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Ça grève grave le budget

Ces études et autres expertises onéreuses et souvent inutiles


Hassan Bentaleb
Mercredi 16 Septembre 2020

L'heure de la fin de l'abus aura-t-elle sonné ?

Le gouvernement veut réduire les dépenses en matière d’études et d’expertise. Une circulaire du chef du gouvernement promulguée le 9 septembre dernier a appelé les départements ministériels et les établissements publics ainsi que l’ensemble des services de l’Etat à rationaliser les dépenses relatives aux études. Selon cette circulaire, plusieurs secteurs ministériels ont lancé des appels d’offres dans ce sens sans prendre en compte les directives relatives à la gestion des dépenses de fonctionnement mentionnées dans plusieurs notes circulaires, notamment celles concernant la préparation des projets de loi de Finances. Pour encourager une gestion rationnelle de ces dépenses, la circulaire 14/2020 a appelé à une définition précise des objectifs et résultats escomptés de ces dépenses ; à la nécessité d’opérationnaliser et de valoriser les études qui ont été déjà réalisées et enfin de procéder à l’échange d’expériences entre les ministères tout en évitant de reproduire les mêmes études. A ce propos, la circulaire a instauré l’obligation d’une autorisation préalable du chef du gouvernement pour tout appel d’offres concernant ces études. Celui-ci doit donner son aval après consultation d’une commission composée des représentants du ministère des Finances et l’établissement concerné. « Cette décision est tout à fait compréhensible dans un contexte de manque de devises. En effet, nombreuses sont les études qui sont effectuées par les bureaux d’études étrangers à des prix exorbitants. Ceci d’autant plus que beaucoup de ces études sont sans aucune valeur. Souvent, elles sommeillent dans les tiroirs des ministères et des établissements publics sans être consultées ou discutées. Même s’il arrive qu’une étude soit discutée, il est rare qu’elle soit mise en œuvre. Prenez l’exemple du Plan d’urgence en matière d’éducation qui a englouti des dizaines des millions de DH sans grand résultat puisqu’il a été tout simplement abandonné par la suite», nous a indiqué Mohamed Kerkab, professeur-chercheur en économie. Et de poursuivre : « Le hic, c’est que ces études coûtent très cher au budget de l’Etat. Un chiffre du ministère des Finances datant d’il y a trois ans, estime à 5 milliards de DH, le coût des études supporté par les finances publiques. Donc, c’est du pur gaspillage ». Ce coût très élevé trouve son explication, selon notre interlocuteur, dans le fait qu’une grande partie des études sont menées par des bureaux d’études étrangers. « Les bureaux d’études marocains délèguent les appels d’offres à des bureaux étrangers vu le manque d’expertise nationale dans divers secteurs. Il y a un énorme manque au niveau de l’expertise nationale relative au domaine médical, technique, du conseil ou des études économiques. Les bureaux d’études nationaux se contentent souvent des études simples qui ne sont pas lues ». Dans ce sens, notre source remet en cause l’idée de recourir à l’expertise des cadres de l’administration. Selon elle, l’administration marocaine manque d'experts. « Plusieurs experts sont partie à la retraite (professeurs universitaires, cadres, ingénieurs…). La nouvelle génération des cadres administratifs sont en grande partie mal formés et manquent d’expérience et de savoir-faire. Certes ils sont plus diplômés que leurs prédécesseurs, mais leurs compétences sont limitées », nous a-telle précisé. Pourtant, Mohamed Kerkab estime que si la rationalisation des dépenses publiques liées aux études en ces temps de diète est une bonne chose, il pense, néanmoins, qu’elle reste insuffisante. « Si le gouvernement cherche à rationaliser les dépenses, il faut attaquer les vraies niches du gaspillage public, à commencer par les indemnités des ministres, des parlementaires et autres. Il y a également le domaine de l’armement qui engloutit des sommes considérables », nous a-t-il expliqué. Et de conclure : « Le gaspillage des biens publics est partout et il est temps de changer la situation. Mais, il ne faut pas s’attendre à de grands changements. La gestion de la question de l'endettement extérieur en dit long sur cette volonté de mettre un terme au gaspillage de l’argent public ». 


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