Contradictions indigestes

On proroge les mesures préventives d' un côté et on ouvre les écoles de l'autre


​Chady Chaabi
Vendredi 2 Octobre 2020

Le gouvernement a prorogé pour 14 jours supplémentaires les restrictions en vigueur depuis un mois à Casablanca. A savoir, la fermeture de toutes les entrées et sorties de la préfecture de la capitale économique sauf pour les personnes en possession d’une autorisation de déplacement. Le couvre-feu de 22h à 5h du matin. Et enfin, la fermeture des marchés de proximité chaque jour à 15h, des cafés et commerces à 20h et des restaurants à 21h.

La prorogation de ces mesures restrictives est, somme toute, logique, au vu de la circulation active du Sars-Cov-2 dans la préfecture de Casablanca. Sur les 2.391 nouveaux cas Covid+ enregistrés en 24h entre le mercredi et le jeudi (18h) au niveau national, un peu moins de 50% y ont été recensés. Pourtant, et aussi étonnant que cela puisse paraître, les membres du comité de veille local et du comité technique et scientifique dédié au Covid-19 ont estimé qu’il était temps pour les établissements scolaires de rouvrir leurs portes dès ce lundi 5 octobre.

Le décalage entre l’évolution négative de la situation épidémiologique et la décision de reprendre les cours en présentiel « dans le cas où ce format a été choisi par les parents d'élèves », précise le gouvernement, est de nature à créer des remous et une énième polémique. Echaudés en septembre par l’épisode de la rentrée scolaire, plusieurs parents se méfient de cette décision, craignant de se sentir piégés et lésés, encore une fois. Car il y a un mois, après avoir payé les frais de scolarité pour un format en présentiel, les parents d’élèves ont été outrés d’apprendre la fermeture des écoles la veille de la rentrée scolaire. Dès lors, ils sont une flopée à penser que ce scénario risque de se répéter. Certains ont même décidé de retarder le versement des frais de scolarité du mois d’octobre pour avoir l’assurance qu’ils ne vont pas payer des cours en présentiel et se retrouver avec leurs enfants à la maison pour suivre des cours en distanciel.

Il n’y a rien d’infamant dans l’adoption d’une telle position. Bien au contraire. D’autant que si le scénario de septembre se répétait réellement, on verserait dans une cacophonie sans nom, avec un gouvernement qui aura clairement pris la partie des établissements scolaires privés notamment. A dire vrai, c’est un cheminement qui est loin d’être utopique. Un peu partout aux quatre coins du monde, le mot « reconfinement » refait surface. En Espagne, entre autres. Dans l’Hexagone, les autorités sanitaires sont plus que jamais sur le qui-vive. De son côté, l’Organisation mondiale de la santé craint le pire et la double épidémie avec l’arrivée imminente du virus de la grippe. D’ailleurs dans ce sens, et pour s’éviter une saturation des services hospitaliers et une aggravation des cas dus au coronavirus, le ministère de la Santé marocain prévoit de lancer une campagne de vaccination massive contre la grippe qui est associée chaque année à 650.000 décès à cause d’infections respiratoires.

Pis, il y a même des scientifiques qui se posent la question suivante : Et si le coronavirus se combinait avec un autre virus ? En l’occurrence le virus de la grippe. En partant du principe que le Sars-CoV-2 est probablement issu de la combinaison de deux coronavirus qui auraient infecté le même animal, des scientifiques craignent que ce processus ne se répète chez l'humain, pour aboutir à une nouvelle pandémie. Pour certains, cette hypothèse est peu probable. Pour d’autres, elle n’est pas invraisemblable

Cité par le site d’information scientifique « Futura Sciences », Etienne Simon-Loriere, spécialiste des virus à ARN à l'Institut Pasteur, explique que la recombinaison des coronavirus « est l'un de leurs principaux modes d'évolution». Puis de nuancer en indiquant : «En comparaison avec d'autres virus à ARN, qui évoluent plutôt par mutation, les coronavirus sont plutôt stables, car ils possèdent des enzymes qui vérifient superficiellement que la copie de l'ARN ne comporte pas d'erreurs. Du coup, peu de mutants du Sars-CoV-2 sont connus à ce jour, et encore il s'agit de mutations mineures. »

Chady Chaabi


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