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Au Soudan, les militaires pressés de toutes parts d'instaurer un gouvernement civil


Mardi 16 Avril 2019

Les appels de pays occidentaux à une passation rapide du pouvoir aux civils se sont multipliés depuis l'arrivée au
pouvoir d'Abdel Fattah al-Burhane vendredi


Les militaires au pouvoir sont sous pression des pays occidentaux et des manifestants pour passer rapidement la main à un gouvernement civil au Soudan, où des milliers de protestataires refusent toujours lundi de mettre fin au sit-in devant le QG de l'armée.
La destitution jeudi par l'armée du président Omar el-Béchir et les promesses du Conseil militaire de transition depuis au pouvoir n'ont pas dissuadé les milliers de Soudanais qui campent depuis dix jours devant le siège de l'armée à Khartoum.
L'Alliance pour la liberté et le changement (ALC), fer de lance de la contestation qui secoue le pays depuis décembre, a exhorté dimanche le Conseil militaire, mené par le général Burhane, à transférer "immédiatement" le pouvoir à un gouvernement civil.
L'ALC a également demandé à ce que le gouvernement de transition futur et les forces armées traduisent en justice le président déchu, ainsi que les responsables du puissant service de renseignement (NISS), dont les agents ont mené la répression de la contestation, qui a entraîné la mort de dizaines de personnes.
Les appels de pays occidentaux à une passation rapide du pouvoir aux civils se sont multipliés depuis l'arrivée au pouvoir d'Abdel Fattah al-Burhane vendredi.
Succédant au général Ibn Ouf, resté seulement 24 heures à la tête du Conseil militaire, le nouvel homme fort du Soudan s'est, selon le ministère des Affaires étrangères du pays, "engagé à instaurer un gouvernement entièrement civil", mais sans donner de calendrier.
Dimanche soir, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la Norvège ont appelé les militaires à entamer un dialogue avec toutes les parties du pays pour mener à bien le transfert du pouvoir aux civils.
"Cela doit se faire rapidement et de manière crédible, avec les organisateurs de la contestation, les chefs de l'opposition, des représentants d'organisations civiles et avec toutes personnes de la société civile dont la présence serait justifiée, en incluant des femmes", ont ajouté ces trois pays.
Dans un communiqué conjoint, leurs ambassades ont mis en garde contre l'utilisation de la violence pour disperser les manifestations.
Le ministère des Affaires étrangères soudanais a appelé dimanche la communauté internationale à "soutenir le Conseil militaire de transition" afin de "réaliser une transition démocratique".
Plus tard dans la journée, le Conseil militaire a rencontré différents partis politiques et les a appelés à se mettre "d'accord sur une personnalité indépendante qui deviendrait Premier ministre et sur un gouvernement civil".
"Nous voulons mettre en place un Etat civil basé sur la liberté, la justice et la démocratie", a affirmé un membre du Conseil, le général Yasser al-Ata.
Une délégation de dix représentants des protestataires avait communiqué samedi une série de demandes aux militaires, selon l'ALC.
Plus tard dans la soirée, le porte-parole du Conseil n'avait pas directement répondu aux revendications de la délégation mais avait annoncé la nomination d'un nouveau chef du renseignement.
Parmi les demandes des représentants de la contestation figurait notamment la restructuration du NISS, dont le chef, le redouté Salah Gosh, avait démissionné quelques heures plus tôt.
Samedi, le général Buhrane avait promis "d'éliminer les racines" du régime d'Omar el-Béchir, au pouvoir durant trois décennies. Le Conseil militaire compte toutefois parmi ses dix membres des piliers de ce régime.
Le nouvel homme fort du Soudan s'était également engagé à libérer les manifestants arrêtés ces dernières semaines, mais aussi à lever le couvre-feu nocturne imposé par son prédécesseur ainsi qu'à traduire en justice les personnes impliquées dans la mort de protestataires.
"Il est crucial que les nouvelles autorités soudanaises mènent une enquête sur le rôle de Salah Gosh dans le meurtre de nombreux manifestants", a de son côté souligné Amnesty International.
L'ONG de défense des droits humains a également appelé les militaires à remettre le président déchu à la Cour pénale internationale (CPI).
En 2009, cette cour basée à La Haye avait lancé un mandat d'arrêt contre M. Béchir pour "crimes de guerre" et crimes "contre l'humanité" au Darfour (ouest), ajoutant l'année suivante l'accusation de "génocide".
Depuis 2003, 300.000 personnes sont mortes dans le conflit au Darfour, où les violences ont toutefois baissé d'intensité ces dernières années.
Le conseil militaire a affirmé qu'il refuserait d'extrader M. Béchir ou tout autre citoyen soudanais.
Arrivé au pouvoir par un coup d'Etat en 1989, Omar el-Béchir, 75 ans, a été renversé jeudi par les militaires, près de quatre mois après le début d'un mouvement de contestation inédit qui a fini par s'installer le 6 avril devant le QG de l'armée, pour réclamer le soutien des militaires.
Son départ n'a pas calmé les manifestants, qui réclament justice.
L'Association des professionnels soudanais, composante principale de l'ALC, a réclamé la confiscation des biens du parti du président déchu (le Parti du congrès national, NCP). Dimanche, le Conseil militaire a annoncé avoir mis en place un comité pour recenser ces biens et en prendre le contrôle.


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