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L'immense flop de la conférence Rio-20, les cuisantes défaites des sommets de Durban et de Copenhague (qu'en est-il de l'ultimatum climatique ?!), la déculottée des partis écologiques aux présidentielles françaises sont d'indéniables signes annonciateurs de l'effondrement d'une idéologie que nous pensions primordiale, principielle, en raison du piètre état de la planète. La dernière veste électorale d'EE-LV n'est ni compensée, ni contredite par l'obtention de représentations parlementaires et de bonnes places ministérielles pour certains de ses acteurs. Tout au contraire, preuve en est de leur soif de pouvoir comme vraie motivation révélée, au prix d'une alliance opportuniste dont ils n'ont même pas honte. Force est donc de constater que l'écologisme a vécu, qu'il va falloir entériner ce rêve.
Le vocable «écologie», mis à toutes les sauces et tant galvaudé, avait depuis longtemps perdu son sens initial et didactique. Il n’est pas certain que tout un chacun sache, ou se souvienne, que l’écologie est une discipline scientifique et non idéologie soucieuse de l’environnement, pour la défense de la Nature, la protection des espèces, la veille des ressources naturelles, et encore moins un courant politique chargé de veiller sur la planète, de lutter contre les pollutions, le nucléaire, le réchauffement climatique, de revendiquer des valeurs sociales plus équitables, une justice économique, l’autonomie des peuples, un nouvel ordre du commerce… Il n’y a pas si longtemps, l’écologie comme slogan de manifestations revendicatives, voire label de produit commercialisé, pouvait surprendre l’écologue qui ne voyait guère le lien possible entre l’étude des relations entre une plante ou un animal et son habitat, et le mariage homosexuel ou la qualité prétendue d’un pavillon de banlieue ou d’une lessive biodégradable ! Le flou sémantique et les confusions épistémologiques résultant de diverses acceptions d’un même mot, sont parfois lourds de conséquence dans l’actuel contexte du savoir nivelé par le bas.
Ainsi, l'écologie politicarde, inculte et fourbe, tout comme celle marchande dont le fer de lance est le ridicule blanchiment vert, ont mal tourné. Le mot dévoyé de son sens aurait été victime du désir de plaire en balayant trop large des concepts de pacotille. Mais ce hold-up avorté n'aura pas entraîné dans les oubliettes ni l'écologie scientifique, ni l'écologisme radical. Les écologues sont gens bien. Le radicalisme est un état de colère, d'insurrection, face à l'innommable. Protéger la Nature passe par la colère, pas par l'électoralisme. Ce n'est ni moins, ni plus qu'un retour aux sources des années 1960 où l'on ne faisait pas semblant d'ouvrir sa gueule, période de révoltés qui n'auraient censément pas accepté de se faire rouler dans la farine d'un grotesque Grenelle de l'environnement et de se faire bourrer le mou par des gens aussi frivoles qu'un Borloo ou qu'une NKM.
Si j'ai une seule raison de pouvoir continuer à me regarder dans un miroir, c'est sans doute pour avoir su m'écarter de cette mouvance faisandée, de ne pas avoir fait de concession et de ne pas avoir pris mes lecteurs pour des imbéciles. Ecologue et naturaliste de passion depuis plus d'un demi-siècle, je n'ai eu aucun mérite à rester intègre et radical dans ma pensée et à aborder comme il fallait les sujets qu'il fallait aborder.
J'en suis assez fier.
S'il n'est reste qu'un, deux ou trois (hommage à Paccalet, à Nicolino...), j'espère donc être de ceux-là.
*(Ecologue, essayiste)
Le vocable «écologie», mis à toutes les sauces et tant galvaudé, avait depuis longtemps perdu son sens initial et didactique. Il n’est pas certain que tout un chacun sache, ou se souvienne, que l’écologie est une discipline scientifique et non idéologie soucieuse de l’environnement, pour la défense de la Nature, la protection des espèces, la veille des ressources naturelles, et encore moins un courant politique chargé de veiller sur la planète, de lutter contre les pollutions, le nucléaire, le réchauffement climatique, de revendiquer des valeurs sociales plus équitables, une justice économique, l’autonomie des peuples, un nouvel ordre du commerce… Il n’y a pas si longtemps, l’écologie comme slogan de manifestations revendicatives, voire label de produit commercialisé, pouvait surprendre l’écologue qui ne voyait guère le lien possible entre l’étude des relations entre une plante ou un animal et son habitat, et le mariage homosexuel ou la qualité prétendue d’un pavillon de banlieue ou d’une lessive biodégradable ! Le flou sémantique et les confusions épistémologiques résultant de diverses acceptions d’un même mot, sont parfois lourds de conséquence dans l’actuel contexte du savoir nivelé par le bas.
Ainsi, l'écologie politicarde, inculte et fourbe, tout comme celle marchande dont le fer de lance est le ridicule blanchiment vert, ont mal tourné. Le mot dévoyé de son sens aurait été victime du désir de plaire en balayant trop large des concepts de pacotille. Mais ce hold-up avorté n'aura pas entraîné dans les oubliettes ni l'écologie scientifique, ni l'écologisme radical. Les écologues sont gens bien. Le radicalisme est un état de colère, d'insurrection, face à l'innommable. Protéger la Nature passe par la colère, pas par l'électoralisme. Ce n'est ni moins, ni plus qu'un retour aux sources des années 1960 où l'on ne faisait pas semblant d'ouvrir sa gueule, période de révoltés qui n'auraient censément pas accepté de se faire rouler dans la farine d'un grotesque Grenelle de l'environnement et de se faire bourrer le mou par des gens aussi frivoles qu'un Borloo ou qu'une NKM.
Si j'ai une seule raison de pouvoir continuer à me regarder dans un miroir, c'est sans doute pour avoir su m'écarter de cette mouvance faisandée, de ne pas avoir fait de concession et de ne pas avoir pris mes lecteurs pour des imbéciles. Ecologue et naturaliste de passion depuis plus d'un demi-siècle, je n'ai eu aucun mérite à rester intègre et radical dans ma pensée et à aborder comme il fallait les sujets qu'il fallait aborder.
J'en suis assez fier.
S'il n'est reste qu'un, deux ou trois (hommage à Paccalet, à Nicolino...), j'espère donc être de ceux-là.
*(Ecologue, essayiste)