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Dakhla : après l’orage, la visibilité


Hamada Eddarouich
Samedi 8 Octobre 2011

Une tempête sauvage a balayé la cité de Dakhla laissant derrière elle un bilan sinistre de plusieurs morts et des dégâts matériels importants.
Les violences stupides et meurtrières entre les enfants d’une même famille interpellent toutes les consciences. L’indifférence, la démission, le laxisme, sont coupables et ne passeront pas.
La justice s’occupera des coupables, en toute indépendance, nous lui faisons confiance, les criminels et hors-la-loi répondront de leurs actes.Il nous faut impérativement guérir le malaise qui nous ronge, extirper le mal, dissiper les incompréhensions, punir les responsables, instaurer la concorde sociale.
Les liens sociaux au Sud ont été  malmenés par le silence et l’indifférence des doyens et des gérants de la cité, ce qui a donné naissance à la méfiance qui prévaut entre les jeunes malgré leurs préoccupations et désirs communs.
La couverture médiatique des événements par une certaine presse a été médiocre, parfois minable. Dans des circonstances pareilles, le devoir d’informer ne se limite pas à une narration des faits. Il faut  les analyser, chercher les causes, orienter l’opinion vers la bonne direction, celle qui mène à la cohésion, au renforcement du front intérieur.
Le pacte démocratique national populaire pour réussir les changements en cours exige des ‘’faiseurs  d’opinion’’ d’être positifs, de voir la vie du bon côté.
En toute objectivité, qu’est ce que l’Etat n’a pas fait dans les provinces du sud depuis trois décennies en matière de développement ?
J’ai écrit dans un article précédent qu’il ne saurait être accusé d’austérité dans les investissements destinés à bâtir à grands frais toutes les infrastructures de base inexistantes au moment du départ des Espagnols. Les efforts consentis ont été  énormes, parfois pénalisants pour l’expansion et la croissance du reste du pays, il faut les apprécier à leur juste valeur ! Les chiffres sont disponibles et peuvent être consultés par tout le monde, je me dédouane de leur étalage ici. L’Etat a fait ce qu’il a pu et les œuvres humaines sont par essence imparfaites mais perfectibles.
Je dirai tout simplement, sans risque d’être contredit, que toutes les villes du Sahara sont mieux assainies, mieux électrifiées, disposent d’une meilleure voirie, ont une meilleure adduction d’eau potable, ont des centres de santé et des établissements d’enseignement mieux équipés, que toutes les capitales de l’Afrique de l’Ouest.
L’Indice de développement humain (I.D.H), critère très à la mode mondialement, qui prend en compte la longévité, l’éducation et le niveau de vie, est honorable chez nous.  En définitive, il n’y a rien à  dire de mauvais concernant la volonté et l’engagement de la Nation en matière de financement prioritaire pour la mise à niveau des provinces du Sud.
On est bien mieux à Laâyoune que dans certaines grandes villes de pays frères qui marchent sur des océans d’or noir, je parle en connaissance de cause et en toute objectivité.
Notre problème réside surtout dans le domaine de l’invisible c'est-à-dire les relations intra et inter communautaires censées être surveillées et bien orientées par le tuteur de tous, l’Etat.
Il faut mettre en place « des politiques audacieuses qui préservent les acquis, corrigent les dysfonctionnements, font aboutir les réformes globales » Discours de Sa Majesté le 30.07.2011.
Tout est dit, à vos marques  Messieurs les responsables de la gestion de notre avenir, Messieurs les comptables de notre quotidien, les gardiens de notre paix sociale que des ignorants et des illuminés manipulés ne cessent de malmener !
 La deuxième question, symétrique de la première, concerne les Sahraouis. Ont-ils rempli leurs obligations nationales en échange du recouvrement de leurs droits de citoyens ?
La question est un sujet de thèse de doctorat mais contentons-nous de quelques éléments de réponse.
De toute la Nation marocaine, nous avons été, nous Sahraouis, ceux qui ont le mieux conservé, cultivé et entretenu notre attachement à la patrie et au Trône, et je pèse mes mots.
Sur l’ensemble du territoire du Sahara, il n’existe aucun monument édifié par cette Nation millénaire antérieur à la récupération du territoire en 1975. Notre mode de vie nomade, le caractère inhospitalier de notre climat, l’appartenance de notre espace territorial au ‘’bled siba’’ expliquent, en partie, ce constat mais ne le justifient pas totalement.
