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Conseil de la communauté marocaine à l'étranger : De la démocratie à la majorité flottante…


Par Hassan SNOUSSI
Mardi 29 Septembre 2009

Conseil de la communauté marocaine à l'étranger : De la démocratie à la majorité flottante…
Après un an de fonctionnement du Conseil de la Communauté marocaine à l'étranger (deux ans d’existence), il est intéressant de procéder à une analyse critique de ses activités. Il s’agit là d’un exercice qui n’est pas véritablement effectué, compte tenu probablement de l’habitude, du caractère de cette structure et de l’immobilisme et du confort consistant à poursuivre dans une ligne bien tracée et en n’imprimant d’éventuels et prudents changements qu’après de longues arguties.
Dresser un bilan après un an est risqué, car c’est sur la durée que s’apprécie une action. Mais la manière dont les choses se passent, nous pouvons  formuler un avis sur ses orientations et son fonctionnement. Nous préférons une critique sincère à un compliment menteur pour plaire. Le fonctionnement du Conseil est à maints  égards obsolète et inadapté au Dahir de sa création. Sa communication, de manière liée, est elle aussi en deçà de ce qu’elle devrait être.
Le discours Royal du 6 novembre 2007 avait fixé deux priorités au CCME alors sur le point d’être constitué : plancher sur de nouvelles modalités organisationnelles et étudier les possibilités d’une représentation politique des Marocains résidant à l’étranger. Sur ces questions, force est de constater que le CCME n’a que très peu avancé. Il  a préféré se focaliser sur les questions culturelles et religieuses avec moult effets d’annonce, en laissant de côté son véritable cahier des charges, fixé par Sa Majesté.
La première assemblée plénière du CCME s’est déroulée à Rabat au siège du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération les 6 et 7 juin 2008. Elle a regroupé les 38 membres délibérant (sauf les 13 qui ne sont pas encore connus) et les 18 membres observateurs, représentant divers ministères et organismes concernés. Etant la première, il était normal que l’assemblée se préoccupe d’abord du règlement intérieur et de la formation des groupes de travail, avant d’adopter le plan de travail ainsi que le budget.
Si le règlement intérieur joue un rôle purement technique d’organisation du travail et des relations entre les différents organes du Conseil, il est à relever le verrouillage qu’il introduit au profit du président, qui s’arroge pratiquement toutes les prérogatives, ne laissant pratiquement que très peu d’attributions, de droits et de marge de manœuvre aux autres membres du Conseil. Par ailleurs, il est intéressant de voir les domaines d’intervention des six groupes de travail retenus, à travers leur appellation même :
- droits des femmes et nouvelles générations (5 membres délibérant et 8 membres observateurs) ;
- citoyenneté et participation politique (8 membres délibérant et 6 membres observateurs) ;
- cultures, éducations et identités (9 membres délibérant et 6 membres observateurs) ;
- administration, droits des usagers et politiques publiques (4 membres délibérant et 12 membres observateurs) ;
- compétences scientifiques, techniques et économiques (CSTE) pour le développement solidaire (5 membres délibérant et 6 membres observateurs) ;
- cultes et éducation religieuse (5 membres délibérant et 8 membres observateurs) ;
Parmi les principales remarques à formuler, on constate que les groupes de travail ne reflètent pas la nature des attributions conférées au Conseil par l’article 2 du Dahir. De même, les politiques publiques cantonnées à la quatrième commission, concernent des aspects multidimensionnels répartis entre les cinq autres commissions et non pas un domaine en soi. Par ailleurs, si le Dahir prévoit la possibilité de mettre en place des commissions spéciales et qu’on tienne compte du fait que dans sa phase transitoire, le CCME doit donner la priorité à la réflexion sur les conditions à réunir pour avoir à la prochaine échéance un conseil démocratique et transparent et permettre aussi la représentation des MRE dans toutes les autres institutions nationales (en premier lieu le Parlement), on s’attendait à ce que, au niveau organisationnel, cette priorité soit reflétée de manière tangible et substantielle. Ceci est à mettre en parallèle avec la durée du mandat du président du CCME (6 ans selon le Dahir), alors que la phase transitoire du Conseil est de 4 ans.
