Qu’en est-il, cependant, d’un Premier ministre ? Mieux encore, d’un chef de gouvernement tel qu’affublé par les termes mêmes d’une Constitution qu’il a trop de mal à assimiler.
De paisibles citoyens, futurs enseignants ou futurs médecins, sans parler des diplômés chômeurs abonnés à la chose depuis très longtemps déjà, qui se font arranger le portrait dans les règles de l’art d’une répression sans retenue, et le chef en question qui dit ne pas être au courant.
Il sera désavoué, de la manière la plus officielle qui soit, par son ministre de l’Intérieur himself. Hassad a assumé tout en assurant avoir agi après avoir avisé et donc obtenu l’aval du premier. Benkirane, lui, persiste et signe dans le ridicule. Il jure du contraire. On est obligé de le croire. Il a bien juré. Ça devrait suffire.
Il n’en reste pas moins que dans les deux cas en l’espèce, il ne peut se disculper. Si l’on s’en tient à la version du patron de l’Intérieur, Benkirane est plus qu’officiellement responsable des exactions subies par des Marocaines et des Marocains dont le seul tort est d’avoir cherché à faire valoir, de manière paisible et responsable, des revendications qu’ils estiment légitimes.
Si, par contre, on retient sa sienne de version, c’est encore plus grave.
Il y a quelques semaines à peine, pour rappel, le même Benkirane, bombant le torse, le poing levé et d’une voix qu’il voulait stentor, s’est adressé sous l’Hémicyle, au ministre de l’Education nationale, pour dire et redire qu’il est le Chef et que de ce fait, c’est à lui qu’il appartient de prendre les grandes décisions. Là, sur ce coup-ci, il se fait trop petit.
Et, avec tout ça, il veut nous faire croire qu’il n’y est pour rien. Du coup, c’est là un chef qui n’en est pas un et que, donc, il doit avoir l’honnêteté d’assumer en rendant le tablier.
La vérité, c’est que l’on en a plus qu’assez d’un supposé chef qui, quand il ne se cache pas derrière le Roi ou Allah, passe son temps à chercher à riposter dans un langage pour le moins irrespectueux à toutes celles ou à tous ceux qui osent critiquer, quand bien même dans les normes, sa politique ou sa façon de voir les choses.
Pas plus tard que mardi dernier, à la Chambre des conseillers, il nous a donné un piètre aperçu de sa conception du dialogue en s’en prenant de manière pour le moins déplacée à une conseillère qui ne faisait que s’acquitter de son devoir.