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Chute brutale attendue du commerce mondial de l'électronique et des produits automobiles

Deux secteurs stratégiques dans la politique industrielle du Maroc


Alain Bouithy
Vendredi 17 Avril 2020

Chute brutale attendue du commerce mondial de l'électronique et des produits automobiles
Le commerce mondial des marchandises, qui avait déjà ralenti de 0,1% en volume en 2019, devrait afficher un recul de 13% à 32% en 2020 du fait de la pandémie du Covid‑19, a annoncé l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Alors qu’elle posait déjà problème lorsque le coronavirus était essentiellement limité à la Chine, la perturbation des chaînes de valeur « reste un facteur dominant aujourd’hui que la maladie est largement répandue », a constaté l’organisation.
Ainsi, « il est probable que la baisse du commerce sera plus forte dans les secteurs caractérisés par des chaînes de valeur complexes, notamment ceux de l'électronique et des produits automobiles », a-t-elle prévenu dans un communiqué annonçant les prévisions commerciales et publié récemment.
La chute annoncée du commerce de l’électronique et des produits automobiles ne devrait pas laisser indifférent le Maroc qui a fait de ces deux secteurs des segments stratégiques de sa politique industrielle.
Situé en amont des industries aéronautique, automobile et ferroviaire, ainsi que des domaines de la défense et de la sécurité, le secteur de l’électronique a connu ces dernières années un développement soutenu au Maroc, relève le ministère de l’Industrie, du Commerce, de l’Economie verte et numérique sur son site Internet.
Cette évolution s’est faite avec des opportunités grandissantes, telles que « le développement de plus en plus de produits à forte valeur ajoutée ; l’émergence de sous-traitants mieux intégrés ; l’augmentation de la part de l’électronique dans l’automobile, l’aéronautique, le ferroviaire, les énergies renouvelables et la défense… », écrit-il sur son site web.
Pour atteindre le plein potentiel du Maroc dans l'électronique, le ministère rappelle en outre que l'Etat a mis en place une offre axée sur le développement de l’électronique de spécialité. Ce qui, souligne-t-il, a permis « au pays de devenir une plateforme de production et d’exportation vers l’Europe ».
Cependant, à fin février 2020, l’Office des changes a relevé une baisse des exportations du secteur de l’électronique à 1.126MDH contre 1.428MDH à la même période de 2019. Ce qui correspond à -21,1% ou -302MDH.
Notons qu’au  niveau mondial, et selon la base de données sur le commerce en valeur ajoutée (TiVa) de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), « la part de la valeur ajoutée étrangère dans les exportations de produits électroniques était d'environ 10% pour les Etats-Unis, 25% pour la Chine, plus de 30% pour la Corée, plus de 40% pour Singapour et plus de 50% pour le Mexique, la Malaisie et le Vietnam », selon l’OMC.
Hissée à des niveaux de croissance soutenus au cours des dix dernières années, l'industrie automobile marocaine (premier secteur exportateur du Maroc) a de son côté connu une performance particulièrement remarquable à l’export et en termes de création d’emplois (116.000 postes entre 2014 et 2018).
En détail, soulignons que le positionnement du Maroc en tant que plateforme de production et d’exportation d’équipements et de véhicules automobiles a été conforté par les implantations de groupes étrangers de renom tels que RENAULT, SNOP, GMD, BAMESA, DELPHI, YAZAKI, SEWS, SAINT-GOBAIN et plus récemment PSA Peugeot Citroën, rappelle là aussi le ministère de l’Industrie.
A noter qu’à fin février 2020, les exportations du secteur ont enregistré un accroissement à 13.919MDH contre 13.462MDH au même mois de l’année écoulée (+3,4% ou +457MDH).
Selon l’Office, cette hausse résulte essentiellement de la progression des ventes du câblage (5.847MDH au lieu de 5.646MDH une année auparavant, soit +3,6% ou +201MDH) et dans une moindre mesure de l’intérieur véhicules et sièges (956MDH contre 821MDH, soit +16,4% ou +135MDH). La part de ce secteur dans le total des exportations s’élève, ainsi, à 28,9% contre 28,2% un an auparavant.
Revenons au niveau mondial pour dire que « la perturbation des chaînes d'approvisionnement complexes peut aussi résulter de catastrophes localisées telles que les ouragans et les tsunamis et d'autres perturbations économiques », a mis en garde l’OMC.
Par ailleurs, l’organisation écrit : « Il se pourrait que le commerce des services soit la composante du commerce mondial la plus directement touchée par le Covid-19 en raison des restrictions imposées dans les domaines des transports et des voyages et de la fermeture de nombreux établissements de vente au détail et d'hébergement ».
S’ils ne sont pas inclus dans les prévisions de l'OMC relatives au commerce des marchandises, l’organisation a estimé que l'essentiel du commerce des marchandises serait impossible sans eux, citant en exemple les transports.
Par ailleurs, « les services sont également interconnectés, avec des transports aériens qui maintiennent un écosystème d'autres activités culturelles, sportives et récréatives », a fait remarquer l’organisation.
Quoi qu’il en soit, à l’OMC on est persuadé que certains services pourraient toutefois retirer des bénéfices de la crise. « C'est le cas des services informatiques, dont la demande a explosé du fait que les entreprises s'efforcent de permettre à leurs employés de travailler chez eux et que la socialisation se fait à distance », a-t-elle expliqué.
« Le large éventail de possibilités liées à la baisse prévue s'explique par la nature sans précédent de cette crise sanitaire et par l'incertitude quant à son impact économique précis », selon les économistes de l'OMC qui pensent que cette baisse sera probablement supérieure à la contraction du commerce causée par la crise financière mondiale de 2008-2009.
S’il est indéniable que les chiffres sont mauvais, le directeur général de l'OMC assure qu’une relance rapide et vigoureuse est possible, soulignant que « les décisions prises aujourd'hui détermineront la forme de la reprise et les perspectives de croissance mondiale ».
Pour Roberto Azevêdo, « nous devons poser les fondements d'une reprise forte, soutenue et socialement inclusive. Le commerce sera un ingrédient important en la matière, associé aux politiques budgétaires et monétaires », a-t-il poursuivi.
Pour stimuler les investissements renouvelés dont aura besoin le commerce mondial, il a estimé « essentiel de maintenir l'ouverture et la prévisibilité des marchés, ainsi que de favoriser un environnement économique plus généralement favorable ». Et de conclure : « Si les pays travaillent la main dans la main, nous aurons une croissance beaucoup plus rapide que si chacun agit seul. »


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