
En effet, la pénurie d'eau, accentuée par la succession des années de sécheresse, est devenue un véritable problème qui nécessite une mobilisation collective et l'adoption d'approches prospectives pour y faire face.
Cela implique d'adopter des stratégies et des mesures efficaces pour mieux gérer et utiliser cette ressource vitale, tout en garantissant sa disponibilité pour les besoins actuels et futurs.
Consciente de l’importance d’une gestion optimale du stress hydrique, notamment dans la région de l’Oriental, l’ABH de la Moulouya déploie des efforts soutenus et des initiatives proactives et concertées, en conciliant les stratégies, les priorités et les objectifs en termes de développement et de préservation des ressources hydriques.
Les changements climatiques ont entraîné une succession d’années de sécheresse, et le bassin de la Moulouya en est à sa septième année consécutive de sécheresse, a souligné le Secrétaire général de l’ABH de la Moulouya, Mostafa Bouazza, faisant savoir que durant ces dix derniers mois de l’année hydrologique 2024-2025, le bassin de la Moulouya a connu une amélioration relative des apports hydriques de l’ordre de 145% par rapport à la même période de l’année précédente, mais "nous enregistrons toujours un déficit d’environ 22% par rapport à la moyenne annuelle".
Ce manque affecte négativement les nappes phréatiques, qui dépendent des précipitations pour se renouveler, menaçant ainsi la durabilité de leur exploitation, a-t-il relevé dans un entretien accordé à la MAP, poursuivant qu’à la date actuelle le taux de remplissage des barrages du bassin de la Moulouya est de l’ordre de 43%, contre 24% par rapport à la même période de l’année dernière.
Face à cette crise hydrique, et en application des Hautes Orientations de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, les autorités gouvernementales et les institutions publiques déploient des efforts considérables en terme de développement et de mobilisation des ressources en eau, à travers une série de mesures à caractères urgent et structurant, y compris la réalisation de grands barrages, afin de garantir l'approvisionnement en eau des populations et des différents secteurs économiques, ainsi que l’irrigation des terrains agricoles.
M. Bouazza a souligné, dans ce sens, que plusieurs actions et projets ont été achevés ou en cours de réalisation dans le cadre du Programme national pour l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation 2020-2027, dont l’exécution, l’équipement et l’exploitation de forages d’eau, et la mise en service des stations de pompage “Moulay Ali” et ’’Ouled Settout’’ qui ont permis de sécuriser l’approvisionnement des villes de Nador, Driouch et Berkane, ainsi que des centres qui en relèvent, en eau potable , et ce depuis le mois février 2022, alors que les eaux des retenues des barrages avaient atteint des situations très critiques.
Il s’agit également de la déconnexion des systèmes d’alimentation en eau potable des deux principaux canaux rive droite et rive gauche du barrage Mechraa Hommadi ayant permis d’économiser 40% du volume perdu sous l’effet de l’évaporation, des infiltrations et des prélèvements illicites, ainsi que du renouvellement d’un tronçon de 70 km de la conduite d’alimentation en potable de la ville d’Oujda qui était à l’origine des pannes récurrentes avant sa remise en état, et de l’acquisition d’unités de dessalement d’eau saumâtre notamment au niveau de Nador et Driouch, dont les eaux souterraines sont caractérisées par des salinités élevées.
Pour ce qui est des projets structurants, il a mis l’accent sur la poursuite des travaux de la surélévation du barrage Mohammed V dans la province de Taourirt pour porter sa capacité à environ 1 milliard m³, et des travaux de construction du barrage Targa Ou Madi dans la province de Guercif, d’une capacité de stockage de 287 millions m³.
Il a également rappelé la poursuite des travaux de construction du barrage Béni Aziman dans la province de Driouch, d’une capacité de stockage de 44 millions m³, affirmant que ces importants projets hydrauliques permettront, dès l’achèvement des travaux, prévu courant 2026, d’augmenter considérablement la capacité de stockage des barrages du bassin de Moulouya, puisque l’offre en eau passera d’un peu plus de 790 millions m³ actuellement à environ 2 milliards m³.
M. Bouazza a également souligné que la ville de Nador se prépare à abriter une usine de dessalement d'eau de mer d'envergure, précisant que cette usine aura une capacité de production allant jusqu’à 300 millions m³ par an, destinée à l’irrigation et à l’approvisionnement en eau potable.
Il a, par ailleurs, mis en exergue le rôle capital des comités régional et provincial en matière de gestion rationnelle des ressources hydriques et la programmation par l’Agence, avec ses partenaires, d’une série de campagnes de sensibilisation à l’intention des élèves et des usagers de l’eau pour promouvoir la culture de l’économie d’eau.
"Pour faire face à la raréfaction des ressources en eau, il est également crucial de changer nos comportements et d'adopter des pratiques plus responsables, afin de préserver ces ressources précieuses et d’en garantir la pérennité au profit des générations présentes et futures", a-t-il insisté.