"Accepteriez-vous de trouver un homme dans votre lit conjugal avec votre femme légitime dans ses bras? Allez-vous accepter ce fait, le digérer et vous abaisser au point d'être humilié ? » Le regard broussailleux, les lèvres tremblantes de colère et drapé de cet honneur qui ne devrait pas conduire en prison le conjoint cocu mais meurtrier quand même, Abdelilah Benkirane est formel. Le crime d’honneur n’est pas vraiment un crime. Question d’humiliation. Question de dignité aussi que le chef du gouvernement place dans le lit conjugal. On savait M. Benkirane colérique, sanguin, emporté. On sait désormais qu’il est aussi capable de commettre l’irréparable sur un coup de sang et de plaider les circonstances atténuantes.
« Accepterais-tu de trouver un homme dans ton lit avec ta femme ? ». C’est bien cette question que A. Benkirane, le deuxième personnage du Royaume, a posée au secrétaire général du Conseil national des droits de l’Homme au cours d’une table ronde sur l’avant-projet du Code pénal organisée par le Mouvement populaire. Ce n’est pas une question piège. C’est une question triviale censée terroriser et faire taire ce défenseur des droits humains qui est résolument contre le maintien des crimes d’honneur et de la bienveillance dont ils bénéficient dans le projet de Mustapha Ramid. Le meurtre de l’amant de sa femme est dans le pack des islamistes au pouvoir entre le jeûne du Ramadan, les rapports sexuels halal, la non interruption volontaire de grossesse et la peine de mort. Au moins, il n’y a pas tromperie sur la marchandise. Jamais le PJD n’a prétendu défendre les libertés individuelles.
« Au lieu de tuer l'amant de ma femme, j'irais porter plainte devant le Parquet. Les crimes d’honneur n’ont pas de place dans notre société", a répondu froidement le SG du CNDH au chef du gouvernement. Belle leçon de civilisation, de démocratie et de respect des droits de l’Homme face au Moyen Age que nous promettent les ouailles de Benkirane.