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De loin, qui ne sait jamais fourvoyer en croyant que les zones humides ne sont ni plus ni moins que des zones marécageuses pleines de moustiques ? Mais à y regarder de plus près, les 18 hectares occupés par la Daya de Dar Bouazza sont bien plus que cela. En longeant la côte atlantique, à une quinzaine de kilomètres au Sud de Casablanca, il ne serait pas étonnant que vous passiez juste à côté sans pour autant la remarquer. Personne ne vous le reprochera. On a d'yeux que pour la mer et les dunes de sable. Rares sont les gens irrésistiblement attirées par un marais. Excepté les initiés. Elèves, étudiants, enseignants et scientifiques. Ils viennent des quatre coins du pays et même d’ailleurs, pour s'émerveiller devant la biodiversité et s'imprégner des multiples enseignements offerts par une zone humide “constituée principalement d'un marais permanent d’une dizaine d’hectares alimenté par des sources d’eau douce”, précise le document de synthèse de GOMAC et GREPOM. Dix hectares synonymes d’un havre de paix pour des oiseaux migrateurs (voir cicontre) et “servant de foyer de reproduction local pour plusieurs espèces d’oiseaux d’eau et d’amphibiens dont la dispersion alimente d’autres sites”, apprend-on dans ledit document. Par le passé, les zones humides de ce genre ne manquaient pas. Mais elles ont été sacrifiées sur l’autel de l’agriculture et de l’urbanisation. La biodiversité ne pèse pas bien lourd face aux considérations d'ordre économique. D’autant que le cadre juridique qui régit les zones humides laisse à désirer. Alors que dire de celles qui sont horscadre ?
Dans notre édition du samedi 25 mai 2019, nous avons pour la énième fois évoqué les failles du cadre juridique censé être sur le papier le protecteur des zones humides. Au vrai, on est plus proche du gouffre que de la faille. Car c’est un gouffre qui sépare les textes de loi et leur application. Pour faire court, normalement, les 300 zones humides répertoriées au Maroc sont protégées par la loi n° 22-07 relative aux aires protégées qui a été promulguée par le Dahir n° 1-10-123. «Elle permet au gestionnaire de classer l’aire en question, soit en tant que zones humides ou autres classifications précisées par la loi : parcs nationaux, parc naturel, réserve biologique, réserve naturelle et enfin sites naturels. Sans cela, les zones humides ne pourront pas être protégées par la loi», nous précisait Abdeslam Bouchafra, ingénieur forestier et directeur du Centre de l’éducation à l’environnement situé dans la zone humide de Sidi Boughaba, non loin de Kénitra. Sauf que la promulgation de la loi, il y a plus de dix ans, n'a pas fait bouger les lignes. En cause, l’absence d’arrêté d’application. Les zones humides du Maroc sont clairement vulnérables et la Daya de Dar Bouazza encore plus. Comme ses devancières, l’ombre d’un projet immobilier ou d’une surface agricole plane constamment sur cette propriété du domaine public hydraulique, placée sous la tutelle de l’Agence du bassin hydraulique du Bouregreg et de la Chaouia (ABHBC). Et dire que cette relique unique d’une formation qui s’étendait autrefois le long du littoral sur des kilomètres depuis l’oued Merzeg jusqu’au Sud de Casablanca, rend d’innombrables services aux populations.
Outre son rôle clé dans le maintien de la diversité biologique de la région, la Daya de Dar Bouazza stocke de l’eau en provenance des sources de la nappe de la Chaouia côtière. De quoi alimenter le bétail en eau potable, les parcelles agricoles, mais encore les espaces verts. Et aussi étonnant que cela puisse paraître, elle a un rôle clé dans la réduction des effets des changements climatiques. D’une part, sa végétation abondante retient un maximum de carbone et d’autre part, elle joue un rôle de maintien du littoral. Concrètement, la zone humide de Dar Bouazza est capitale en termes de stabilisation, rétention des sols et protection contre l’érosion-rôle dans l’amortissement des épisodes météorologiques extrêmes du fait de sa position-tampon le long du littoral atlantique. Bref, c’est une zone humide comme il en existe peu ou plus dans le pays et dont l’avenir s’écrit en pointillé.
Chady Chaabi