Notre marocanité, par le passé, a donc survécu à l’absence de toute forme de service public, car notre lien avec la patrie via le Trône, est immatériel ; il est cultuel, affectif, spirituel, chromosomique, donc sacré et par conséquent solide et indélébile.
Nos vénérés pères venaient à  dos de chameau et à leur charge, du fond de nos contrées éloignées, faire la cérémonie de la Béïa aux Souverains sans y être convoqués par des représentants de l’Autorité.
Nous avons, proportionnellement à  notre nombre et nos faibles possibilités de regroupement, nomadisme oblige, été les plus nombreux à nous engager avec conviction et ferveur, dans les rangs de l’armée de libération. Les témoins de cet épisode à la fois glorieux et amer de notre histoire sont encore en vie, Dieu merci.
Très peu de Marocains savent que nous avons refusé à la France en 1958 la possibilité de nous soustraire au Maroc, en nous créant un Etat indépendant dans l’espace saharien et le motif clairement exprimé par nos représentants était la fidélité à l’allégeance au Sultan et l’appartenance au Royaume. Parmi ces patriotes on note la présence de feu Habouha  ould Abeed, feu Hamdi ould Salek ould Baali, feu Houssein ould Kerkeb. 
Les sceptiques peuvent consulter les archives coloniales ou voir sur le Net les documents relatifs à l’O.C.R.S (Organisation commune des riverains du Sahara), ou les écrits de Bernard Logan qui sont une référence crédible de l’histoire du Maroc.
Nous étions sur les premières lignes dans la célèbre Guerre des sables pour récupérer Tindouf, les Algériens le savent bien et les faits actuels prouvent qu’ils ne l’ont pas oublié.
 Nous avons combattu, arme à la main  nos frères séparatistes, et nous continuons à le faire politiquement avec vigueur et conviction sur les scènes nationale et internationale. Les unités mobiles (wahadat) composées de Sahraouis sous le commandement d’officiers sahraouis ont été efficaces et très meurtrières pour le F.Polisario.
On parle peu du F.L.U, Front pour la liberté et l’unité, qui a attaqué l’armée espagnole à J’déria, Mahbès, Hawza, sous le commandement d’officiers sahraouis des F.A.R. (Habouha, Bâ-chikh, Chérif Ghailani……). Le premier martyr de ces combats est feu Sleyme ould Jmal dont le souvenir est effacé.
Nous sommes les premiers à manifester notre enthousiasme pour soutenir la proposition Royale de règlement politique à travers le plan d’autonomie et Mustapha Selma ould Sidi Mouloud continue courageusement  et avec dignité son combat sous un arbre à Nouakchott.
Nous sommes aussi, actuellement, dans le peloton de tête dans l’expression de la volonté populaire s’agissant des réformes démocratiques initiées par Sa Majesté le Roi depuis plus d’une décennie, et Dakhla détient justement les records de participation aux différents suffrages.
Nous n’avons aucune leçon de patriotisme à recevoir de qui que ce soit, et notre marocanité ne nous est offerte par personne. La fugue, je dis bien la fugue, de nos frères égarés ne nous est pas opposable, nous les combattons avec rage et détermination au même titre que tous les citoyens du pays.
Donc tout semble bien en place pour gagner toutes les batailles et relever tous les défis, le pays et ses citoyens en ont payé le prix, place à la clairvoyance, à la magnanimité, à l’ouverture des cœurs.
Nous sommes à la veille de la mise en place de la régionalisation avancée qui est un compromis qui respecte la souveraineté de l’Etat d’une part et le besoin d’une autonomie territoriale d’autre part, en attendant que l’Algérie sœur veuille bien libérer nos frères qu’elle séquestre par une illusion, une chimère, un aigu de pensée anachronique et irrationnel.
Là où la fracture sociale s’est installée, les identités meurtrières ont provoqué un déluge de larmes, de sang et de douleurs, la Somalie, l’Irak et le Soudan en sont des exemples, et nous refusons catégoriquement de tomber dans ce piège à malheurs, car nous n’avons pas de différences à confronter, nos spécificités sont notre richesse, nous devons les mettre en commun.
Le meilleur hommage à nos martyrs est notre symbiose, la mise en place d’une grande campagne de communication, le renforcement de nos liens séculaires, la vulgarisation des vertus de la citoyenneté et du patriotisme dans nos écoles et nos foyers.
Prenons tout le courage et l’audace nécessaires pour la mission qui nous interpelle ; le Maroc ne saurait être un Tahina spectabilis, ce palmier qui s’écroule sur lui-même et meurt dès qu’il fleurit !


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