatif à l’indice de perception de corruption en passant du 87ème rang au 91ème rang. La corruption est galopante. Le fléau s’installe et durablement. Nous nous interrogeons sur les actions du gouvernement pour combattre la corruption qui est partout. Mais nous restons profondément sceptiques et avons de sérieux doutes quant à la capacité de cette équipe au pouvoir à lutter contre la corruption.
Lutte contre la corruption, l’aveu d’échec
Surtout après la déclaration du chef du gouvernement prononcée la semaine passée devant les conseillers de la deuxième Chambre !» s’exclame Ahmed Zaïdi, le président du Groupe parlementaire socialiste à la Chambre des représentants.
Devant les Conseillers, A. Benkirane avait en effet déclaré que «la corruption est encore très forte et ses protecteurs sont nombreux. Il faut que vous sachiez que les autres sont bien plus coriaces que vous pouvez le penser». L’aveu d’échec est à peine voilé…
Au début du mois de décembre, Transparency Maroc a indiqué que l’indice de perception de corruption confirmait la place du Maroc dans la catégorie des pays où sévit une corruption endémique. «Il converge avec tous les autres indicateurs liés à la bonne gouvernance, au climat des affaires et au développement humain. La persistance de cette situation ne fait que traduire l’absence de volonté de lutter contre ce fléau. Les pouvoirs publics, dépourvus de toute stratégie pour mener le combat contre la corruption, se cantonnent dans un discours stérile et entretiennent l’impunité. Aucune initiative n’a été annoncée par le gouvernement dans ce domaine. La campagne de communication coûteuse et contre-productive qu’il avait lancée, a été dénoncée par tous. La corruption coûte cher à notre économie, sape les fondements de l’Etat de droit et altère le lien social», avaient alors commenté les responsables de cette ONG. Demain, les élus de la Nation en auront le cœur net. «Du moins si le chef du gouvernement nous donne des réponses rationnelles», conclut ce député du parti de la Rose.