Les groupes de travail ont été formés, sachant qu’un membre délibérant du onseil ne peut appartenir qu’à un seul groupe. Mais un problème s’est posé au niveau de la désignation des présidents et des rapporteurs de ces groupes. Si l’article 20 du Dahir portant création du Conseil prévoit que le président et le rapporteur de chaque groupe sont élus parmi ces membres de ce groupe et si l’article 8 du règlement intérieur qui venait d’être adopté, précise que ceci se fait par vote secret, la procédure effective adoptée fut celle des désignations par la présidence du Conseil, ce qui posa un problème surtout pour la commission très sensible sur la citoyenneté et la participation politique, qui a vu la présentation de 3 candidats pour la présidence de la commission, alors que personne ne s’était désisté.
Ce dysfonctionnement ayant eu des répercussions énormes, les membres du CCME ont reçu fin juin 2008 l’information officielle selon laquelle la composition des groupes de travail sera revue en juillet 2008. Les réunions des groupes de travail ont été fixées entre le 20 juillet et le 10 août 2008, celles concernant la citoyenneté et la participation politique entre le 28 juillet et le 4 août. La nouvelle réunion du groupe de travail sur la dernière thématique tenue à Rabat le 29 juillet 2008, n’avait pas encore permis de résoudre la question du président et du rapporteur.
La nomination controversée du président du groupe Citoyenneté et participation politique et  la présence dans les réunions du groupe de Berdouzi (conseiller du président) ont  entraîné une série de rencontres quasi-mensuelles entre les deux entités précitées sans, faut-il le reconnaître, trouver de solution. Alors pourquoi ces rencontres ? Toute présidence a pour mission de faire fonctionner l’institution, mais l’on constate une situation de blocage.
Les membres, après avoir accepté les présidents de groupes,  ont arboré leur tunique d’ouvrier pour établi un plan de travail. Ils se sont attelés à délimiter le champ de leurs missions, à préciser la méthodologie de travail propre à chaque groupe et à inscrire leurs contributions dans le plan d’activités général 2008-2009.
Ces groupes ont également prévu dans leurs agendas respectifs de contribuer aux missions du Conseil via un processus de réflexion, d’études et de concertation avec la Communauté marocaine à l’étranger.  La collaboration est nécessaire entre les membres et les présidents imposés par la présidence sans pour autant inféoder celui-ci à celui-là.
Aussi, la présidence s’est-elle donnée comme méthode ou stratégie de rencontrer les membres dans des réunions stériles, puis le bureau et ainsi de suite comme dans une boucle infinie. Celle-ci ne pouvant tourner indéfiniment, il faut bien une fin avant… la fin.
La première approche a résidé dans un appel à une co-responsabilité : « Préservons l’image extérieure de notre Conseil»!
La deuxième approche a consisté à faire accepter aux membres, la domination de M. Ajbali et par ricochet l’outrecuidance ou le mépris du président qui a clairement décliné ses priorités : le plein régime présidentiel.
Le président, selon son acception du militant des droits de l’Homme, contrôle toutes les réunions et revient sur les décisions déjà prises. En voilà une grande alerte déjà !
