Casa mise en cloche


Chady Chaabi
Lundi 7 Septembre 2020

Depuis hier, les habitants de la préfecture de Casablanca ont eu le droit à une deuxième couche de mesures de restrictions. Pour rappel, le 21 août dernier, le gouvernement avait décidé la fermeture des plages de Casablanca, Dar Bouazza et Paloma à Ain Harrouda, tout comme celle des hammams et des salles de sport quelques jours plus tard, ainsi que les cafés à partir de 20 heures dans certains quartiers. Entrer et sortir de Casablanca était également soumis à une autorisation des autorités. Dimanche soir, l’ensemble de ces mesures restrictives a été conforté et le dispositif destiné à enrayer la propagation de l’épidémie renforcé, à raison, car sur les 2.234 nouveaux cas Covid+ recensés dimanche (18h), ce qui constitue un record au niveau national, 948 ont été découverts à Casablanca-Settat dont 773 uniquement dans la préfecture de Casablanca.

Couvre-feu de 22h à 5h
En plus donc de la mise sous cloche de la préfecture de Casablanca, qui ne datait pas d’hier, le gouvernement y a instauré un couvre-feu de 22h à 5h du matin. Sont habilités à circuler pendant ce couvre-feu : Le personnel de la sûreté et de la santé publique et les employés des secteurs vitaux et sensibles. S’agissant des transporteurs de marchandises, ils sont autorisés à se déplacer, à condition de présenter des justificatifs. L’autre mesure phare réside dans la fermeture des marchés de proximité quotidiennement dès 15h. Les cafés et les commerces devront baisser le rideau à 20h. Pour les restaurants, ce sera 21 heures.

Fermeture des écoles
La coïncidence est pour le moins troublante. Le plus lourd bilan en nombre de cas recensés a été enregistré la veille de la rentrée scolaire. Du coup, l’Exécutif a décidé de fermer toutes les écoles primaires, secondaires et supérieures. Les examens universitaires ont été reportés, et les fournitures scolaires rangées dans le placard, à cause de l’adoption de l'enseignement à distance comme ce fut le cas il y a quelques jours à Sidi Yahia El Gharb (Kénitra). Cette décision a du mal à passer. Les parents d’élèves ont beaucoup de mal à l’avaler. C’est on ne peut plus logique. Le timing de l’annonce du gouvernement est rageant. Combien de parents ont dû s’endetter pour payer les frais de scolarité et les fournitures scolaires de leurs enfants ? Et quid de certaines écoles qui les ont obligés à payer l’intégralité des frais de l’année scolaire ? Bref, le courroux des parents d’élèves est compréhensible, d’autant qu’ils ont payé pour des cours en présentiel. Et maintenant, ils se retrouvent avec des enfants à la maison sans surveillance. Car contrairement à la fin de la précédente année scolaire, les parents ne sont pas confinés. Ils partent travailler pour alimenter le moteur d’une économie nationale en grand danger.

Le spectre du reconfinement général
L’économie, justement, pourrait-elle résister à un second confinement généralisé ? Rien n’est moins sûr. A dire vrai, le confinement ne peut être soutenu qu’une fois, économiquement parlant. Et de toute évidence, en choisissant de l’instaurer en mars dernier pour intégrer la dynamique planétaire, alors que la situation sanitaire du pays ne l’imposait pas, l’Exécutif a grillé une cartouche. La seule dont il disposait. Aujourd’hui, un reconfinement généralisé est illusoire, quand bien même la situation épidémiologique du pays est plus grave qu’en mars dernier. En effet, aujourd’hui, le nombre de cas Covid+ recensés au quotidien est au moins 10 fois plus élevé qu’au début de l’épidémie. Pis, lundi (18h), le nombre de cas actifs a explosé pour atteindre 15.759 cas, soit 43,4 cas par 100.000 habitants, parmi lesquels 201 personnes sont dans un état grave ou critique et 33 intubées. Il faut aussi souligner que les disparitions se comptent toujours par dizaines depuis plusieurs semaines. Lundi, 32 nouveaux décès ont été enregistrés, portant le cumul à 1.361 disparitions dues au Sars-Cov2. Le taux de létalité s’établit à 1,9%. Déroutant, le nouveau coronavirus ne cesse d’ébranler nos certitudes et celles du gouvernement aussi. «Le pic est passé», avait tenté de rassurer il y a quelques jours le ministre de la Santé. Et ce n’est pas la première fois que quelques jours plus tard, la propagation du coronavirus lui donne tort. Qui sait, à force de se tromper, peutêtre qu’un jour, les prédictions du gouvernement se réaliseront par hasard ou par coïncidence. Dans tous les cas, nous serions preneurs. 


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