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Crainte d'un retour au pire à Bagdad après des tirs et la coupure d'Internet

Antonio Guterres exhorte tous les acteurs à s'abstenir de recourir à la violence et à enquêter sérieusement sur tous les actes violents


Vendredi 8 Novembre 2019

Crainte d'un retour au pire à Bagdad après des tirs et la coupure d'Internet
Les manifestants irakiens, qui réclament "la chute du régime", redoutent que la coupure d'Internet ne soit un signe précurseur d'un retour aux violences de début octobre, les forces de sécurité tirant de nouveau à balles réelles dans la capitale.
Depuis le début le 1er octobre d'un mouvement spontané de contestation, près de 280 personnes --en majorité des manifestants-- ont été tuées, selon un bilan compilé par l'AFP.
Dans un communiqué mercredi soir, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a dénoncé le recours aux balles réelles contre les manifestants. "Il exhorte tous les acteurs à s'abstenir de recourir à la violence et à enquêter sérieusement sur tous les actes violents", précise un communiqué de l'ONU.
Les autorités ont proposé réformes sociales et amendements constitutionnels, mais les manifestants continuent de réclamer le départ de tous les responsables qu'ils jugent corrompus et incompétents, ainsi qu'une refonte totale du système politique instauré après la chute du dictateur Saddam Hussein.
Dans le sud, chiite et tribal, la désobéissance civile continue de paralyser écoles et administrations, et gagne infrastructures portuaires et pétrolières, vitales pour l'Irak --deuxième producteur de l'Opep où les habitants étranglés par le chômage et la pauvreté réclament leur "part du pétrole".
A Bagdad, les contestataires ont été pris mercredi à plusieurs reprises sous les tirs des forces de sécurité, notamment sur le pont al-Chouhada.
Sur ce pont, le quatrième bloqué par des pans de béton installés par les autorités afin de contenir la foule qui continue de camper jour et nuit sur la place Tahrir, au bord du fleuve Tigre, de nombreux touk-touk transportaient des blessés.
La rue Rachid, longtemps décrite comme les Champs-Elysées de Bagdad, était prise dans un nuage de fumée et des manifestants couraient se mettre à l'abri sous des arcades de bâtiments abritant de nombreuses échoppes.
Mahmoud, un manifestant de 20 ans, raconte: "Les policiers antiémeute ont d'abord tabassé des protestataires à coups de matraques". "Les manifestants ont répondu avec des jets de pierres et ensuite les forces ont tiré" des balles, dit-il à l'AFP.
Jusqu'à lundi, sur les ponts al-Joumhouriya, puis Senek, les forces de l'ordre tiraient uniquement des grenades assourdissantes et des grenades lacrymogènes.
Mais depuis que la contestation a gagné les ponts al-Ahrar, lundi, et al-Chouhada mercredi, des tirs à balles réelles --parfois au gros calibre-- ont commencé à résonner à Bagdad.
De l'autre côté des blocs de béton, les forces de l'ordre reçoivent une pluie de billes lancées avec des frondes. Les policiers sont aussi régulièrement aveuglés par des dizaines de lasers verts et rouges pointés par des manifestants notamment perchés dans les étages du "restaurant turc", bâtiment de 18 étages devenu la tour de contrôle de la "révolution" de Tahrir.
Du 1er au 6 octobre déjà, selon le bilan officiel, 157 personnes ont été tuées, la plupart des manifestants tombés à Bagdad sous les balles de snipers que l'Etat dit ne pas pouvoir identifier. Internet avait été coupé pendant deux semaines à Bagdad et dans le Sud.
Le blocus sur les réseaux sociaux imposé début octobre n'a toujours pas été levé et depuis lundi soir, Internet est de nouveau coupé.
De nombreux militants ont été arrêtés, selon des sources de sécurité et militants, et des médecins s'inquiètent d'être sans nouvelle de membres du personnel soignant alors que de nombreuses voix dénoncent "des opérations d'enlèvement organisées".
Dans ce "climat de peur", les militants disent redouter d'être dispersés par les forces de l'ordre qui assurent se défendre contre des "saboteurs" infiltrés parmi les manifestants.
"La coupure d'Internet est le signal qu'il va y avoir du sang", assure à l'AFP une source gouvernementale.
Dans le sud, la désobéissance civile se renforce et empêche désormais l'accès des employés à la compagnie pétrolière publique de Nassiriya, à une raffinerie de Diwaniya et au port d'Oum Qasr, vital pour les importations.
Ces blocages ont des répercussions jusque dans le nord-ouest, épargné par la contestation. Au moins 60.000 barils de pétrole du champ de Qayyara n'ont pu être acheminés jusqu'à Bassora d'où partent la plupart des exportations d'or noir, selon une source au sein de la compagnie nationale de pétrole.
Dénonçant des "pertes de milliards de dollars", la représentante de l'ONU en Irak a appelé à "protéger les infrastructures".
Sur le plan politique, la situation continue de s'enliser.
Mardi, le Premier ministre irakien Adel Abdel Mahdi a balayé la proposition du président Barham Saleh de tenir des élections anticipées, la jugeant irréalisable.
Selon de hauts responsables sous le couvert de l'anonymat, le chef du gouvernement est désormais isolé, à couteaux tirés avec M. Saleh et sous pression de ses alliés pro-Iran.
L'Iran, grande puissance agissante en Irak avec son ennemi américain, concentre depuis quelques jours la colère des manifestants qui l'accusent de tirer les ficelles dans leur pays.


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