Mais cette balkanisation, selon lui, n’est pas une fatalité, car l’Afrique peut « rebondir, se réorganiser et avoir une chance dans la compétition moderne du 21ème siècle si elle accepte de régler la question de son unité, remettre en cause les cadres étroits dans lesquels nous avons été emprisonnés. Que peuvent faire la Gambie, le Sénégal, le Maroc demain devant la Chine comme interlocutrice ou devant l’Inde ou le Brésil ? ». Il a plaidé également pour le retour du Maroc au sein de l’UA dont il était l’un des fondateurs.
Cheikh Tidiane Gadio a, par ailleurs, salué la politique du Maroc envers le continent. Laquelle politique, selon lui, vise à mettre fin à « la rupture artificielle qui a été créée en Afrique entre ce qu’on appelle l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne. On nous a tracé une frontière tout à fait invisible et absolument inexistante entre le nord et le reste de l’Afrique ». Et de préciser : « SM le Roi Mohammed VI est en train d’accélérer l’histoire du Maroc dans sa relation avec le reste du continent africain. C’est peut-être le seul chef d’Etat qui fait une tournée annuelle dans le continent, qui amène le secteur privé de son pays pour dire : nous voulons travailler avec vous, échanger nos expériences de développement, nous voulons nous enrichir de ce que nous avons appris et apprendre de ce vous avez réussi chez vous. Envoyer les banques marocaines un peu partout dans le continent, pousser la compagnie aérienne marocaine à se déplacer partout dans le continent autant que faire se peut ».
Par ailleurs, il a salué l’initiative de la Fondation Fikr pour avoir organisé ce colloque international. « Honnêtement, a-t-il souligné, c’est la première fois que je vois une fondation, institut ou un think tank de réflexion du pays du Nord de l’Afrique qui commence sa première activité par une réflexion sur les relations entre le nord et le reste du continent, et particulièrement entre le Maroc et l’Afrique ».
Pour sa part, Mohamed Derouiche, président de la Fondation Fikr, a affirmé lors de l’allocution de clôture que le Maroc « a depuis toujours privilégié l’entretien de rapports profonds avec l’Afrique et ce, sur les plans commercial, spirituel et culturel. Bien plus, le Maroc n’a jamais envisagé un quelconque destin pour lui sans que l’Afrique n’y ait une place. C’est dire que l’attachement du Maroc à l’Afrique n’est pas seulement géographique ».
Selon M. Derouiche, la rupture coloniale n’était qu’une parenthèse, car « aujourd’hui le contexte est tout autre : le Maroc et l’Afrique sont engagés dans un nouveau projet des plus fantastiques pour le développement et la création des richesses. En témoignent les récentes visites de Sa Majesté le Roi Mohammed VI dans de nombreux pays africains et le lancement de nombreux projets, l’augmentation et la diversification des investissements qu’il y a initiés.
En témoignent aussi l’important flux de jeunes Africains qui viennent chaque année s’installer au Maroc pour y étudier, vivre et travailler, de même que le nombre de plus en plus grand d’entreprises et de start-up marocaines qui choisissent d’installer leurs activités en Afrique ».
Et en témoigne également la tenue de ce colloque, qui n’était pas fortuit ou « de circonstance », mais « il s’inscrit dans la grande tradition d’amitié qui unit le Maroc à l’Afrique », a-t-il conclu.
A noter que ce colloque qui a connu la participation de chercheurs et d’hommes politiques de plusieurs pays tels le Sénégal, le Bénin, le Tchad, la Guinée, la Tunisie, le Côte d’ivoire, entre autres, avait débattu de plusieurs thèmes : le Maroc dans la géographie africaine, la stabilité et les défis sécuritaires en Afrique, la diplomatie parallèle, et les défis de l’intégration.
A souligner également que le succès de ce colloque, selon Mohamed Derouiche, est dû essentiellement au comité d’organisation composé d’El Moussaoui Ajlaoui, Abderrahman Tenkoul, Zhor Lhioui, Yousef El Ouari, Yousef Agmir, Khaled Chegraoui, Rachid Belbah, Abdelaziz Derouiche, Hasan Berkia et Said Jaafar.