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Après des mois de crise politique au Kosovo, le parti social-démocrate d'Albin Kurti doit admettre sa défaite, ayant échoué mercredi à faire adopter un gouvernement, et le Premier ministre sortant doit faire campagne pour les secondes législatives en moins d'un an.
S'il est arrivé en tête aux élections législatives du 8 février, le parti de M. Kurti, "Vetevendosje" (VV), n'a pas obtenu assez de sièges pour former une majorité. Dans un Parlement extrêmement divisé, aucune coalition n'a réussi à voir le jour, les députés ont mis des mois à élire leur président, et ont échoué pour la deuxième fois à adopter un gouvernement.
Or, selon la Constitution kosovare, seuls deux scrutins sont autorisés : si le gouvernement n'est pas adopté lors du deuxième, la présidente du pays doit dissoudre l'Assemblée et annoncer des élections, qui devront être organisées dans les 40 jours.
M. Kurti, au pouvoir depuis 2021, n'a donc d'autre choix que de repartir en campagne - et de faire mieux lors du prochain scrutin. Mais le "Che Guevara du Kosovo" est loin d'être un novice en politique et peut encore compter sur une solide popularité.
Mandat complet
Après un premier et bref mandat à la tête du gouvernement entre février et juin 2020, son mouvement remporte les élections dès l'année suivante, avec plus de 50% des voix, un record dans ce jeune pays.
Premier chef du gouvernement à aller au terme de son mandat depuis l'indépendance en 2008, son arrivée au pouvoir a marqué une rupture radicale avec le passé, en particulier dans sa relation avec les diplomates occidentaux à Pristina, souvent vus comme des parrains informels du jeune pays.
Une fois au pouvoir, Kurti n'a eu de cesse de démanteler les institutions - poste, banques, administrations - que la Serbie maintenait sur le territoire du Kosovo, faisant fi des critiques internationales.
Belgrade y employait des milliers de personnes et versait via ces bureaux des pensions et salaires à des dizaines de milliers de Serbes, aujourd'hui laissés sans ressources, prisonniers du bras de fer entre Pristina et la Serbie, qui n'a jamais reconnu l'indépendance de son ancienne province.
Au fil des mois, les communiqués des ambassades et de l'Union européenne se sont faits moins aimables, pressant le Premier ministre de cesser de prendre des "décisions unilatérales", et plusieurs mécanismes d'aide financière ont été suspendus, coûtant au Kosovo plusieurs millions d'euros.
M. Kurti est resté sourd à ces reproches, continuant à démanteler ce qu'il juge être "des instruments d'intimidation, de menace et de contrôle".
Sur le plan intérieur en revanche, sa popularité a explosé: lors des dernières législatives en février, il a remporté le plus grand nombre de voix jamais obtenu par un seul candidat.
De la prison serbe au Parlement
L'opposition à Belgrade est à l'origine de l'engagement politique de Kurti. Dans les années 90, l'étudiant aux cheveux longs est devenu célèbre en organisant des manifestations contre l'oppression du régime de Slobodan Milosevic envers la population albanaise du Kosovo.
Son militantisme lui a valu deux années de prison, entre 1999 et 2001, pendant que la guerre faisait rage entre les rebelles albanais et Belgrade. Selon des codétenus, Kurti y a subi violences et tortures, mais lui-même n'en parle jamais.
Après la guerre, le Kosovo est resté quelques années une entité sous protection de l'ONU, et Kurti est devenu un infatigable critique des institutions internationales.
Son mouvement VV a pendant des années organisé d'immenses manifestations. Certaines ont tourné à l'émeute - véhicules de l'ONU et de l'OTAN retournés, oeufs pourris lancés sur de hauts responsables politiques... Deux militants ont été tués par des policiers de l'ONU.
Devenu un puissant parti politique d'opposition, VV s'est entre autres fait remarquer en lançant des gaz lacrymogènes dans le Parlement.
Au cours de la dernière décennie, Albin Kurti et son parti ont tenté de rompre avec leur passé radical, se présentant plutôt comme un parti social-démocrate.
Secret sur sa vie privée, M. Kurti est marié à une Norvégienne avec qui il a une fille.
S'il est arrivé en tête aux élections législatives du 8 février, le parti de M. Kurti, "Vetevendosje" (VV), n'a pas obtenu assez de sièges pour former une majorité. Dans un Parlement extrêmement divisé, aucune coalition n'a réussi à voir le jour, les députés ont mis des mois à élire leur président, et ont échoué pour la deuxième fois à adopter un gouvernement.
Or, selon la Constitution kosovare, seuls deux scrutins sont autorisés : si le gouvernement n'est pas adopté lors du deuxième, la présidente du pays doit dissoudre l'Assemblée et annoncer des élections, qui devront être organisées dans les 40 jours.
M. Kurti, au pouvoir depuis 2021, n'a donc d'autre choix que de repartir en campagne - et de faire mieux lors du prochain scrutin. Mais le "Che Guevara du Kosovo" est loin d'être un novice en politique et peut encore compter sur une solide popularité.
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Après un premier et bref mandat à la tête du gouvernement entre février et juin 2020, son mouvement remporte les élections dès l'année suivante, avec plus de 50% des voix, un record dans ce jeune pays.
Premier chef du gouvernement à aller au terme de son mandat depuis l'indépendance en 2008, son arrivée au pouvoir a marqué une rupture radicale avec le passé, en particulier dans sa relation avec les diplomates occidentaux à Pristina, souvent vus comme des parrains informels du jeune pays.
Une fois au pouvoir, Kurti n'a eu de cesse de démanteler les institutions - poste, banques, administrations - que la Serbie maintenait sur le territoire du Kosovo, faisant fi des critiques internationales.
Belgrade y employait des milliers de personnes et versait via ces bureaux des pensions et salaires à des dizaines de milliers de Serbes, aujourd'hui laissés sans ressources, prisonniers du bras de fer entre Pristina et la Serbie, qui n'a jamais reconnu l'indépendance de son ancienne province.
Au fil des mois, les communiqués des ambassades et de l'Union européenne se sont faits moins aimables, pressant le Premier ministre de cesser de prendre des "décisions unilatérales", et plusieurs mécanismes d'aide financière ont été suspendus, coûtant au Kosovo plusieurs millions d'euros.
M. Kurti est resté sourd à ces reproches, continuant à démanteler ce qu'il juge être "des instruments d'intimidation, de menace et de contrôle".
Sur le plan intérieur en revanche, sa popularité a explosé: lors des dernières législatives en février, il a remporté le plus grand nombre de voix jamais obtenu par un seul candidat.
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Son militantisme lui a valu deux années de prison, entre 1999 et 2001, pendant que la guerre faisait rage entre les rebelles albanais et Belgrade. Selon des codétenus, Kurti y a subi violences et tortures, mais lui-même n'en parle jamais.
Après la guerre, le Kosovo est resté quelques années une entité sous protection de l'ONU, et Kurti est devenu un infatigable critique des institutions internationales.
Son mouvement VV a pendant des années organisé d'immenses manifestations. Certaines ont tourné à l'émeute - véhicules de l'ONU et de l'OTAN retournés, oeufs pourris lancés sur de hauts responsables politiques... Deux militants ont été tués par des policiers de l'ONU.
Devenu un puissant parti politique d'opposition, VV s'est entre autres fait remarquer en lançant des gaz lacrymogènes dans le Parlement.
Au cours de la dernière décennie, Albin Kurti et son parti ont tenté de rompre avec leur passé radical, se présentant plutôt comme un parti social-démocrate.
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