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De mal en pis : Jerada s’embrase


Hassan Bentaleb
Vendredi 16 Mars 2018

On craignait que la situation ne se dégrade à Jerada. C’est chose faite, hélas.
  En fait, trois mois après le déclenchement des manifestations pacifiques, des heurts violents ont éclaté avant-hier entre la population et les forces de l’ordre faisant plusieurs blessés, dont certains graves, dans les deux camps et l’arrestation de plusieurs manifestants. Certaines rumeurs évoquent le décès d’un adolescent de 16 ans qui aurait été  percuté par un véhicule des forces de l’ordre.
« Après le communiqué de ministère de l’Intérieur diffusé dimanche dernier et celui de la préfecture de Jerada  interdisant les manifestations illégales sur la voie publique, plusieurs jeunes ont rejoint les  puits abandonnés et décidé d’observer un sit-in pour réitérer les trois revendications du Hirak, à savoir la mise en place d’une alternative économique, la reddition des comptes et la gratuité des factures d’électricité ainsi que la libération des leaders arrêtés samedi dimanche », nous a indiqué Bachir Attrach, militant syndicaliste. Et de poursuivre : « Ces jeunes en sit-in ont été rapidement rejoints par leurs familles. Un regroupement qui n’a pas été du goût des éléments des forces de l’ordre qui ont déparqué sur place. Des discussions ont été entamées entre les deux camps. Du côté des jeunes et de leurs familles, on a insisté sur l’aspect pacifique des manifestations et des revendications légitimes du Hirak. Un débat qui s’est vite transformé en accrochage entre les gendarmes et certains manifestants qui se sont soldés par des blessés. Lesquels ont été secourus par les éléments de la Protection civile».
Mais la situation s’est dégradée quelques instants après. Notamment après l’arrivée d’autres forces de l’ordre. « L’Etat ne semble pas apprécier que les jeunes organisent un sit-in malgré la diffusion du communiqué du ministère de l’Intérieur. Les autorités ont estimé que ces derniers  remettaient en cause le pouvoir de l’autorité publique. Et c’est pourquoi il y a eu mise en place d’un important dispositif sécuritaire dont les membres n’ont pas hésité à utiliser la manière forte. En effet,  les forces de l’ordre envoyées sur place n’ont pas hésité à tabasser les manifestants, y compris les femmes et les enfants. Une violence qui a suscité la réaction de la population qui a répondu par des jets de pierre. Un adolescent a été gravement blessé par une des voitures des Forces axillaires et neuf personnes ont été arrêtées », nous a raconté notre source. Et d’ajouter : « Un communiqué de la préfecture de Jerada a qualifié les manifestants de « jeunes éléments cagoulés » et leur action de « démarche de pure escalade qui  ont provoqué les forces publiques en les attaquant avec des jets de pierre et que ces dernières ont été obligées d'intervenir, en coordination avec le Parquet compétent, pour disperser cette manifestation». Une version des faits qui ne correspond pas à la réalité fortement archivée par des vidéos enregistrées en live et postées sur les réseaux sociaux ».
Selon plusieurs sources, la situation sur place demeure crispée et la tension y règne. Notamment avec le renforcement de dispositif sécuritaire dans la ville. « De nouveaux éléments des forces de l’ordre ont rejoint les lieux et plusieurs rumeurs insistantes indiquent que d’autres convois sont en route vers Jerada», nous a déclaré Mohamed El Ouali, activiste syndical et défenseur des droits de l’Homme. Et de préciser que «ce matin, Jerada ressemble plutôt à une ville fantôme. Tout est fermé et même les administrations publiques sont désertes ».  
Concernant les suites à donner aux évènements d’avant-hier, une réunion entre les acteurs politiques, associatifs et  syndicaux devait se tenir hier pour examiner la situation. « Nous, en tant qu’instances politiques et syndicales n’avons pas notre mot à dire concernant les mesures qui devraient être prises ou la réponse adéquate à donner. Notre rôle consiste à convoquer les sages de la région et à assister les jeunes du Hirak et pas davantage puisque c’est à eux de décider du sort de leur mouvement », a conclu Bachir Attrach.
 


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