Le président et son staff commencent les grandes réunions : sur la femme (Marrakech), sur les conseils dans les autres pays (Rabat), la religion (Fès & Casablanca), le troisième âge (Casablanca), le cinéma à Agadir, la foire du livre, Dakira…le Moussem…un tas de réunion sans résultats.
Il est à rappeler qu’aucune des six commissions ne s’est réunie pour proposer ses différentes rencontres. Tout est imposé par la présidence, ce qui a engendré trop de problèmes au niveau de ces dernières. Plusieurs membres des commissions n’ont pas assisté aux rencontres. Mais ils ont réussi à inviter les amis…
La réunion internationale des 3 et 4  mars 2009 a donné un signal fort. Pas de participation politique.  M. Berdouzi, lors de son exposé, a voulu démontrer l’impossibilité de cette fameuse participation politiquement. M. Ajbali présente le modèle marocain (imaginaire) pour le choix des membres du  CCME. Le président confirme  dans l’affaire de Bouarfa. D’ailleurs on devrait comprendre que le CCME doit s’arrêter les 3 et 4 mars 2009 et l’avis est clair.
Tout est fait dans le cadre du décor, car certains colloques et séminaires sont déjà réalisés par les autres institutions (ministère chargé de la Communauté, la Fondation Hassan II, les Universités d’Oujda, de Mohammedia, de Aïn Chock, de Rabat….) et les conclusions sont déjà faites. Faut-il refaire les choses pour le  plaisir de gaspiller de l’argent ou pour autre chose ? Sinon pourquoi  le CCME n’a pas organisé de rencontre sur la citoyenneté et participation politique ?
Les membres de la commission Citoyenneté et participation politique sont frustrés et ont demandé des explications, mais le président et ses conseillers ont recouru à la « majorité flottante »  en faisant réunir les membres du Conseil à Dayat Roumi. L’objectif est de faire intervenir les membres de cette « congrégation » dans le sens souhaité par la présidence. Les deux autres « congrégations » sont celles de la « minorité agissante », c’est-à-dire celle qui prend la décision d’aller de l’avant et enfin celle de la « majorité dormante » c’est-à-dire la seule majorité. Les choses ne sont pas aussi simples qu’elles ne paraissent ; il faut donc expliciter.  En effet, la « majorité dormante », inclut, en réalité, la « majorité flottante » sans le savoir ou autrement dit celle-ci puise dans celle-là autant que faire se peut. Autant dire, un jeu de dupes et de duperies qui ne doit point prospérer.
Tout cela est confirmé par le fameux sondage réalisé par  BVA-CCME qui ne soulève pas la question importante de la participation politique.
En guise de conclusion générale, si la tonalité critique a dominé, compte tenu des faits constatés et des problèmes en suspens, car  après un an, nous ne pouvons qu’avouer notre déception.
A dire vrai, nous ne pensons pas que la parution des photos du président dans les pages de journaux, les rencontres stériles sont les priorités du CCME.
Pour le  fonctionnement du Conseil, même si l’apparence démocratique semble  sauve, la réalité demeure fort éloignée de ce que sont en droit d’attendre les Marocains de l’étranger.
La volonté d’étouffer ceux qui expriment « la minorité » est une constante. Le président cherche purement et simplement à les écarter des grandes instances de réflexion et de proposition.
Il leur interdit d’émettre des avis, des recommandations voire des jugements, ce qui est tout simplement inacceptable dans une instance démocratique. Cette façon de faire ne peut évidemment pas satisfaire. Les membres sont tout le temps menacés d’exclusion alors qu’ils sont nommés par Sa Majesté.  Nous avons le sentiment que le CCME va continuer à ronronner avec un bilan élogieux couché sur papier glacé à grand renfort de photos et de nombrilisme, avec une communauté qui va continuer à vieillir et à diminuer. Heureusement que certains membres ne baisseront pas les bras. Ils continueront à faire entendre leur voix empreinte de  responsabilité et de courtoisie mais avec l’inquiétude d’une grande ombre, celle d’être comme Don Quichotte et de se battre contre des moulins à vent. 


