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Découverte des plus anciennes traces de la civilisation atérienne à Afsou


Libé
Jeudi 22 Avril 2010

Des archéologues de l’Institut national des sciences de l’archéologie et du patrimoine (INSAP) et de l’Institut allemand d’archéologie (KAAK, DAJ) ont découvert dans la grotte préhistorique d’Ifri n’Ammar, située dans la commune d’Afsou, à environ 50 km au sud de la ville de Nador, des vestiges de la civilisation atérienne qui remonteraient, selon les résultats de datation tout récemment obtenus, à environ 175.000 ans.
Définie pour la première fois dans le site éponyme algérien de Bir El Ater, l’âge de cette civilisation, constituée de groupes de chasseurs-cueilleurs qui ont occupé toute l’Afrique du Nord, a été fixé, tout au début, entre 40.000 et 20.000 ans. Par la suite, de récentes recherches effectuées notamment dans des sites marocains, l’ont fait reculer à environ 110.000 ans. Cette vision est maintenant ébranlée par ce nouveau résultat obtenu dans le site d’Ifri n’Ammar.
Il a fallu sept campagnes de fouilles et plusieurs années d’études et d’analyses réalisées en différents laboratoires pour obtenir ce résultat. En outre, les travaux de terrain qui furent effectués dans ce gisement exceptionnel, sous la direction des professeurs Abdeslam Mikdad (INSAP) et Josef Eiwanger (KAAK, DAI), ont permis la mise au jour de nombreux vestiges atériens enfouis dans des niveaux d’occupation qui s’étalent sur une profondeur de 6.30 m. Ils se composent notamment d’outils fabriqués à partir du silex et de la calcédoine  que les Atériens avaient cherché dans les gîtes de la Moulouya ou (et) à Aïn Zohra situés respectivement à environ 20 km et à 36 km à vol d’oiseau du site d’habitat. Parmi ces outils figurent des pointes, des pièces pédonculées et des foliacées qui seraient utilisées pour la chasse. D’autres objets tels les racloirs, les grattoirs et les grands éclats ont été fort probablement destinés à couper la viande et au traitement des peaux d’animaux sauvages pour la confection de produits vestimentaires.
En outre, le site d'Ifri n'Ammar a fourni deux coquilles de l'espèce de Nassarius gibbousulus et Nassarius sp. Que les atériens ont utilisées comme objets de parure. Elles ont un âge de plus de 80.000  ans.  Toutes les deux présentent des dimensions et des perforations intentionnelles semblables. Les analyses microscopiques et minéralogiques ont révélé l'existence de facettes d'usure clairement dues à leur port et de traces d'ocre rouge intentionnellement impliquée sur leurs surfaces.  Les coquilles d'Ifri n'Ammar qui viennent s'ajouter à celles déjà découvertes dans le site de Skhul (Palestine), de Bolombos (Afrique du Sud), de l'Oued Djebana (Algérie) et de Taforalt au Maroc, montrent que l'invention des bijoux jusque-là attribuée à des hommes modernes vivant en Europe, il y a 40.000 ans remonte à un âge très ancien. La production de tels objets semble donc indiquer que les hommes modernes d'Ifri n'Ammar possédaient il y a 80.000 ans une pensée symbolique qui serait à l'origine du langage, de l'art et des comportements modernes.
Les recherches qui se poursuivent actuellement au site d'Ifri n'Ammar comptent enrichir davantage nos connaissances sur le comportement de ces hommes modernes archaïques et suivre leur  émergence en dehors de l'Afrique.


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