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Comme pour Cendrillon, interdit de danser en boîte après minuit à TokyoAFP
Mardi 8 Juillet 2014
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Tokyo est sans doute l’une des capitales les plus vibrionnantes la nuit mais comme pour Cendrillon le douzième coup de minuit est fatidique: interdit de danser en boîtes. Enfin théoriquement... En raison d’une loi vieillotte de 1948 qui voulait combattre la prostitution dans les dancings, les fêtards japonais et étrangers n’ont en effet pas le droit de se déhancher, encore moins de «lasciver», passé midnight. Et si certains noctambules veulent ignorer les affiches «défense de danser» placardées à l’entrée des night-clubs, ils risquent d’être embarqués par la police, tels de dangereux criminels. D’autant que ces dernières années la maréchaussée nippone a frappé fort pour faire appliquer cette interdiction, en multipliant les raids dans les haut-lieux de la vie nocturne tokyoïte. Mais voilà, les Jeux olympiques se profilent à l’horizon 2020 et pour beaucoup, notamment des députés, il serait temps de mettre au rancart cette législation vermoulue. Le mois dernier, une commission gouvernementale est elle-même convenue que cette «loi sur le contrôle et l’amélioration du secteur du divertissement» devait être passablement dépoussiérée. «Pourquoi danser serait-il illégal? A l’évidence l’effet JO va jouer. On peut raisonnablement espérer que ça va changer d’ici à la fin de cette année», explique à l’AFP Tsukasa Akimoto, le patron de cette commission et membre du parti au pouvoir. Il est d’autant plus temps qu’après des années durant lesquelles la police a gentiment fermé les yeux, ce n’est plus le cas depuis la mort en 2010 d’une étudiante de 22 ans lors d’une bagarre dans un night-club d’Osaka. Du coup, la plupart des dancings de la deuxième ville du Japon ont dû mettre la clé sous le paillasson. A Tokyo, on est pour ainsi dire rentré dans la clandestinité, voire la résistance pour certains. «J’ai vu des clubs où soudain on coupait l’électricité, parce que des policiers rôdaient dans le quartier», raconte Ken Ishii, une star de la techno. «Cette loi est vraiment bizarre». Des patrons de clubs ont été également arrêtés juste pour avoir laissé les gens danser après minuit. Une des raisons de ces raids policiers tient à la classification dans laquelle tombent les dancings: comme ils servent de l’alcool, ils sont assimilés aux bars et cabarets, où les noctambules peuvent boire, mais là en compagnie d’hôtesses. Alors pour éviter des descentes après le gong de minuit, les night-clubs font profil bas mais ne se résignent pour autant pas: pour danser heureux, dansons cachés, tel semble être le mot de passe. Aussi les propriétaires ne prennent-ils aucun risque: ils affichent tous bien en évidence le panonceau «interdit de danser» avec l’heure de fermeture, et, dans leurs publicités annonçant un événement particulier, une soirée spéciale, ils évitent soigneusement les mots qui pourraient fâcher les autorités, en tout cas leur mettre la puce à l’oreille: DJ, danse, etc. «Les flics pourraient débouler à tout moment et faire pleuvoir les contraventions comme pour un excès de vitesse, mais tant qu’il n’y a pas de problèmes et de bruit, ça va», explique le DJ Ko Kimura, qui a monté un groupe de pression pour faire tomber l’interdiction de se trémousser de nuit. Alors quand des noctambules qui se sont copieusement déhanchés quittent les boîtes, dont certains un peu «joyeux» disons, des gardiens/videurs style ninjas émergent de l’obscurité avec des lampes-torches et leur demandent gentiment de repartir sur la pointe des pieds et sans vociférations pour ne pas ameuter le quartier. Si la législation en elle-même semblait déjà datée, la décision du CIO d’accorder les Jeux d’été 2020 à Tokyo l’a à l’évidence rendue encore plus décalée avec l’époque. «Vous vous imaginez des athlètes étrangers qui voudraient sortir le soir et se feraient arrêter juste pour avoir dansé? Ridicule, non?», dit à l’AFP Ko Kimura. Si lui est persuadé que «ça va changer», la police de la capitale ne semble pas encore tout à fait prête. Dans les années 80, elle a même renforcé l’application de la loi de 1948 après l’assassinat d’une adolescente dans une boîte disco de Tokyo. «La pègre des yakuza n’a pas trop d’intérêts dans les dancings, ça ne rapporte pas assez; quant à la drogue ce n’est pratiquement pas un problème dans les night-clubs au Japon. Non, ce que la police nous demande en permanence, c’est: pas de bagarre de clients saouls dans la rue», raconte encore le DJ Kimura. Six ans c’est encore loin mais, à Tokyo, dans le petit monde de la nuit, on espère que l’esprit olympique va vite souffler sur les pistes. Et pas seulement d’athlétisme.
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