Pour l’heure, changeons de joker et reposons la question. Peut-être que Bassima a changé. Vraiment changé. On peut porter voile et djellaba et défendre la dignité des Marocaines, une dignité qui passe forcément par l’adoption de principes universels. D’accord, la ministre a fait des déclarations fracassantes du genre. «Parfois le mariage de la violée à son violeur ne lui porte pas un réel préjudice». Pas très intelligent de dire après le suicide d’une jeune Larachoise mariée justement à son violeur. Mais bon, ce sont les aléas du direct.
Re-reposons la même question avec la foi du charbonnier. Après trois ans de pouvoir, la ministre de la Famille, celle-là même qui en appelait à l’organisation d’un référendum sur l’avortement dans les cas les plus extrêmes comme le viol ou l’inceste, est-elle «toujours la même sans être vraiment une autre»? Elle n’a pas prononcé une seule idée, pas même une phrase ou un traitre mot dans l’affaire «Chraïbi», le toubib en guerre contre l’avortement clandestin qui a perdu son poste parce qu’il a osé en parler à la télé française. Dans son cas à elle, le silence est d’or.
Son voile est certes plus recherché, presque élégant, mais bon c’est toujours un voile et il a la particularité de cacher toutes les pensées fondées sur l’égalité, la parité, l’émancipation, l’ouverture, la modernité, l’universalité. Soyons justes, tout n’est pas sombre dans le bilan de la ministre. Elle nous a bien concocté une stratégie de l’égalité. Elle l’a appelé «ICRAM». Ça sent l’aumône. Aux larmes citoyennes !