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1.Posté par Azbali le 29/09/2009 18:53
Si j'ai bien compris cet article, le CCME est dirigé par une bande d truands qui excellent dans la manipulation, ils déroulent un agenda bien fi scellé et ont encore une fois l'intention de rouler les CME comme ils avaient fait en 2007 lors du consultations du CCDH.

Je me demande bien si dans ce pays il existe bien un arbitre pour mettre un terme à cette mascarade qui n'a que trop duré... l'auteur est visiblement bien renseigné et je me demande même si ce n'est pas un membre du CCME qui se cache derrière un pseudo.

En tout cas, je remercie cette personne pour avoir dévoilé ces manipulations machiavéliques...
Mr yazami a du souci à se faire, car à mon avis ses jours sont comptés, la question qui se pose maintenant est : Ne faut il pas dissoudre ce CCME et l'enterrer au plus profond de la terre afin que ses odeurs nauséabonds ne remontent pas jusqu'à la surface...

J'invite les membres qui veulent encore sauver la face à se désolidariser du couple Yazami, Ajbali

2.Posté par BOUSSIF le 30/09/2009 09:42
Un point de vue d'un citoyen marocain vivant à l'étrangrer!

Trés bonne analyse Monsieur SNOUSSI
... je pense même que vous étiez, très diplomate..., bref, le CCME actuel est une coquille vide , une bande à table, 'Walima' qui ne veut plus se lever de ladite 'table' car la soupe est très très très bonne, arrêtons le masacre, les RME ne veulent plus entendre en parler, alors que le CCME pourrait être un outil de rassemblement et non de divergence, un lieu d'échange et non ' RASSI YA rassi ' , une crédibilité et non un désarrois, une haine et non une fraternité, ....une divergence et non une solidarité. J'ai peur des conséquences néfastes que ces méthodes peuvent engendrer...
Solution :Participation politique des RME ' Parlement '

3.Posté par hamid de Nice-FRANCE- le 30/09/2009 18:27
Ce qui est déplorable dans ce dossier CCME-REPRESENTATION DES MRE, c'est que les auteurs de cette vaste escroquerie intellectuelle, qui parait hélas comme une opération de manipulation ayant pour objet la mainmise sur l'expression et la représentativité politique d'une communauté de trois millions de marocains résidents à l'étranger, c'est qu'elle est l'œuvre d'anciens militants politiques de la gauche marocaine, d'anciens militants des droits de l'Homme. Et qui se conduisent aujourd'hui comme des voyous de la politique. Qui sont prêts à toutes les manœuvres pour conserver les privilèges que le pouvoir a bien voulu leur concéder.
Cette entreprise est lamentable, au nom de ces milliers et millions de marocains immigrés qui ont toujours donné le meilleur d'eux mêmes pour la mère patrie et qui méritent un sort différent que celui qu'on leur a réservé jusqu'à présent..
A chaque fois que ce dossier est évoqué devant moi, je ressens toujours le même sentiment de révolte et de colère. Il est plus que temps d'arrêter cette mascarade , ceci est indigne du Maroc moderne.

4.Posté par amir le 12/07/2010 20:52
Très bel article, bien documenté, dont les sources sont évidentes.

Beaucoup de membres du ccme sont outrés et dépités mais ne démissionnent pas.

Ce fait peut se comprendre dans la logique de vouloir changer les choses de l'intérieur ...

Cependant, le système mis en place par les dirigeants verrouille toute tentative de remise en question de l'arnaque intellectuelle imposée aux libre-penseurs, comme une chape de béton sombre sur une source d'eau cristalline.

Les CME (CITOYENS Marocains de l'étranger) continuent à se voir affubler l'étiquette acronymique de RME (résidant marocains à l'étranger, comme si c'était une maladie honteuse) pour bien insister sur leur caractéristique mineure de résidant tout en obturant la vision de leur citoyenneté marocaine.

Les CME sont des citoyens marocains, comme tous leurs compatriotes, leurs amis, leur famille. Nier cette évidence ne fait qu'hypothéquer l'avenir de toute tentative de concertation et de progès politique et social.

Les associations sérieuses, les ONG, le Congress des citoyens marocains de l'étranger en premier (www.congressweb.org), ne sont que peu ou jamais consultés pour apporter leur expertise et leur vision à long terme ainsi que les modalités d'application, en forme et en fond, à propos d'évolutions substantielles du panorama tant socio-économique que politique.

Des solutions existent, des voies à tracer mais déjà bien jalonnées ont été mises en place depuis bientôt 10 ans par le Congress des CME.

L'existence même du CCME est une revendication du Congress depuis 2001 préparée par des études et réflexions encore antérieures.

Sur le principe de la création du CCME, on ne pouvait que se réjouir ... sur son fonctionnement, on attend encore de voir si ce précipice vers lequel il se dirige le fera faire volte-face pour aller vers la bonne direction : le futur, le progrès, l'avenir des enfants de la nation que nous voulons tous voir grand, grandiose, compétitif, occupant une place de choix parmi les autres nations avancées du monde.

Le temps passe et l'inéluctabilité s'imposera de toute façon mais l'Histoire retiendra dans ses livres tous ces personnages mineurs qui se sont opposé de toutes leurs petites énergies au courant irrépressible de l'évolution logique de toute société civilisée.

Aujourd'hui 4 millions de paires d'yeux observent dans l'expectative, demain peut-être ce seront 10 millions de regards qui se poseront sur cette tranche inoubliable de l'Histoire et qui mettront une étiquette indélébile sur les événements et les acteurs qui les auront favorisés ou contrariés.

Le train va droit vers le précipice.

Les conducteurs n'entendent-ils pas la sirène d'alarme ? Vite, ne laissez pas sacrifier les espoirs de toute une communauté sur l'autel de la gloire d'un président vissé sur son siège qui n'a d'esprit militant que son passé. Pense-t-il parfois que ce siège pourrait être éjectable ? De toute manière il en a certainement plusieurs, il trouvera toujours où se poser ... bien joué !

Ceci n'est donc qu'un jeu ?

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